ENERGIEStrasbourg risque-t-elle le black-out avec l’arrêt annoncé de Fessenheim ?

Fermeture de Fessenheim : Strasbourg risque-t-elle le black-out avec l’arrêt annoncé de la centrale ?

ENERGIEL’arrêt de la centrale de Fessenheim programmé en 2020 peut-il avoir des conséquences pour l’approvisionnement en électricité de l’Alsace ?
Nils Wilcke

Nils Wilcke

L'essentiel

  • L’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim a été annoncé, le 22 février 2020 pour le premier réacteur et le 30 juin pour le second, selon la secrétaire d’État à la Transition écologique.
  • La fin de l’exploitation de la centrale génère des inquiétudes, notamment de la part du député du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger.
  • Pour RTE (Réseau de transport d’électricité), responsable de l’accès à une alimentation électrique en France, l’arrêt de Fessenheim a été largement « anticipé ».

L’approvisionnement en électricité de Strasbourg et de l’Alsace pourrait-il être menacé par la fermeture annoncée de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, en 2020 ?

Car cette fois, il semble que l’arrêt définitif de la doyenne des centrales françaises, maintes fois repoussé, soit acté. La fermeture de la plus vieille centrale de France en activité interviendrait le 22 février 2020 pour le premier réacteur et le 30 juin pour le second, a annoncé le 26 septembre la secrétaire d’État à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon.

« Ce sont 1.800 MW d’électricité bas carbone qui vont quitter le territoire »

En dehors des questions sur l'avenir du site et des emplois générés par l’activité de la centrale, « ce sont 1.800 MW d’électricité bas carbone [deux réacteurs de 900 MW] qui vont quitter le territoire », s’inquiète le député du Haut Rhin, Raphaël Schellenberger (LR). L’élu alerte depuis plusieurs années à propos des risques encourus pour la sécurité énergétique, selon lui, par l’arrêt de Fessenheim. Du côté de RTE (Réseau de transport d’électricité), gestionnaire de réseau et responsable de l’accès à une alimentation électrique en France, on explique que la fermeture de Fessenheim est « anticipée » depuis 2014. 42 millions d’euros ont été investis pour « adapter le réseau alsacien » dans la perspective de l’arrêt de la centrale. « La situation électrique de l’Alsace sera une situation courante », insiste le groupe.

Pour le député Raphaël Schellenberger, il faut raisonner en termes d’échelle. « Le problème se pose plutôt dans cinq ans, selon ce dernier. Tous les réacteurs de la plaine du Rhin seront arrêtés, y compris côté allemand. Nous allons devenir l’une des régions les plus industrialisées sans produire d’électricité ». Chez RTE, on modère l’importance de la centrale pour l’approvisionnement de l’Alsace. « Bien sûr, une partie de la production de la centrale concerne la région mais la plus grande partie est plutôt destinée à la Bourgogne-Franche-Comté ».

« Strasbourg ne va pas être plongée dans le noir »

Comment l’Alsace est-elle fournie en électricité ? Le territoire est alimenté par un « réseau dense et interconnecté » avec les régions et les pays limitrophes, explique RTE. On compte ainsi trois lignes de 400.000 volts qui arrivent de Lorraine et une ligne de 400.000 volts de Franche-Comté, ainsi que deux lignes de 400.000 volts d’Allemagne et deux de Suisse. Ces lignes sont les « autoroutes de l’électricité », selon le groupe. Chacune d’entre elles est raccordée à quatre principaux postes de transformation, situés dans les agglomérations de Strasbourg, Sélestat, Colmar et Mulhouse.

Ce sont ces postes qui ont pour rôle d’abaisser la tension pour que l’électricité puisse ensuite circuler sur le réseau de lignes à 225.000 et 63.000 volts. De quoi assurer le maintient du service pour le territoire ? « Strasbourg ne va pas être plongée dans le noir, répond à 20 Minutes le groupe Electricité de Strasbourg, l’unique entreprise locale de distribution. Nous ne nous faisons pas de soucis de notre côté ». RTE se veut rassurant. « Nous avons compris que l’arrêt de la centrale de Fessenheim générait des inquiétudes pour l’Alsace mais tous nos tests démontrent que le réseau est en capacité d’assurer sa mission, y compris dans les hypothèses les plus contraignantes ».

Autrement dit, même en situations de consommation très fortes, par exemple pendant l’hiver, RTE assure qu’il n’y aura « aucune difficulté liée à l’absence de production d’électricité par la centrale de Fessenheim ».