TOURISMEExporter le marché de Noël de Strasbourg à New-York, une bonne affaire?

Strasbourg: A qui va profiter l'exportation du marché de Noël à New-York?

TOURISMEL'opération fait grincer des dents au conseil municipal
Nils Wilcke

Nils Wilcke

L'essentiel

  • Le conseil municipal a approuvé le 24 juin une délibération pour exporter le marché de Noël à Strasbourg.
  • La délibération fait grincer des dents les élus écolos de Strasbourg. L’adjoint Alain Jund dénonce une « décision de gabegie au nom de l’attractivité ».
  • La ville met en avant les retombées médiatiques et économiques pour justifier le coût de l’opération.

L’exportation du marché de Noël de Strasbourg à l’étranger est-elle vraiment une bonne opportunité pour la ville ? La question s’est invitée au dernier conseil municipal. Après être passé par Tokyo, Moscou, Pékin, Taipei et Séoul, cette manifestation emblématique devrait poser ses valises en décembre prochain à New-York, aux États-Unis.

Le conseil municipal a approuvé le 24 juin une délibération visant à attribuer une subvention à l’office de tourisme de Strasbourg pour financer le projet. Un versement de 66.660 euros a été voté en ce sens. L’Eurométropole, elle, versera 133.340 euros.

« Overdose du marché de Noël »

Mais les promoteurs du projet n’ont réuni qu’une partie des fonds. Sur les 1,4 million nécessaires pour monter cette opération, seuls un million d’euros ont été trouvés. La ville envisage par conséquent de lancer une souscription populaire pour engranger des fonds. « 400.000 euros ont déjà été levés auprès de partenaires privés », assure l’adjoint au maire en charge du tourisme Paul Meyer.

Une opération qui ne passe pas chez les écolos strasbourgeois. L’élu Alain Jund dénonce sur Facebook une « décision de gabegie au nom de l’attractivité ». « Les habitants de Strasbourg et de l’Eurometropole commencent à ressentir une overdose du marché de Noël », ajoute-t-il.

L’argument fait bondir Paul Meyer, l’adjoint au maire en charge du tourisme. « C’est vraiment de la posture politicienne, il y a d’autres moyens de faire de l’écologie », réagit l’élu. « On a la chance d’avoir un marché de Noël dont l’authenticité est reconnue dans le monde entier, poursuit-il. On va pouvoir envoyer des artisans et commerçants alsaciens à New-York qui n’auraient jamais pu avoir cette opportunité autrement ».

« Le marché de Noël est un prétexte »

Antoine Splet, élu communiste à l’Eurométropole, vote systématiquement contre ce type de projets. « Je m’interroge sur les retombées réelles de ces subventions pour les habitants », indique l’élu, pour qui « les montants versés par les collectivités permettraient de changer concrètement la vie des Strasbourgeois ».

La ville met en avant des « retombées médiatiques » avec « des reportages de grandes chaînes de TV françaises et nationales des pays hôtes ». Les retours sur investissements sont également d’ordre économique avec un chiffre d’affaires réalisé par l’office du tourisme de Strasbourg et les commerçants associés qui s’élèverait à « plusieurs centaines de milliers d’euros ».

Derrière cette querelle politicienne se cache surtout la question des choix pour Strasbourg en matière de rayonnement extérieur. « La majorité croit dur comme fer à la théorie du ruissellement. Or ces opérations censées accroître l’attractivité de la ville ne touchent que très peu les habitants au final », déplore l’élu Antoine Splet.

« Les Américains représentent la première clientèle lointaine en Alsace, répond l’adjoint Paul Meyer. Ils rentrent pile dans notre stratégie de recrutement. Le marché de Noël est un prétexte pour faire venir les touristes plus longtemps tout au long de l’année ».