RAS-LE-BOLDes travaux dans le parc locatif social créent des tensions à Strasbourg

Strasbourg: Des travaux de réhabilitation du parc locatif social créent des tensions chez des habitants

RAS-LE-BOLAprès deux mois de gros travaux, des locataires d'un immeuble du parc locatif social de Strasbourg n'en peuvent plus. Ils réclament six mois de loyer gratuits
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Orphéa, l'un des principaux bailleurs sociaux de l'Eurométropole de Strasbourg, a lancé un vaste chantier de réhabilitation de logements dans le quartier de l'Esplanade.
  • Les travaux ont commencé début juin dans des immeubles et certains habitants en sont mécontents. Ils se plaignent du bruit et surtout de la mauvaise qualité des réalisations.
  • Ils réclament notamment six mois de loyers gratuits. Ophéa n'a pas encore répondu à leur lettre recommandée. Mais aucune réduction de loyer n'est prévue, annonce le directeur du pôle et patrimoine chez le baileur social, qui prône le dialogue.

Dès l’entrée de son immeuble situé au 9, rue de Palerme à Strasbourg, cette résidente s’exaspère. « Et là, vous voyez le parking ? Les ouvriers ont posé tout leur matériel sans rien demander et ça nous enlève des places. Et vous n’avez pas encore vu l’intérieur… » Deux mois que ça dure. Depuis début juin, une vaste opération de réhabilitation a débuté dans le quartier de l’Esplanade. Au total, 743 logements vont être rénovés par Ophéa, le nouveau nom de Cus Habitat.

« Tout avait été construit entre 1962 et 1964 et un peu réhabilité en 1990 mais depuis, il n’y avait rien eu de cette ampleur », détaille Julien Mattei, directeur du pôle et patrimoine chez le bailleur social. « Ce sont des travaux très importants. On va rénover l’ensemble des salles de bains, des toilettes, l’électricité. Et on va diminuer de 53 % la consommation énergétique de ces logements. » Coût de l’opération : « 50 millions d’euros, ce qui représente une moyenne de 68.000 euros par habitation. »

« Si on avait su, on n’aurait jamais dit oui »

Ces chiffres, les locataires les connaissent depuis le départ, autant que leurs futures augmentations de loyers, de l’ordre de « 20 à 40 euros par mois ». Tous avaient été consultés et un accord collectif avait été signé. « Mais si on avait su, on n’aurait jamais dit oui. Ça ne ressemble pas du tout à ce qu’on avait vu dans le logement témoin », regrettent aujourd’hui certains. Exaspérés par le bruit et surtout la qualité des réalisations, 12 des 14 locataires du 9, rue de Palerme ont signé une pétition et envoyé le 30 juillet une lettre recommandée à Philippe Bies, le président d’Ophéa.

Dans celle-ci, ils listent les « mésaventures » subies depuis le début des travaux : inondations dans les logements et les caves, dégradation de la décoration murale, sols et appareils électroménagers abîmés… Ils pointent aussi des « nuisances sonores ou matérielles quasi insupportables qui ont eu impact sur [leur] vie quotidienne. » En conséquence, ils demandent « six mois de loyers ou la prise en charge intégrale de la décoration des appartements et des murs. »

« Aucune réduction de loyer n’est prévue »

Aujourd’hui, aucune réponse à ce sujet ne leur a été formulée. « On va le faire mais sachez qu’aucune réduction de loyer n’est prévue. Ce n’est jamais le cas quand il y a des travaux qui ont été prévus dans des accords collectifs », assure Julien Mattei, qui espère résoudre cette affaire différemment. « On va rencontrer individuellement les locataires, prendre conscience de leurs demandes et trouver des réponses », annonce-t-il.

Un discours positif, assez similaire à celui de Bouygues, qui réalise les travaux. « S’il y a des réserves sur certains points, on les reprendra », indique-t-on. « Et de toute façon, il y aura une réception à la fin des travaux pour vérifier que tout est conforme. » Soit d’ici quelques mois. Au 9, rue de Palerme, le chantier pourrait durer jusqu’en janvier.