Strasbourg : Avez-vous du gaz radioactif chez vous ? Une campagne lancée par l'ARS pour sensibiliser au radon
SANTE•L’Agence régionale de santé Grand-Est a confié à Atmo Grand-Est une campagne de sensibilisation, de prévention et de mesures du radon dans certaines habitations, un gaz naturel mais dangereux pour la santéGilles Varela
L'essentiel
- Le radon, un gaz naturel, serait responsable en France, selon l’ARS, de 5 à 12 % des cancers du poumon.
- Dans le Grand-Est, les communes de la Vallée de la Bruche, celles (où au moins une partie de leur superficie) présentent des formations géologiques dont les teneurs en uranium sont estimées élevées, font l’objet d’une étude et prochainement d’une campagne de sensibilisation et de prévention du radon dans l’habitat.
Vous ne le savez peut-être pas, mais vous avez peut-être un gaz radioactif chez vous, le radon. D’origine naturelle, il faut tout de même savoir qu’il peut être dangereux et serait même responsable, en France, de 5 à 12 % des cancers du poumon, explique l'Agence régionale de santé (ARS), avec un risque qui augmente sérieusement pour les fumeurs.
De quoi parle-t-on ?
C’est un gaz radioactif incolore et inodore, présent partout à la surface de la planète mais à des concentrations variables selon les régions et la nature du sous-sol, selon sa teneur en uranium. Le radon pénètre dans les espaces clos où il peut se concentrer à des niveaux élevés. Sa concentration dans l’air d’une habitation dépend de la nature du sol, de l’habitation elle-même, du chauffage, de l’aération, de la porosité du sol, de son état, de l’humidité et même de la météo. Bref, autant d’éléments qui vont jouer un rôle dans l’émanation du radon et de sa diffusion.
Quels dangers pour la santé ?
Selon le ministère de la santé, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) le classe comme « cancérigène pulmonaire certain » depuis 1987. C’est en France la deuxième cause de décès du cancer des poumons après le tabac. S’il est présent à des concentrations importantes, le radon domestique peut favoriser la survenue de cancers bronchopulmonaires, notamment si on est exposé à ce gaz pendant une longue période.
Où le trouve-t-on ?
Toutes les communes de l’Hexagone ne sont pas forcément concernées. Celles qui intéressent le plus particulièrement les autorités sanitaires sont classifiées en catégorie 3. Ce sont celles qui, sur au moins une partie de leur superficie, présentent des formations géologiques dont les teneurs en uranium sont estimées élevées. En France, les communes concernées sont situées essentiellement dans le Massif central, en Bretagne, dans les Pyrénées orientales, en Savoie… Une cartographie très détaillée établit par l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), où il suffit de renseigner sa commune, permet aisément de connaître la catégorie dans laquelle elle se trouve.
Dans le Grand-Est, plusieurs zones étendues à un potentiel radon élevé (catégorie 3) existent. La communauté de communes de la Vallée de la Bruche, soit 26 communes, est concernée. Aussi, l’ARS Grand-Est a confié à Atmo Grand-Est une campagne de sensibilisation et de prévention sur ce gaz auprès de la population.
Comment va se dérouler la campagne de mesure dans l’habitat ?
Une campagne expérimentale de mesure du radon dans l’habitat a été mise en place en partenariat entre la collectivité (CCVB), l’ARS Grand-Est et ATMO Grand-Est. Cette action est déployée sur l’ensemble des 26 communes. Cent Ambassadeurs (des élus et personnels des collectivités) ont accepté depuis février d’expérimenter le dispositif avant un déploiement vers le grand public. Chacun s’est vu remettre un kit de deux dosimètres de mesure du radon à installer à son domicile pendant au moins deux mois. Les mesures doivent être prises dans deux pièces différentes. Les résultats de cette campagne seront réalisés dans les semaines à venir et serviront à construire une deuxième campagne à l’automne prochain pour les habitants de la vallée de la Bruche qui voudront s’inscrire.
Comment réduire l’exposition au radon ?
En attendant, pour les plus inquiets, il est possible de réduire l’exposition au radon. Concrètement, ce dernier pénètre essentiellement par les parties basses du bâtiment qui sont en contact ou près du sol. Comme les sous-sols, les caves, les vides sanitaires… Les fissures, les passages de canalisation, les joints, les dalles présentant un défaut, forment l’essentiel des voies d’entrées. Il faut donc principalement améliorer le renouvellement de l’air intérieur. Mais aussi renforcer l’étanchéité entre le sol et le bâtiment : colmatage des fissures et des passages de canalisations à l’aide de colles silicone ou de ciment, poser d’une membrane sur une couche de gravillons recouverte d’une dalle en béton… Et parfois même la mise en dépression des parties basses du bâtiment.