Coronavirus dans le Grand-Est : La pression diminue pour la prise en charge des cas graves
ESPOIR•Après un afflux important de patients en soins intensifs, le nombre de cas en réanimation s'est stabilisé depuis vendredi dans le Grand-Est.Charles Montmasson
L'essentiel
- Les autorités sanitaires notent une baisse relative du nombre de patients hospitalisés en réanimation.
- Après avoir été saturés, des services de réanimation constatent une amélioration.
- Pour autant, cette stabilisation reste dépendante du respect des mesures de confinement.
Le plus dur est-il passé dans le Grand-Est ? Il est trop tôt pour en être sûr, mais les chiffres montrent, sinon une nette diminution, au moins un tassement de l’épidémie dans les hôpitaux. Dans l’ensemble de la région, 4.801 personnes étaient hospitalisées lundi, selon Santé publique France. Soit une augmentation de 62 patients en 24 h, et 851 en une semaine. En revanche, le nombre de patients en réanimation ou soins intensifs a diminué trois jours de suite dans le Grand-Est, depuis vendredi. Après un pic à 971, ce nombre est redescendu à 937 patients lundi.
Si cette tendance se confirme, plusieurs hôpitaux, qui ont été mis à rude épreuve cette semaine, retrouveront leur pleine capacité de prise en charge des cas graves. Le nombre de patients s’éloignera alors du nombre maximal de lits de réanimation, 1.211 pour toute la région (selon l’ARS, qui inclut aussi les patients pris en charge pour d’autres pathologies).
« Il ne faut pas pavoiser »
Dimanche, le Haut-Rhin, département le plus touché avec 470 décès dus au Covid-19 à l’hôpital, comptait à lui seul 150 personnes en soins intensifs ou réanimation, pour 1.019 personnes hospitalisées. Trois jours auparavant, elles étaient 161, pour 1.105 patients au total. « Il y a une tendance très nette à la baisse, confirme sur le terrain le docteur Jean-François Cerfon, chef de l’une des équipes de réanimation de l’hôpital de Colmar. Aux urgences, ils sont passés de dix personnes par jour en état de défaillance respiratoire à une. Dans notre unité, nous avons deux lits de réanimation libres quand la semaine dernière, on avait trois demandes pour le même lit dès qu’une place se libérait. » Après être passé à 50, le nombre de places en réanimation a pu être ramené à 40 lits dans cet hôpital.
Attention, si le médecin note « localement, un début de décroissance », il met en garde le public. « Il ne faut pas pavoiser, il y a encore des gens qui sont contaminés et il peut encore y avoir de petits pics, de façon ponctuelle ». Dans l’immédiat, les conditions se sont améliorées : « C’est mieux qu’il y a quelques jours, quand dix malades arrivaient dans notre unité sur 24 h ou 48 h, dans le même état grave, au même stade de la maladie, témoigne le docteur Cerfon. On a aussi acquis de l’expérience face aux atteintes respiratoires extrêmement graves. »
L’importance du confinement
« Maintenant, on aimerait bien voir les malades guérir, souhaite le médecin. Pendant plusieurs jours, ceux qui allaient moins mal étaient transférés ailleurs, ce qui nous a d’ailleurs permis d’accueillir les nouveaux patients. On a envoyé des malades en Suisse, en Allemagne, peut-être que ces services vont nous demander de les reprendre. Car le sevrage se fait par étapes, le temps que les patients retrouvent leur capacité à respirer. Il faut que les gens se refassent une santé, après parfois 21 jours en réanimation, les muscles ont aussi un peu fondu. »
Les signes positifs ne sont qu’un début. A Metz, en Moselle, « grâce aux nombreuses évacuations, la situation dans les services de réanimation est de nouveau sous contrôle », a fait savoir le maire, Dominique Gros, apportant toutefois « une vigilance particulière sur la tension en matière de stocks de médicaments ». Une prudence partagée par l’agence régionale de santé : « Pour espérer maintenir cette tendance à la stabilisation des entrées en réanimation, l’ARS Grand-Est rappelle qu’il faut absolument continuer à observer le respect du confinement et des mesures barrières », a-t-elle souligné lundi.