Si la tendance du «GPS drawing » date d’il y a quelques mois, l’Alsace n’avait pas encore son œuvre massive. C’est désormais le cas, grâce à un jeune Youtubeur alsacien du domaine sportif, Antoine Psea. Vous l’avez sans doute vu passer, tant la performance du Youtubeur alsacien a été relayée.

Selon notre analyse, il y a deux principales raisons à ce succès :
1) Le jeune homme s’est quand même farci 51 kilomètres de course pour dessiner la cigogne (et accessoirement, écrire « Strasbourg » autour du cou de cette dernière)
2) Un Alsacien opte pour une cigogne. Le cliché fonctionne toujours. Et c’est ce qui va nous intéresser.

« C’est le symbole »

Strasbourg, « capitale du patriotisme », nous a même glissés l’un de nos amis parisiens en voyant le résultat, confiant toutefois « adoré cela » et avoir « beaucoup ri ».

S’il est vrai qu’il est plus facile de dessiner une cigogne qu’une choucroute garnie (et paf deuxième cliché), pourquoi le coureur a-t-il opté pour l’échassier quand son modèle -une triathlète- a dessiné un requin à Paris ? « Je n’ai pas trop compris le délire du requin. Je ne sais pas moi j’aurai dessiné la tête de Cavani, Mbappé… Pourquoi un requin ? C’est pour ça que moi, comme je suis à Strasbourg, je me suis dit pourquoi pas dessiner une cigogne ! (…) C’est le symbole de Strasbourg. »

Le jeune homme prend pour exemple la présence de la cigogne dans le logo du Racing club de Strasbourg. Au-delà du foot et de Strasbourg, l’oiseau est bien l’emblème de l’Alsace, ça ne fait pas de doute. Un parc d’attractions lui rend même hommage. Son nom : Cigoland, évidemment.

Un porte-bonheur

Mais pourquoi faut-il, en Alsace, tout ramener à la cigogne ? On a posé la question à Gérard Leser, historien folkloriste alsacien, qui étudie les croyances populaires et les traditions de l’Alsace et qui a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Selon lui, la réponse tient en quatre explications :

• La cigogne est le symbole du printemps : « C’est un oiseau migrateur, qui annonce les beaux jours. Quand les gens le voient, ils se réjouissent »
• La cigogne est un porte-bonheur : « Quand elle construit un nid sur un habitat, celui-ci est béni, protégé par la cigogne. Avec quelques désagréments possibles, puisqu’il était interdit de chasser la cigogne puisque considérée comme presque sacrée ».
• La cigogne dépose les nouveau-nés : « Depuis les années 1860, la tradition raconte qu’elle ramène les bébés aux parents. Ce n’est pas spécifique à l’Alsace, puisque cela se raconte dans toute l’Europe centrale. J’ai même vu une affiche avec une cigogne et un enfant en Turquie. L’oiseau est vu comme une sorte de fée, de divinité ».
• La cigogne symbolise la France : « Lorsque l’Alsace fut annexée par les Allemands, la cigogne était l’oiseau de la France, puisque c’était le messager qui a traversé la France pour venir jusqu’aux Alsaciens ».

>>Rajoutons qu’elle peut s’avérer être un argument touristique aussi

La cigogne a bien failli se faire voler la vedette par la tortue, mais l’oiseau n’en est pas tombé de son nid. Il est là, droit, imperturbable. « C’est un bel oiseau, c’est un échassier splendide, il est majestueux et c’est un formidable planeur », renchérit Gérard Leser.

La cigogne > drapeau breton ?

Omniprésente dans la région, que ce soit sur son nid, sur les produits en vente dans les boutiques de souvenirs et dans l’imaginaire de chacun, la cigogne fait-elle aussi mieux que le fameux drapeau breton ? L’historien-folkloriste ne les met pas sur le même niveau : « L’Alsace a son drapeau rouge et blanc. La cigogne reste plutôt l’animal symbolique de l’identité alsacienne ». Et il est vrai qu’il est plus difficile de l'agiter au milieu des manifestations qu’un drapeau.