Strasbourg: Le tram frôle l'école, des parents ont «peur pour leurs enfants»
SECURITE•Un collectif de parents d'élèves de l'école élémentaire Adler, à Strasbourg, soutenu par des enseignants, s'inquiète pour la sécurité des élèves face à l'arrivée du tram pile devant l'écoleNils Wilcke
L'essentiel
- Un collectif de parents d'élèves de l'école élémentaire Adler, à Strasbourg a déposé ce mardi à la préfecture du Bas-Rhin un préavis de manifestation pour le 3 juillet prochain.
- En cause, une traversée piétonne située sur la nouvelle extension de la ligne E du tram, lancée par la compagnie de transports strasbourgeois (CTS) et la ville de Strasbourg la semaine dernière.
- La CTS et la ville de Strasbourg se disent conscientes du problème et proposent des solutions tout en expliquant qu'il faut « un temps d'adaptation » aux habitants.
Ils sont inquiets et en colère. Un collectif de parents d’élèves de l’école élémentaire Adler, dans le secteur de la Robertsau, à Strasbourg a déposé ce mardi à la préfecture du Bas-Rhin un préavis de manifestation pour le 3 juillet prochain. Objectif, « mettre la pression sur la mairie » afin qu’elle sécurise la traversée piétonne située entre l’école et la rue Amélie de Berckheim, explique Frédérique Husson-Kuhn, représentante de l’association des parents d’élèves indépendante de la Robertsau (APEIR).
L’objet de leur courroux ? L'extension du tram de la ligne E, lancée à grand renfort de publicité par la ville de Strasbourg et la compagnie de transports strasbourgeois (CTS) la semaine dernière et qui frôle de quelques mètres le grillage de l’arrière de l’école élémentaire et maternelle Adler. « Nous avions déjà fait part de nos craintes lors des ateliers de concertation organisés par la ville en avril. On nous avait promis que les enfants seraient sensibilisés aux dangers de ce passage piéton et une sécurisation du périmètre, et puis plus rien », indique Imène Sfassi, présidente de l’APEIR.
« Deux de mes élèves ont failli être percutés par le tram »
L’arrivée du tram a bouleversé les habitudes de cette école en bordure de Strasbourg. « J’ai eu des grosses frayeurs la semaine passée. Deux de mes élèves ont failli être percutés par le tram », témoigne une enseignante à la pause de midi. « Ils ont de 8 à 10 ans, à cet âge, ils sont encore souvent dans leur monde. Qu’est ce qu’on attend pour agir, un drame ? », se demande-t-elle. Nous avons recueilli plusieurs témoignages de ce type auprès de parents d’élèves. « On est très inquiets, nous avons peur pour nos enfants », résume une grand-mère qui attend ses petits-enfants devant les grilles de l’école.
A l’inquiétude pour leurs petits élèves s’ajoute pour des membres de l’équipe éducative de l’école le sentiment d’une dégradation de leurs conditions de travail depuis la mise en service du tram. Bruit, vrombissements, signal d’alarme… « On ne peut plus ouvrir les fenêtres pour aérer les salles comme cela nous est demandé par la direction car les enfants se plaignent du bruit à chaque passage », confie une enseignante. « En période de canicule, au premier étage, on souffre à la fois du bruit et de la chaleur, c’est très difficile », souffle l'une de ses collègues, visiblement éprouvée.
« Il faut un temps d’adaptation »
A cela s’ajoute l’impression que le tram accélère en arrivant juste avant l’école. « Il roule bien trop vite », lance un parent d’élève. « Il n’y a pas d’accélération, affirme la CTS. C’est ce que l’on appelle l’effet gyroscopique, une sensation liée au virage que prend le trajet de la ligne ». La compagnie se dit par ailleurs consciente du problème. « D’expérience, quand le tram arrive dans un quartier, il faut un temps d’adaptation », ajoute-t-elle.
La sécurité des enfants est-elle pour autant assurée ? « Les conducteurs sont habitués mais nous avons passé des consignes de vigilance accrue aux horaires de passage devant l’école », affirme aussi la CTS. La compagnie met toutefois en garde les parents. « Un tram, cela reste un moyen de transport important, avec les dangers que cela représente », reconnaît-elle, tout en renvoyant la balle à la ville : « Il y a probablement un accompagnement accru à la sensibilisation au tram à mener. »
La ville de Strasbourg semble avoir reçu le message. « Nous allons faire en sorte de poursuivre la sensibilisation auprès des enfants et redemander une présence policière devant le passage aux heures de début et de fin de l’école », indique à 20 Minutes Françoise Buffet, adjointe au maire de Strasbourg en charge de l’éducation. Par ailleurs, l’élue annonce « une signalétique amplifiée pour que les enfants soient mieux prévenus ». Cela suffira-t-il à rassurer les parents d’élèves et les professeurs concernés ?