ENVIE PRESSANTEY a-t-il un réel problème de toilettes publiques à Strasbourg?

Strasbourg: Y a-t-il un réel problème de toilettes publiques dans la ville?

ENVIE PRESSANTEUne action a récemment demandé l'implantation de nouvelles toilettes publiques
Alexia Ighirri

Alexia Ighirri

L'essentiel

  • Une action a récemment demandé plus de toilettes publiques à Strasbourg. La capitale alsacienne en compte 15 dont 5 dans son centre-ville. C’est moins que dans la plupart des autres grandes villes de France.
  • A l’Eurométropole de Strasbourg, on rappelle qu’« historiquement, ces toilettes avaient pour vocation de répondre à l’impératif touristique ».
  • La collectivité est aussi confrontée à une autre difficulté pour le centre historique strasbourgeois : celle de devoir obtenir une autorisation de l’architecte des bâtiments de France.

On aurait tendance à vous dire que le sujet est idéal pour occuper une pause-pipi. Et pour cause : on parle ici de toilettes publiques. Le sujet a été remis sur la table à Strasbourg par une action il y a quelques jours au square Louise-Weiss. Soutenus par Paul Meyer, adjoint du quartier Centre-Gare, des parents ont demandé l’installation de toilettes publiques aux abords de ce petit parc strasbourgeois. « C’est une demande formulée depuis quatre ans. Aux beaux jours, certains enfants sont obligés de rentrer chez eux au lieu de rester plus longtemps jouer à cause d’envies pressantes », explique Paul Meyer, soulignant que cette question revient souvent, notamment dans les conseils d’école.

« Ces toilettes nous sont promises depuis deux ans, on a réfléchi un format avec l’Eurométropole de Strasbourg mais le projet a été à chaque fois finalement repoussé, accuse l’élu. On espère avoir enfin une solution avant cet été. » La question de propreté urbaine est plus large selon lui, face à un problème de pipis sauvages ou de sollicitations nombreuses chez les restaurateurs. « Il est inconcevable qu’on n’en ait pas partout. »

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Il est vrai que le sujet n’est pas totalement nouveau. En 2012 déjà, une carte des «rues pipi» dans le centre-ville strasbourgeois avait été éditée. Toujours disponible en ligne, elle avait repéré 20 ruelles « propices à uriner avec un minimum d’intimité de jour comme de nuit ».

Cinq toilettes publiques au centre-ville

Revenons aux toilettes publiques : Strasbourg en compte 15, gardiennées, dont 5 au centre-ville ouvertes tous les jours de 7h à 20h, sur les sites Vauban, Faubourg National, Kléber, Château et Etoile (où un WC automatique fonctionne après 20h, c’est le seul). « Les autres sont dans certains parcs de la ville, à Citadelle, au Jardin des deux-rives et deux à l’Orangerie, et sont surtout utilisées en journée. Et puis il y a des toilettes mobiles pour les marchés et ceux des parkings », liste Françoise Bey. La vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de la propreté rappelle qu’« historiquement, ces toilettes avaient pour vocation de répondre à l’impératif touristique ».

Mais l’élue sait que l’offre est limitée : « On a remis le dossier à plat : on s’est aperçu qu’il y avait un problème d’accessibilité aux personnes handicapées. Et il y a la question de l’ouverture du soir, parce que les touristes sont là après 20h ».

Un groupe de travail intercommunal

A quoi il faut ajouter une autre difficulté, selon Françoise Bey : la nécessité, dans certains cas, d’obtenir l’autorisation de l’architecte des bâtiments de France (ABF), la Grande-Ile de Strasbourg étant inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Reprenons alors l’exemple du projet de toilettes publiques du square Louise-Weiss : « C’était prévu en début d’année, mais il a été retoqué par l’ABF. Il faut revoir notre copie. »

A la suite de ces demandes, « assez récurrentes », des villes, l’Eurométropole va travailler sur un schéma directeur en s’appuyant sur un groupe de travail intercommunal pour mieux mailler le territoire. Un appel à volontaires doit être prochainement lancé. La priorité pour la collectivité, selon sa vice-présidente qui souhaite conserver la gratuité du service : remplacer les WC mobiles des marchés. C’est en cours pour Illkirch ou pour la place Maurois à Hautepierre.

Un coup d’œil dans les autres grandes villes

Strasbourg est-elle plus mal lotie que les autres grandes villes de France ? 20 Minutes s’est renseigné et vous propose un petit comparatif (hors Paris et ses quelque 400 sanisettes) :

  • A Montpellier, avant 2014, il y avait une seule toilette publique sur toute la ville ! Depuis elles se multiplient et il y en aura 31 d'ici 2020, selon la mairie.
  • A Nantes, contre les « pipis sauvages », des uritrottoirs sont utilisées depuis près de deux ans dans le centre-ville. Mardi a par ailleurs été annoncée l’installation d’ici à un an de nouveaux sanitaires gratuits ouverts 24h/24, ainsi que trois nouveaux uritrottoirs dans les mêmes délais.
  • A Bordeaux, en 2015, les 46 toilettes publiques de la ville ont été remplacées. Cinq par an ont été ajoutées depuis, le total avoisine désormais les 60 toilettes publiques.
  • A Toulouse : Selon des chiffres récents, les Toulousains disposent de 63 sanisettes publiques, dont 24 dans l’hypercentre.
  • A Nice, la ville compte 11 toilettes publiques (dont deux saisonniers et cinq équipées de douches) et 10 sanitaires automatiques.
  • A Marseille, l’installation de nouvelles toilettes publiques se fait attendre pour venir augmenter l’offre actuelle de 18 toilettes publiques, cependant par toutes en état d'accueillir le public.
  • A Rennes, en 2015, la ville comptait déjà 83 toilettes publiques. Le chiffre a peut-être un peu évolué depuis, mais à la marge.