Strasbourg : Pourquoi les trams et bus de certains quartiers sont-ils la cible de projectiles ?
SOCIETE•En attendant que la situation s’améliore, la CTS prend des dispositions pour protéger les passagers et son personnel, notamment sur la ligne B du tramGilles Varela
L'essentiel
- Les violences et les jets de projectiles sur les trams de la ligne B ou de bus dans le secteur de l’Elsau et d’Ostwald se multiplient.
- Après des mises en retrait à la demande de la CGT, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) vient de mettre en place de nouvelles mesures notamment l’arrêt du tram au-delà de la station Elsau à partir de 15 heures, des mesures « susceptibles d’être reconduites au-delà du 2 décembre. »
- Dans le quartier, les habitants se sentent oubliés.
Les jets de projectiles sur le réseau de Compagnie des transport strasbourgeois (CTS) se multiplient, les incivilités et les agressions aussi. Sur la ligne du tram B particulièrement, mais aussi des bus, dans les secteurs de l’Elsau et d’Ostwald. Malgré les déclarations officielles de soutien aux personnels de la CTS, les alertes des syndicats qui exercent leur droit de retrait, les réunions des différents intervenants, de l’Etat à l’Eurométropole et la ville de Strasbourg, force est de constater que la situation ne s’améliore pas. Mais que se passe-t-il le long du réseau de la CTS ? Dans certains quartiers ?
« Plus on en parle partout, plus c’est tentant. Qu’est-ce que ça va être au Nouvel An ? », s’inquiète Nadjib, un lycéen qui prend tous les jours le tram pour se rendre en cours en ville depuis l’Elsau et qui, comme tous les Strasbourgeois, a encore en mémoire les violences urbaines de l’an passé. Un sentiment que partage en partie Daniel Vidot, président de l'Association des résidents du quartier de l’Elsau (Arel). Association qui regroupe près de 180 familles du quartier. « C’est un bis repetita. Il y a un an, on a commencé par les pétards, puis il y avait eu à peu près les mêmes incidents sur le réseau du tram, avant les évènements du Nouvel An. C’est la même chose à présent, depuis une quinzaine de jours. Après un problème de pétards, ce sont les transports en commun. Ça laisse augurer une fin d’année encore difficile. »
Des rénovations urbaines espérées
Le président de l’association pointe surtout l’abandon d’une partie du quartier, dont certaines barres d’immeubles ou d’anciens sites, même si quelques projets (privés) de réhabilitation sont dans les tuyaux. « Peu de commerces, de patrouilles de police » aussi. Même si c’est « un quartier où dans certains endroits il fait bon vivre, l’Elsau a besoin de la rénovation urbaine, et très vite », souligne Daniel Vidot. Une envie que partage l’adjointe à la maire référente du quartier, Hülliya Turan. L’élue rappelle la singularité de ce secteur, sans vouloir minimiser aucunement les agressions et les incivilités auprès du personnel de la CTS. Un quartier qu’elle décrit comme « replié sur lui-même », géographiquement plus petit que les autres, isolé et coincé entre l’Ill, une voie de chemin de fer et une autoroute, avec une entrée. « Un des quartiers qui n’a pas bénéficié par le passé d’aménagements importants au détriment des quartiers ouest de Strasbourg », assure l’élue. Un quartier avec une population jeune et « un taux de chômage fort, de faibles revenus et une pauvre diversité associative. Un quartier où les commerces ont disparu, où il n’y a pas de distributeur de billets ou de boucherie. »
C’est pourquoi, c’est « une priorité pour la nouvelle équipe municipale », assure l’élue. Cette dernière explique vouloir « investir très fortement », notamment à travers le nouveau plan de rénovation urbaine (PRU), la rénovation de l’entrée du quartier, et vouloir « réinvestir dans l’autorité publique au sens positif du terme » : la concertation, le tissu associatif, les habitants. Avec pour seul objectif, réduire les inégalités sociales et territoriales.
En attendant, la CTS a annoncé la fermeture de l’arrêt de l’exploitation du tram B au-delà de la station Elsau après 15 heures et jusqu’au 2 décembre, (sauf mercredi matin) ou bien encore des déviations ou la suppression de dessertes de bus vers Ostwald. Des mesures « susceptibles d’être reconduites au-delà de cette date », précise la CTS. Aucun bus de remplacement n’est prévu. « Une double peine pour les habitants du quartier, déplore Daniel Vidot, qui sont déjà bien isolés et cela juste après le confinement. »