Strasbourg : Des faucons pèlerins trouvent refuge à la cathédrale et c’est une bonne chose pour les citadins
BIODIVERSITE•Un nichoir pour les faucons pèlerins a été installé par la Fondation de l’Œuvre de Notre Dame à Strasbourg dans la flèche de la cathédraleGilles Varela
L'essentiel
- La Fondation de l’Œuvre de Notre Dame à Strasbourg a construit et installé un nichoir pour les faucons pèlerins.
- Perché dans la flèche de la cathédrale, il permettra à ce rapace de se reproduire, de couver les œufs en toute tranquillité tout en étant protégé.
- La présence du faucon pèlerin va permettre aussi de participer naturellement à la régulation et la dispersion des pigeons.
Des rapaces en plein cœur de Strasbourg qui se reproduisent sur la flèche de la cathédrale ? Possible. Les jeunes Faucons pèlerins sont devenus en effet « urbains », assure la LPO Alsace. Si bien qu’un « super nichoir », fabriqué par les compagnons du devoir de la Fondation de l’Œuvre de Notre Dame, sur les plans et les conseils techniques de la LPO, a été placé sur le sommet de l’édifice religieux. De quoi « permettre une reproduction en toute tranquillité de cette espèce protégée, explique Sébastien Didier, coordinateur du pôle conservation à la LPO. Le faucon pèlerin a trouvé dans les grandes villes un frigo à sa mesure », sourit le spécialiste.
Des faucons pèlerins, il y en aurait en ce moment une dizaine de couples sur l’agglomération Strasbourgeoise. Certains viennent d’Europe du nord passer l’hiver car ils n’y trouvent plus suffisamment de nourriture et puis il y a des sédentaires, comme à Schiltigheim.
Si la décision d’installer un nichoir est avant tout de soutenir la biodiversité urbaine, c’est aussi pour lutter contre la présence massive des pigeons en ville. De quoi ravir bon nombre de citadins qui se plaignent ces derniers temps de leur trop grande présence. « C’est une initiative prise à la fois pour soutenir la biodiversité urbaine, mais aussi pour une régulation et la dispersion naturelle des pigeons, souligne Sébastien Didier. La femelle attrape beaucoup de gros pigeons, moins le mâle qui attrape des petits pigeons et surtout des petits oiseaux. C’est quelque chose qui intéresse beaucoup les industriels, qui nous contactent souvent pour avoir des faucons pèlerins pour protéger leur site des fientes de pigeons. Le faucon ne les fera pas disparaître, mais ça va les réguler. »
Un poste d’observation idéal
Le faucon pèlerins, un rapace très rapide, est l’une des premières espèces protégées en France, dans les années 70. Un peu symbole de la protection de la biodiversité qui a contribué à la découverte des effets néfastes du DDT. Découverte qui avait mené à l’interdiction de ce pesticide et de ces dérivés. Protégés, ils se sont ensuite installés dans les villes, sur les hauts bâtiments, les tours, les pylônes électriques. Sur l’agglomération strasbourgeoise, environ sept nichoirs ont aussi été installés, auxquels s’ajoutent ceux sur des silos à grain.
Pourquoi la cathédrale ? « C’est le point culminant, c’est le haut du frigo », illustre Sébastien Didier. « Les faucons pèlerins sont vraiment des oiseaux qui cherchent des proies hautes, en vol. On est sur le Rhin, le couloir rhénan, alors il y a beaucoup de migrations que ce soit au printemps ou en automne. Donc ils les chassent de jour comme de nuit car ils profitent de l’éclairage urbain, précise Sébastien Didier. C’est le poste d’observation idéal avec pas mal de petites niches où ils peuvent se cacher, où ils sont tranquilles, et une vue sur toute la plaine. » Pour l’heure, les bénévoles qui ont contribué au placement du nichoir espèrent bien voir éclore les premiers œufs des premiers faucons de la cathédrale.