ENERGIELa fin de la géothermie à Strasbourg, ce n’est pas au programme

Strasbourg : La fin de la géothermie, ce n’est pas au programme

ENERGIELa société Fonroche Géothermie qui exploite le site de Reichstett-Vendenheim au nord de Strasbourg revoit sa copie après la succession de mini-séismes ces dernières semaines
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Des microséismes ont été ressentis ces dernières semaines dans l’agglomération strasbourgeoise.
  • Ces derniers évènements sismiques qui inquiètent la population et les autorités, sont le résultat de tests imposés à la société Fonroche Géothermie qui exploite le site de géothermie profonde à Reichstett-Vendenheim.
  • Un nouveau protocole test va être mis en place, ce qui va contribuer à retarder, au moins jusqu’à l’été 2021, une éventuelle exploitation de la centrale.

Voilà maintenant un an que le site de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim est dans la tourmente. Pourtant, la noce s’annonçait belle pour la société Fonroche Géothermie qui exploite le site. Jusqu’à ce 12 novembre 2019, date à laquelle un séisme de 3,2 sur l’échelle de Richter secouait l’agglomération strasbourgeoise. Depuis, ce sont les incertitudes, la mise à l’arrêt de la centrale et les mini-séismes qui rythment la vie de la géothermie au nord de Strasbourg ces dernières semaines. Vous pensez voir des mini-fissures sur votre carrelage et espérez l’arrêt définitif de l’exploitation du site ? Et bien autant le dire tout de suite, la fin de la géothermie dans ce secteur de l’agglomération, ce n’est pas pour demain, bien au contraire.

Même si le protocole de test lancé mi-octobre sous l'autorité de l'Etat est suspendu, à cause des mini-séisme enregistrés ces dernières semaines, un nouveau protocole serait déjà dans les tuyaux. Il ne pourra cependant « pas démarrer avant le début de l’année prochaine et encore, après validation d'un comité d'experts», prédit Fonroche.

« Une situation ubuesque »

Pas vraiment une bonne nouvelle pour l’opérateur et qui suscite même un brin d’incompréhension. Mercredi, le directeur général de la centrale, Jean-Philippe Soulé, sans vouloir se dédouaner, a cependant fléché les tests de traçage lancés mi-octobre 2020. Des tests imposés à la société pour trouver les causes du… premier séisme, celui de 2019. Si Fonroche maintient ne pas en être à l'origine dans le secteur de Strasbourg, la société admet sans problème que les derniers microséismes sont bien liés aux mouvements de roche générés par les tests menés à la centrale. Problème, ils sont, toujours selon l’opérateur, le résultat de ces tests imposés et dont « industriellement, ils n’ont pas besoin. »

La centrale de géothermie de Reichstett-Vendenheim le 18 novembre 2020.
La centrale de géothermie de Reichstett-Vendenheim le 18 novembre 2020. - G. Varela / 20 Minutes

« Nous sommes dans une situation ubuesque, regrette Jean Philippe Soulé. C’est le protocole d'arrêt de l’injection de l’eau qui a provoqué des mouvements sismiques. Il faut maintenir une certaine pression constante dans la faille, sinon elle se déforme, se rétracte et crée des secousses. Nous ne sommes pas du tout dans les conditions d’un fonctionnement normal d’une centrale en activité, où la pression est constante. Nous devons établir un nouveau protocole. »

Pas de problème, les spécialistes sont prêts à revoir leur copie avec pour objectif que l’activité sismique reste sous les seuils de perception humaine. Un nouveau protocole devrait donc être mis en place, avec des paliers de débits d’injection différents, « étape par étape, pour stabiliser la sismicité jusqu’à atteindre les 250 m3 par heure », détaille Jean-Philippe Soulé. Un premier objectif à atteindre, quitte à « allonger les paliers d’injection sur plusieurs semaines, des mois. »

« Dans 50 ans on aura oublié les mois perdus »

Un premier seuil qui sonne tout de même comme une concession pour l’opérateur car pour être aussi rentable que prévu, la centrale doit atteindre les 450 m3 par heure. « Mais ça, c’est pour après, on n’est plus du tout dans cet objectif, soupire Jean Philippe Soulé. Nous sommes pour l’instant dans la compréhension, l'analyse fine de ce qui s’est passé, de définir les nouveaux paliers d'injection et le niveau d’exploitation. Et les choses évolueront car l’eau circule plus facilement dans les failles avec le temps. La perméabilité de la roche s’améliore et on peut gagner en débit. La notion qui est importante, poursuit le directeur, c’est que nous sommes dans des investissements sur 50 ans. Il faut relativiser. A ce moment-là on aura oublié ces mois perdus au lancement. » En attendant, Fonroche ne table pas sur une exploitation du site avant l’été 2021. Largement de quoi voir venir…