Strasbourg : Vers la fin de la « guerre des cinémas » ?
NANARD OU BLOCKBUSTER?•Le projet cinéma Vox-les Halles n’est plus d’actualité, seul celui du MK2 à l’entrée de Schiltigheim, devrait voir le jourGilles Varela
L'essentiel
- Deux projets de cinémas, le transfert du Vox à l’arrière des Halles à Strasbourg et le multiplexe MK2 à Schiltigheim devaient voir le jour dans l’Eurométropole.
- Pourtant bien avancé, le projet strasbourgeois ne se fera pas, a annoncé l’Eurométropole lors de son dernier conseil.
- Un renoncement expliqué par l’Eurométropole par le changement de contexte économique dû à la crise du coronavirus ainsi que le problème de l’implantation de la gare routière, située à l’arrière des Halles.
La question des mobilités et la baisse de fréquentation dans les salles obscures à cause de la crise sanitaire ont eu raison du projet du cinéma Vox prévu à l’arrière des Halles à Strasbourg, en lieu et place de l’actuelle gare routière. Un projet très avancé, porté par la famille Letzgus, fondatrice également des cinémas Stars.
Interpellée sur la question par Jean-Philippe Maurer, conseiller eurométropolitain d’opposition, la vice-présidente de l’Eurométropole en charge du cinéma et de l’audiovisuel, Murielle Fabre, a indiqué vendredi l’abandon du projet des Halles. Une véritable surprise qui inquiète l’opposition qui dénonce un déséquilibre territorial et craint une accélération de la désertification du centre-ville de Strasbourg.
Une question qui divise
Un « abandon » du projet strasbourgeois pas si anodin tant la « guerre des cinémas » a agité les politiques et les porteurs de projets ces dernières années. Pour rappel, deux intentions de cinémas se télescopaient : le projet Vox-les Halles de Strasbourg versus le multiplexe MK2 à l’entrée de Schiltigheim. Chacun, situé à moins de deux kilomètres l’un de l’autre, encouragés ou décriés par des élus, municipaux ou eurométropolitains, bien souvent divisés sur la question. Le tout arbitré un nombre hypothétique de nouveaux spectateurs nécessaire, évalué à 500.000, pour que les deux projets puissent être viables.
Pourtant l’affaire paraissait entendue pour le transfert du Vox aux Halles, jusqu’au débarquement du coronavirus, puis au changement de la majorité municipale et de la métropole. Pour la nouvelle gouvernance écologiste dont la « feuille de route sur les mobilités est clairement définie », le plan de transfert de la gare routière, emplacement ou devait prendre vie le cinéma Vox les Halles est jugé insuffisant pour être poursuivi, sonnant le glas officiellement du projet strasbourgeois. « Il n’y a pas de site approprié pour la création d’une nouvelle gare routière et l’éclater sur plusieurs sites n’est pas pertinent à ce jour », précise Murielle Fabre.
L’Eurométropole n’est pas « que » Strasbourg
Un problème de place que ne connaît pas en revanche le projet MK2, à Schiltigheim. Confirmé par l’élue, il comprendra neuf salles et un nouveau projet architectural. « Il répondra à une demande forte sur un basin de vie bien particulier, » qui voit là « une politique métropolitaine volontariste en termes d’accessibilité culturelle sur tout le territoire de l’Eurométropole » détaille l’élue. Comprendre, l’Eurométropole n’est pas « que » Strasbourg.
Un clap de fin pour le projet cinéma Vox des Halles vécu comme un de coup de « massue supplémentaire donné au centre-ville de Strasbourg » selon Jean-Philippe Vetter, conseiller métropolitain d’opposition. Ce dernier se dit surpris par ce renoncement « alors que personne jusqu’ici ne s’est autant investi pour faire vivre l’arrière des Halles, un point d’entrée de ville resté depuis si longtemps une zone sous exploitée. »
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« Un renoncement culturel qui se double d’un renoncement pour l’instant au transfert de la gare routière, estime Alain Fontanel, autre conseiller métropolitain de l’opposition. Ce qui est totalement contradictoire avec le projet de ZFE ». Et ce dernier n’a pas manqué de rappeler que la gare routière, « c’est 300 bus diesel par jour, qui font des allers-retours au cœur de ville et pose aussi des problèmes de qualité d’air ». Une question d’air, mais pas de fête assurément car la gare routière n’a été jusqu’ici qu’une épine dans le pied de toutes les équipes municipales qui se sont succédées. Un problème, comme un mauvais film.