Haut-Rhin : Un jury de nez composé d’habitants pour alerter sur les odeurs de la décharge du village
ATMOSPHERE ATMOSPHERE•Un « jury de nez » va être mis en place pour identifier les odeurs et alerter le gestionnaire de la décharge du village de Retzwiller situé dans le sud AlsaceGilles Varela
L'essentiel
- En 2018, le village de Retzwiller dans le Haut-Rhin était qualifié par ses propres habitants du « village qui pue ».
- En cause les odeurs émanant de la décharge de déchets non dangereux située sur la commune.
- Si aujourd’hui la situation s’est radicalement améliorée selon son maire Franck Grandgirard, qu’il ne subsiste que « quelques incidents » mineurs, un « jury de nez » choisi parmi les habitants va être mis en place pour identifier les odeurs et alerter le gestionnaire de la décharge.
Le « village qui pue ». C’est ainsi que ses habitants avaient rebaptisé en 2018 Retzwiller en Alsace, en collant une petite affiche sur le panneau d’entrée de la jolie commune d’à peine 750 habitants située près d’Altkirch dans le Haut-Rhin. Des habitants qui ne supportaient plus les mauvaises odeurs de sa décharge d’enfouissement de déchets non dangereux gérée par Suez. Mais cela, c’est du passé. Aujourd’hui, « c’est, en termes de nuisances, le jour et la nuit par rapport à ce que l’on a connu en 2018 » assure son maire Franck Grandgirard, même « s’il peut y avoir encore quelques incidents. » C’est pourquoi, à l’initiative du gestionnaire du site, un jury de nez, choisis parmi des volontaires habitants le village, mais aussi ceux alentours, va être mis en place.
En 2018, l’affaire de la décharge avait eu un certain retentissement dans la presse, créer des tensions dans le village et la préfecture elle-même était intervenue. En cause, « des travaux de génie civil pour faire le "casier" », comprendre le trou pour stocker les déchets. « Mais il avait tellement plu pendant trois mois qu’ils n’ont pas pu creuser, détaille le maire. Le problème, c’est que le casier était plein, et donc ils ont surstocker un monticule de déchets et forcément du déchet à l’air libre… Puis il a fallu une fois le casier fait, retaper dans du déchet qui avait déjà macéré, un peu en décomposition. On ne voulait plus voir ça dans le village. »
« Faire remonter rapidement les nuisances »
Si aujourd’hui l’édile reconnaît qu’il peut y avoir des couacs, il se félicite surtout de l’écoute du gestionnaire et la mise en place de protocoles et d’astreintes, ce qui permet de faire remonter rapidement les éventuelles nuisances. « On est sur des aléas de fonctionnement, des petites perturbations, comme des coupures électriques. Si cela arrive en week-end, le biogaz n’est plus brûlé, donc il y a l’odeur, mais c’est rare. »
C’est donc avec l’approbation du maire et des habitants qu’un jury de nez va être prochainement mis en place. « C’est quelque chose qui existe sur d’autres sites de Suez, assure Franck Grandgirard. L’idée est d’établir une cartographie des odeurs quand il y a des émanations. Les volontaires, repartis sur la commune, seraient formés pour détecter et de définir assez rapidement le type d’odeur. De distinguer celle du déchet frais, du bio gaz, du jus de lixiviat, un liquide produit par la fermentation des déchets combinés avec de l’eau de pluie. » L’idée, détaille Franck Grangirard, serait que « le jury de nez ait une plateforme et que l’on puisse saisir directement leurs observations sur le site de Suez. Cela permettrait d’avoir une cartographie sur le village, voire ceux alentour, pour agir rapidement le cas échéant. Mais aussi à long terme d’essayer de cerner quels sont les couloirs d’odeurs quand il y en a. Sans oublier de mettre cela en corrélation avec la météo, expertise le maire. Car la pression atmosphérique est un facteur très important dans la circulation des odeurs. » Mais pour analyser tout cela, il faudra encore un peu patienter. Une réunion est prévue la semaine prochaine entre les différents intervenants pour établir la mise en place de ce jury, de nez.