Coronavirus à Strasbourg : « Les gens sont en pleine psychose », témoigne un pharmacien
SANTE•« Il n'y a pas de risque particulier ou d'alerte particulière à Strasbourg », assure pourtant à 20 Minutes Alain Fontanel, premier adjoint au maireGilles Varela et Nils Wilcke
L'essentiel
- Le coronavirus est arrivé en Alsace. Un premier cas a été confirmé à Strasbourg ce mercredi matin.
- « Il n’y a pas de risque particulier ou d’alerte particulière à Strasbourg », assure à « 20 Minutes » Alain Fontanel, premier adjoint au maire.
- Un message nécessaire car « les gens sont en pleine psychose », s’agace un pharmacien strasbourgeois. « 20 Minutes » est allé à la rencontre des pharmaciens de Strasbourg et à la frontière en Allemagne.
Le coronavirus est arrivé en Alsace. Un premier cas a été confirmé à Strasbourg ce mercredi matin. Il s’agit d’un habitant de la capitale alsacienne, âgé de 36 ans et revenu d’un séjour en Lombardie, au nord de l’Italie. Son état n’inspire pas d’inquiétudes, comme l'ont confirmé la préfecture du Bas-Rhin et l'agence régionale de santé cet après-midi.
« Il n’y a pas de risque particulier ou d’alerte particulière à Strasbourg », assure à 20 Minutes Alain Fontanel, premier adjoint au maire. Au niveau de la ville, deux réunions de travail ont été organisées hier soir et ce matin avec les différents services de l’Etat pour coordonner les efforts. « L’objectif, c’est de protéger les personnes fragiles, notamment les enfants et les personnes âgées », explique Alain Fontanel.
Des mesures de précaution
Deux mesures ont été prises à l’issue de ces réunions : « En accord avec l’Education nationale, les familles dont les enfants ont passé des vacances dans des zones à risque, principalement deux régions du nord de l’Italie, la Lombardie et la Vénétie [qui ont connu ces derniers jours une hausse du nombre de cas] sont invitées à rester chez eux », indique Alain Fontanel. Même décision pour les personnels des collectivités amenés à intervenir en milieu scolaire. « Il s’agit de mesures de précaution », insiste l’élu. L'information devrait être relayée aux parents d'élèves par la plateforme numérique de l'Education nationale et par mail. Dans l’immédiat, le rectorat n’a pas pu nous confirmer cette information.
Dans une officine du centre-ville, un père de famille se jette sur le dernier bidon de désinfectant. Le pharmacien s’empresse de relativiser l’inquiétude ambiante. « Il ne faut pas paniquer ». Un message nécessaire car « les gens sont en pleine psychose », dit ce professionnel de santé. Une préparatrice l’interrompt, le téléphone vient encore de sonner. Au bout du fil, une cliente voudrait du gel hydroalcoolique et des lingettes désinfectantes. Ces dernières sont déjà toutes parties, le pharmacien a vendu tout son stock en quelques heures ce matin.
Inquiétudes et ruptures de stocks
L’inquiétude n’épargne pas les quartiers de la ville. Dans une pharmacie du Neuhof, le rush est le même, en particulier sur les masques et les gants. Les gens se ruent dessus depuis lundi et les derniers sont partis ce matin. Pour le moment, ce professionnel est en rupture de stock et n’a plus la possibilité d’en commander. Comme ses confrères, il attend une livraison des distributeurs mais n’a pas d’information sur les délais. Cela ne devrait tarder, selon un message de la présidente de l’ordre national des pharmaciens aux officines. « Ces masques vous parviendront via le réseau des grossistes-répartiteurs dans de très courts délais », est-il écrit dans un mail envoyé ce matin que 20 Minutes s’est procuré.
L’inquiétude est la même dans le Bas-Rhin. « C’est de la folie », témoigne une pharmacienne de Molsheim, une commune située à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg. Elle aussi en rupture de stock, sauf pour le gel hydroalcoolique. Les masques ? Elle n’en a jamais vu la couleur, malgré ses relances au fournisseur. Pour compenser, « les clients ont dévalisé les rayons des huiles essentielles et des cures de probiotiques », des produits censés renforcer les défenses immunitaires et la flore intestinale, mais sans effet contre le coronavirus.
Pour s’approvisionner, des Strasbourgeois passent la frontière et se rendent à Kehl. « On ressent une vraie angoisse chez tout le monde », confie une pharmacienne allemande. Tous nos stocks sont partis en quelques heures et nous ne pouvons même plus passer commande chez nos fournisseurs. Faites passer le message, il n’y a plus rien ! »