BAD BUZZ« Frémissement » du tourisme en Alsace, qui paie l’image de zone rouge

Déconfinement en Alsace : « Cette histoire de zone rouge nous a fait et continue à nous faire du mal », le secteur du tourisme à la relance

BAD BUZZUne opération de communication « de crise » a été lancée pour séduire de nouveau les visiteurs
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Les touristes ne se précipitent pas en Alsace depuis le déconfinement. La région, qui avait accueilli 23 millions de visiteurs en 2019, peine à séduire.
  • Beaucoup d’hôtels sont fermés, les réservations tardent à se concrétiser…
  • Longtemps en zone rouge pendant le confinement, l’Alsace paie-t-elle encore cette image ? Certains le pensent et une opération de communication a été lancée.

Bonne nouvelle pour les touristes. Si vous ne savez pas encore où réserver, sachez qu’il y a encore de la place en Alsace. Sur la route des Vins, à Strasbourg, Colmar, dans les Vosges du Nord… partout ! La région, qui avait séduit 23 millions de visiteurs en 2019 d’après les chiffres de l’agence régionale du tourisme Grand Est, peine désormais à attirer.

« Il y a un léger frémissement ces derniers jours », nuance Marc Lévy, le président d’Alsace destination tourisme (ADT). « Maintenant, quand le téléphone sonne chez les hébergeurs, c’est pour prendre des nouvelles ou réserver. Pendant les mois du confinement, c’était pour annuler. »

« Les gens ont du mal à se projeter »

A Strasbourg, les appels arrivent encore peu dans les hôtels. « Beaucoup d’établissements sont encore fermés, il doit y en avoir une vingtaine sur 150 d’ouverts. Ce n’est pas un hasard, il y a très peu de demandes. Les gens ont du mal à se projeter, rares sont ceux qui réservent avec plus de quinze jours d’avance », précise Pierre Siegel, président du syndicat des hôteliers-restaurateurs dans la capitale du Bas-Rhin.

Lui a décidé d’ouvrir son établissement, le Best Western Monopole Métropole, pour un résultat très décevant… « Je dois être à un taux d’occupation de 12-15 %... En ce moment, même avec un effectif réduit de salariés, je perds près de 10.000 euros par semaine », estime-t-il, en regrettant que la région ait longtemps été synonyme de zone rouge, lorsque le covid-19 circulait plus qu’ailleurs. « D’après les derniers chiffres, on est désormais un des endroits les moins touchés mais j’ai l’impression qu’on traîne cette image… »

« La clientèle locale ne peut pas suffire »

C’est pour s’en défaire que l’ADT a lancé une opération de communication « de crise ». « On va mettre en avant des fiertés locales, détaille Marc Lévy. On en verra les premières expressions dans les journaux de presse quotidienne régionale dès cette semaine puis on s’attaquera notamment à l’Allemagne et à la Belgique. »

La récente réouverture des frontières européennes pourrait faire du bien à une région dont environ un tiers des nuitées étaient dues l’an dernier à la clientèle étrangère (chiffre ADT). « Au déconfinement, il y a eu beaucoup de locaux et de Mosellans qui se sont précipités sur les crêtes vosgiennes, au mont Sainte-Odile ou dans les châteaux », poursuit le directeur de l’agence de développement touristique. « Ça a fait du bien au secteur mais la clientèle locale ne peut pas suffire. Ce sont les gens qui viennent de loin qui génèrent des repas dans les restaurants ou des nuitées. »

« Les gens aiment l’Alsace et vont revenir »

« Cet été, il n’y aura quand même pas de touristes longue distance, comme les Américains ou les Asiatiques », nuance Pierre Siegel, sans se plaindre. Mais avec le souhait que la situation évolue vite dans le bon sens.

Nathalie Birling n’en doute pas. « Les gens aiment l’Alsace et vont revenir », assure la chargée de direction de l’office du tourisme de Mulhouse et de sa région. Le temps où la capitale du Haut-Rhin accueillait l'un des premiers clusters de contamination est révolu. « Tous les indicateurs sont au vert et nos attractions, comme l’écomusée ou le parc du Petit Prince, vont bientôt rouvrir. La vie a repris son cours, on se réjouit d’accueillir nos touristes », insiste-t-elle. « L’été sera animé ! »