Coronavirus en Alsace : L’afflux de malades met les hôpitaux sous pression
SANTÉ•L'augmentation du nombre de malades du Covid-19 accentue la charge qui pèse sur les hôpitaux, en particulier dans le Bas-Rhin et dans le Haut-Rhin.Charles Montmasson
«La situation continue de s’aggraver » dans le Grand-Est, avertit l’agence régionale de santé. Lundi, 2.348 personnes étaient hospitalisées dans la région à cause du Covid-19, dont 526 en réanimation. Depuis le début de l’épidémie, 335 personnes sont décédées dans le Grand-Est.
Avec 46 personnes de plus en réanimation en 24 h, la pression sur les hôpitaux continue donc de s’accentuer. Pour y faire face, l’ARS souligne que la capacité d’accueil en réanimation a été doublée, pour un total de 900 lits.
Des places supplémentaires
Au CHU de Strasbourg, sur 140 personnes arrivant aux urgences chaque jour, 80 % sont testées positives au Covid-19, et 40 % de ces dernières doivent être hospitalisées. Pour certaines, en réanimation.
Prévoyant cet afflux, l’hôpital est passé de 80-100 places en réanimation à 163. Un nombre de lits qui montera à 173 ce mardi soir, dont 132 réservés aux patients dépistés positifs. « Il ne faut pas oublier les autres activités du CHU, rappelle Christophe Gautier, le directeur. Nous avons aussi une grosse activité de greffes. »
« Dès qu’un lit se vide, il est occupé »
«Depuis trois semaines, nous sommes en phase de conversion pour faire face à l’épidémie, décrit le directeur du CHU. Il y a quinze jours, nous avions passé commande de respirateurs, qui commencent à être livrés.» Du matériel qui permettrait de monter encore, théoriquement, la capacité en réanimation, ce qui nécessiterait de mobiliser davantage d’effectifs.
Malgré l’effort exceptionnel, les hôpitaux atteignent certaines limites. « Nous avons toujours beaucoup d’admissions, et beaucoup d’admissions qui nécessitent une réanimation, témoigne le docteur Jean-François Cerfon, chef de l’une des équipes de réanimation de l’hôpital de Colmar. Dès qu'un lit se vide, il est occupé. » Ici aussi, la capacité en réanimation avait été augmentée, passant de 30 à 40 lits.
Transferts vers l’Allemagne et la Bretagne
A Colmar, face à cette saturation, « plus d’une quinzaine de malades ont été transférés depuis le début de l’épidémie », indique le Dr Cerfon. Six patients de Mulhouse et Colmar ont encore été évacués ce mardi par un vol militaire vers les hôpitaux de Brest et de Quimper. D’autres avaient été accueillis à Marseille et Toulon, la semaine dernière.
Des patients ont aussi été transportés par hélicoptère vers Nancy, Saint-Dizier ou Verdun. Et depuis ce week-end, des patients sont transférés en Allemagne. Notamment à Mannheim et Fribourg-en-Brisgau (à une trentaine de km de Colmar). « Nous faisons face et nous avons augmenté nos capacités d’accueil mais a on besoin des transferts », convient Christophe Gautier, le directeur du CHU de Strasbourg. Mercredi, un TGV médicalisé doit évacuer 30 patients de Colmar et Mulhouse, où un hôpital militaire a par ailleurs été monté. Un premier malade a été accueilli mardi soir dans cette structure capable de prendre en charge 30 patients en réanimation.
Des cas graves chez les soignants
Face au défi du nombre croissant de malades, les soignants sont en première ligne. « Nous procédons au dépistage systématique de nos personnels dès qu’ils présentent des symptômes. Et s’ils sont positifs, ils repartent directement chez eux. Aucun personnel dépisté positif ne travaille », souligne le directeur du CHU de Strasbourg. Sur 12.500 salariés, 253 ont été testés positifs. Pour l’instant, un cas sévère parmi les soignants a nécessité son passage en réanimation, avant sa guérison. A Colmar, un médecin responsable d'une unité de réanimation se trouvait toujours mardi dans un état préoccupant.
Lundi, on apprenait le décès de trois médecins atteints du coronavirus dans la région Grand-Est : un médecin généraliste en Moselle, un gynécologue obstétricien à Mulhouse et un médecin généraliste à Colmar.