Strasbourg : Des traqueurs « invisibles » placés sur des vélos pour dissuader les voleurs
ANTIVOL•L’Eurométropole de Strasbourg, en partenariat avec l’association CADR 67 et le centre de surveillance Sirac, va placer des traqueurs « invisibles » sur les vélos de 500 volontaires afin de dissuader les voleursGilles Varela
L'essentiel
- La ville de Strasbourg met en place, à partir de la mi-juillet, un dispositif de « tracking » dissimulé sur les vélos de 500 volontaires.
- L’objectif est de dissuader les voleurs et donc d’encourager la pratique du vélo, en rassurant les cyclistes, car le vol serait, selon une enquête, un frein à son développement.
- L’expérimentation sera menée pendant un an et pourrait se développer à l’issue.
Pas vu mais pris. Le fléau du vol de vélo à Strasbourg va peut-être dérailler avec un nouveau dispositif mis en place pour lutter contre un sport devenu, semble-t-il, local. Un véritablement frein à son développement car la crainte de voir disparaître son bel engin électrique à 1.500 euros accroché à l’un des 22.000 cerceaux à vélo que compte l’Eurométropole est bien réelle. Selon les chiffres de la police, environ 2.050 plaintes pour vols ont été déposées rien que pour l’année 2017. Et cela ne serait que la partie visible de l’iceberg car selon une enquête de 2018, sur l’ensemble des Strasbourgeois ayant subi un vol de vélo, 65,1 % ne porteraient pas plainte… Le calcul est vite fait : près de 6.000 vélos seraient donc volés chaque année dans l’Eurométropole. Vol d’un soir, revente sur Internet, recel, pièces détachées, le marché est florissant.
500 volontaires sélectionnés
Aussi, un projet depuis longtemps dans les chambres à air de la municipalité va être mis en place, mi-juillet. Un petit traqueur va être placé gratuitement pendant une année sur les vélos de 500 volontaires. L’opération s’appelle « Vigivélo ». L’association de promotion du vélo CADR 67 qui avait mis en ligne un questionnaire pour sélectionner les heureux bénéficiaires a vite croulé sous les demandes. Plus de 2.500 déjà… « C’est le SIRAC [Service de l’information et de la régulation automatique de la circulation] avec qui les discussions ont été menées qui finira par décider quels sont les cyclistes choisis, explique Fabien Masson, le directeur de l’association. Mais les déplacements des utilisateurs ne seront pas tracés, rassure-t-il de suite. Seulement lorsque le vol sera déclaré. »
Le dispositif, développé par la société Anoloc à Schiltigheim est « invisible ». Il peut équiper « n’importe quel type de vélo. Du cargo au VTT en passant par le vieux vélo de ville », précise Fabien Masson. Et c’est bien le plus grand intérêt de ce dispositif car l’idée est avant tout de dissuader les voleurs. « On ne peut pas savoir où sera intégré le traqueur, assure Stéphane Bresson, le directeur d’Anoloc, société spécialisée dans la géolocalisation. Ce n’est pas une pièce rapportée et on peut la mettre où l’on veut, à des endroits très différents. » Résultat, une personne mal intentionnée devra se demander si elle ne sera pas traquée jusque chez elle, ou si elle ne sera pas interpellée par une patrouille de police que le Sirac aura de prévenu.
Un numéro pour lancer le traçage du vélo volé
Concrètement, le traqueur sera associé à une application. Un compte avec un numéro sera donné par l’association CADR 67 à l’utilisateur. Une fois le vol constaté, l’appel à ce numéro lance immédiatement la procédure de traçage par le SIRAC. Reste ensuite à faire une déclaration de vol classique auprès de la police.
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Une bonne nouvelle donc car le nombre de vélos volés devrait s’accentuer si rien n’est fait avec le développement des pistes cyclables –actuellement 700 km – et donc d’adeptes de la bicyclette. Sans oublier l’intention de la ville de doubler (peut-être plus avec la nouvelle maire écologiste fraîchement élue Jeanne Barseghian), la part modale du vélo en 2025 pour atteindre 20 % des déplacements mécanisés d’ici 2030.