Strasbourg : Comment la foire Saint Jean prépare son grand retour
ROULEZ JEUNESSE•Ils n’y croyaient plus, mais les forains de la foire Saint Jean à Strasbourg peuvent, sous certaines conditions, déployer les manèges et ouvrir au public à partir du 1er juilletGilles Varela
L'essentiel
- Après de nombreuses hésitations, crise du coronavirus oblige, querelles d’élus sur l’emplacement et le coût, les forains de la foire Saint Jean de Strasbourg sont autorisés à s’installer sur le terrain du futur parc des expositions, la plateforme Kieffer.
- La foire sera ouverte du 1er au 19 juillet.
- Les mesures sanitaires comme les gestes barrières ne sont encore précisés, mais en attendant, les forains doublent d’efforts pour ouvrir dans une poignée de jour.s
C’est l’une des premières grandes foires foraines en France à reprendre du service. Du coup, elle suscite bien des envies et les procédures sanitaires qu’elle va devoir mettre en place pourraient bien être scrutées de près, pour l’exemple… Après avoir été « en ballottage » sur plusieurs sites, de prises de tête entre élus, pour sa 607e édition, la foire Saint Jean pose ses roues sur le terrain du futur Parc des expositions à Strasbourg. C’est donc aux abords du lycée Kleber et de l’hôtel Hilton qu’il faudra se rendre du 1er au 19 juillet pour déguster des pommes d’amour ou faire le malin au stand de tir à la carabine. Et cela n’était pas gagné car beaucoup, forains comme élus de la ville, étaient persuadés que l’évènement allait aussi tomber à l’eau, faute au coronavirus.
« Plus de 90 % des forains selon Tony Coppier, porte-parole de la foire Saint Jean, n’ont plus travaillé depuis décembre. » Alors, même s’ils doivent se serrer un peu plus qu’à l’habitude faute d’espace pour les 140 manèges et stands attendus, cette reprise est vécue comme un jour de fête. « C’était important, il fallait relancer l’économie de notre profession », confie Tony Coppier.
Côté gestes sanitaires en revanche, c’est encore « un peu » trouble. « Nous n’avons pas eu d’informations précises pour l’instant par la préfecture. La situation change tous les jours en France, alors on va s’adapter et s’appuyer sur le bon sens des forains » assure, un brin étonné par la question, Tony Coppier. Le masque pour le public ne devrait pas être obligatoire dans les allées de la foire. « C’est comme sur la voie publique en centre-ville. Sur les manèges ? On ne sait pas encore. » En revanche, régulièrement entre les tours, les forains comptent « passer un coup » sur les barres de maintien. « Comme pour les poignées des chariots dans les supermarchés » image le forain qui compte sur le sens civique des visiteurs. La jauge des 5.000 visiteurs en même temps ne devrait pas être dépassée. Reste à voir également comment le comptage sera organisé. Côté respect des riverains, pour la tranquillité du lycée Kléber à proximité, établissement qui va accueillir les étudiants dont les concours ont été décalés avec la crise, il n’y aura pas de musique en journée, même le samedi. Sanitaire mais solidaire aussi : pour remercier le personnel soignant, la journée du 1er juillet leur sera gratuite.
La course au temps
Pour l’heure, les équipes de forains sont sur le pont. Dans la poussière et sous une chaleur accablante qui fait fondre par endroits le goudron sous les graviers, ils se faufilent, mesurent, dressent les manèges. Comme le temps presse, ils mettent les bouchées doubles, voire triple. « On ne compte même plus les bouchées, surenchérit Tony Coppier. Mais ce n’est rien, ce qui est important pour nous, c’est de reprendre vie, comme si on ressortait d’un séjour à l’hôpital. »
Certains forains, dont les manèges sont trop loin, ne viendront pas, « transports trop chers. » Pour autant, « le client ne perdra pas au change car un nouveau plateau de grands manèges va les remplacer, se réjouit Tony Coppier. Ça va faire du changement. » Comme dans un jeu de chaises musicales, les manèges viennent d’un peu partout.
Certains arrivent de Belgique (où les foires ne sont pas encore autorisées) pour remplacer ceux coincés à l’autre bout de la France. Reste à savoir à présent si la fréquentation sera au rendez-vous, si Strasbourg est une fête.