COMMERCELes buralistes du Bas-Rhin sont au plus mal face au trafic de cigarettes

Strasbourg: Les buralistes du Bas-Rhin sont au plus mal face au trafic de cigarettes

COMMERCELe ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin rencontrait ce mardi les buralistes bas-Rhinois et de Moselle sur le thème du trafic de cigarettes, de la contrebande, et du manque d’harmonisation de la fiscalité dans l’Union européenne
Gilles Varela

Gilles Varela

Vous n’avez pas rêvé ce mardi matin, si vous passiez le Pont de l’Europe entre Kehl et Strasbourg. Au côté des douaniers, c’est bien le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, qui assistait aux contrôles et aux fouilles. La raison de sa présence, le tabac de contrebande, dont les saisies ont augmenté de façon exponentielle en France, plus précisément de 80 % sur les 9 premiers mois de l’année… Et si le ministre est venu à Strasbourg, c’est bien parce que les débits de tabac du Bas-Rhin sont doublement et particulièrement touchés.

En effet, de l’autre côté de la frontière, les cigarettes sont près de trois fois moins chères. Aussi, les commerçants Strasbourgeois subissent de plein fouet le commerce de fourmi, ces allers-retours quotidiens de l’autre côté de la frontière. « Aujourd’hui on dépanne. Si on vend une cartouche, on est content, regrette Moustapha Hana, propriétaire du café tabac-presse de la Musau à Neudorf. Mais les achats quotidiens se font juste de l’autre côté, à Kehl. Quand j’ai débuté la profession, on n’avait même pas le temps de mettre en rayon ».

Le ministre Gérald Darmanin discutent avec des buralistes. Strasbourg le 8 octobre 2019.
Le ministre Gérald Darmanin discutent avec des buralistes. Strasbourg le 8 octobre 2019.  - G. Varela / 20 Minutes

Autre sujet d’inquiétude, le tram vers Kehl. « C’est bien plus simple de prendre un ticket et d’aller s’acheter une ou deux cartouches en Allemagne, c’est légal », regrette le buraliste, chez qui le ministre s’est rendu par la suite pour rencontrer ses confrères d’Alsace et de Moselle. « Il y en a certains qui font dix fois ça par jour et qui revendent les cigarettes ici. C’est un bon business et ça nous coule », explique un autre buraliste.

Des contrôles à la frontière renforcés

Plus pragmatique, Patrice Soihier, buraliste et président de la chambre syndicale du Bas-Rhin reconnaît avoir « beaucoup d’espoirs » avec le renforcement des contrôles promis par le ministre. Et pas que sur le gros trafic, mais celui qui touche directement les buralistes du coin, le trafic de fourmi. « On met toute notre confiance en lui, Mais rien n’a été chiffré. On est encore dans l’idée, mais il y a des solutions qui vont être apportées prochainement, comme un renfort canin, on est confiant. »

Plus de contrôle, mais aussi une harmonisation de la fiscalité au niveau de l’Union européenne. Gérald Darmanin a rappelé une nouvelle fois sa volonté de faire accepter, lors de la prochaine commission européenne « l’idée que la lutte contre le tabac, c’est une lutte pour la santé publique, pas une question de fiscalité et nous devons avoir une fiscalité commune de tous les pays de l’Union. »

« On a demandé à ce qu’il descende le seuil le nombre de paquets s’il n’y a pas d’harmonisation européenne, explique le buraliste Patrice Soihier. Si cette harmonisation ne se fait pas, il pourrait alors y avoir une baisse du nombre de paquets autorisés pouvant être transportés par les particuliers, a dit le ministre aux professionnels. « Cela pourrait même passer à deux cartouches de cigarettes autorisées, voire aucune » précise Patrice Soihier.

Mais c’est ce discours de contrôles renforcés qui a rassuré Moustapha Hana. « Les contrôles, c’est un bon signe. L’harmonisation, ça va prendre beaucoup de temps. Ou alors il faudrait une zone tampon plus étendue avec un prix commun, mais ça… »