A BICYCLETTELes conducteurs s'opposent aux vélos dans les trams à Strasbourg

Strasbourg : Des conducteurs s'opposent aux vélos dans les trams

A BICYCLETTEAprès avoir été interdits dans les trams strasbourgeois lors du déconfinement en mai, les vélos, sous certaines conditions, y sont à nouveau autorisés depuis le 1er février. Des conducteurs de trams regrettent cette décision et demandent son abandon
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Afin de favoriser les distanciations physiques et la fréquentation du tram, les vélos étaient interdits à bord depuis le 11 mai.
  • Une mesure jugée par certains collectifs comme anti-cycliste.
  • A nouveau autorisée depuis le 1er février sous certaines conditions horaires, des conducteurs de tramway contestent cette décision. Ils demandent son abandon, alors qu’une table ronde sur le sujet avec tous les intervenants et les élus en charge des mobilités à l’Eurométropole est prévue ce mercredi.

La question de la place du vélo dans la vie quotidienne des Strasbourgeois pédale parfois dans la choucroute. Appréciée, jugée incontournable voire indispensable, l’utilisation à tout-va du vélo s’accompagne aussi d’un cortège d’incompréhensions et parfois de tensions : cohabitation difficile avec les piétons ou les voitures, le sujet s’invite à présent dans le tram. Leur présence à bord des rames de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), à nouveau autorisée depuis le 1er février après avoir été interdite dès le11 mai dernier, pose doublement question.

Cette interdiction visait à augmenter la capacité d’accueil dans les rames et ainsi permettre aux voyageurs de maintenir une distanciation physique. Mais ce retour, même sous certaines conditions, divise. Si l’interdiction de monter à bord à vélo avait été interprétée par certaines associations ou collectifs comme anti-cyclistes, cette autorisation «timide» l’est tout autant. Un avis que ne partagent pas du tout des conducteurs de la CTS, formellement opposés à cette décision. Ces derniers y voient « une fausse bonne idée » et souhaitent même l’interdiction totale des vélos dans leurs rames. De quoi augurer des discussions tendues, voire impossibles, lors de la table ronde sur le sujet organisée par l’Eurométropole ce mercredi.

Un coup de pression

Dans une lettre ouverte à l’attention des élus de l’Eurométropole en charges des mobilités ainsi qu’au Conseil d’administration de la CTS, les représentants CFDT rappellent qu’ils avaient déjà « tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs années ». Alertés sur « les problèmes qu’engendrent pour les autres voyageurs » et « l’exploitation sereine des lignes », la présence des vélos dans leurs rames.

Pour étayer leurs propos, les conducteurs ont souhaité faire « remonter les réalités du terrain » en dressant des incivilités récurrentes dont ils ont été témoins ou victime. Comme l’immobilisation de la rame alors qu’ils passent un message pour rappeler les règles aux cyclistes « récalcitrants » ou bien des injures et des doigts d’honneur à leur encontre. Des incivilités récurrentes et nombreuses, sources potentielles aussi de conflits avec les autres usagers, voire de rixes. Comme des montées en roulant, en force parfois, pour accéder à des rames bondées. Les conducteurs ont pu compter jusqu’à 12 bicyclettes en même temps dans une seule rame. A cela s’ajoute des impossibilités de sortir du tramway, certaines portes étant encombrées par des vélos. Sans oublier les deux roues laissés sans surveillance ou sans être arrimés, ou bien encore des cyclistes qui utiliseraient en nombre les rames en cas de pluie, « pour gagner parfois une ou deux stations ».

Une situation « critique et dangereuse »

Un « constat sans appel » dénoncé par les représentants de la CFDT CTS. Une situation « critique et dangereuse » déplorée juste avant la première interdiction en mai. « Interdiction appréciée » des autres usagers, précisent les conducteurs.

Aussi, le syndicat demande l’abandon de la réintroduction des vélos dans le tram, craignant qu’un accès, même avec des plages horaires limitées, ne soit pas respecté et ajoute à la discorde. S’ils saluent le plan vélo qui va être déployé prochainement dans l’Eurométropole, avec notamment l’aménagement de voies cyclables, ils proposent que des vélos, en grand nombre, soient à la disposition des usagers du tram dans les grandes stations d’échange. Plus encore, qu’un lieu pour garer sa bicyclette en toute sécurité y soit créé. Objectif : favoriser le transfert d’un mode de transport à l’autre. Nul doute, les idées vont tourner lors de la table ronde sur le vélo ce mercredi.