Strasbourg: Insécurité dans les transports en commun, de nouvelles mesures d'urgence
TRANSPORTS•Les syndicats de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) dénoncent l’augmentation importante des agressions, des incivilités et des rixes sur le réseau, la direction propose les premières mesuresGilles Varela
L'essentiel
- Une intersyndicale de la CTS dénonce l’augmentation importante des agressions, des incivilités et des rixes sur le réseau.
- Les syndicats, après une première grève le 26 avril dernier, demandent de l’aide à la fois de leur direction mais aussi des autorités et des forces de l’ordre.
- Les premières mesures d’urgence, comme des caméras piéton pour les agents de contrôle ou le renforcement des contrôles dans les bus sont prévus.
Ils l’assurent, chiffres à l’appui. Les agressions, les incivilités augmentent de façon exponentielle dans les bus et les trams de l’Eurométropole de Strasbourg. Ils, ce sont les syndicats du réseau de la CTS qui, après une grève le 26 avril dernier pour dénoncer ces problèmes, ont à nouveau alerté les élus, leur direction et les autorités.
Car force est de constater que les chiffres sont alarmants. Dans un communiqué en date du 21 mai, l’intersyndicale de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) précise que les incidents « sérieux » concernant les voyageurs et le personnel, comme les agressions, les menaces de mort, les crachats, ou même des rixes entre clients, sont passées de 283 par an à 331 en quatre ans.
« Les contrôles dans les bus vont doubler »
Aussi, les premières mesures pour sécuriser les transports viennent d’être proposées et prises par la direction de la CTS. « Les agents de contrôles, proportionnellement les plus agressés, vont bénéficier de caméras piéton, promet Jean-Philippe Lally, directeur de la CTS. Même si tous les bus et les trams sont équipés de caméras, il arrive parfois que des agressions sur les agents se fassent à l’extérieur, sur le quai. Ils pourront ainsi déclencher la caméra dès que la situation se complique », détaille Jean-Philippe Lally. Un dispositif « qui pour l’instant, rencontre encore un problème légal, explique Angelo Minafra, délégué syndical CGT à la CTS. C’est en discussion et nous attendons beaucoup d’une rencontre prévue dans les prochains jours avec le préfet et les autorités. Mais cela va dans le bon sens, il y a une vraie prise de conscience de la situation. »
Autre mesure attendue par les syndicats, le rétablissement massif du contrôle dans le bus. « Les contrôles dans les bus vont doubler, il y aura une présence plus importante des agents de contrôles, plus de visibilité. Cela épaulera le conducteur, assure Jean-Philippe Lally. Les contrôles ont déjà été intensifiés ces dernières semaines et nous devons attendre un peu pour savoir si cela a produit des effets. » Autre levier sur lequel la direction compte agir : la réaffectation des équipes d’intervention pour sécuriser les clients et les personnels. « La priorité est donnée à ces équipes pour intervenir immédiatement lors d’une situation difficile. »
Augmentation des rixes entre clients
Pointé également par l’intersyndicale, l’insécurité des premiers trams au départ de Kehl les samedis et dimanches matins. Ils demandent une présence policière pour les sécuriser. « Des rames entières de fêtards alcoolisés font régner le désordre depuis des mois », expliquent les syndicats. A Kehl, la police allemande se déplace régulièrement depuis notre intervention. Au pont du Rhin, côté français, nous attendons encore que les responsables des forces de l’ordre prennent leurs responsabilités », dénonce l’intersyndicale.
Car ce qui est nouveau et inquiétant, c’est bien les rixes entre clients dont le nombre a « explosé » assurent les syndicats. Si « les incivilités et incidents mineurs sont passées de 2.035 par an à 5.160 par an entre 2012 et 2018 », on note surtout que « les rixes ont fortement progressé ces derniers mois. »
Alertée, la direction confirme ces difficultés auxquelles elle n’a pas forcément de réponse. « Certains problèmes sont bien identifiés, mais on ne peut pas toujours, pour des raisons de moyens mais aussi de par nos prérogatives, apporter seul des solutions », concède Jean-Philippe Lally. « On a mis en place un suivi des agents de sécurité, mais on peut être dépassé selon certaines situations. Les chiffres sont ceux qu’ils sont, alarmant. Mais il faut des réponses qui vont dans le bon sens et réalisables. Cela reflète un paysage de tensions, d’insécurité sur la place publique, nous sommes un espace public, et cela n’est pas forcément de notre ressort. »
Après une première rencontre avec Robert Herrmann, président de I’Eurométrople et chargé de la police municipale, l’intersyndicale rencontrera prochainement Jean-Luc Marx, préfet de la région Grand Est.