Strasbourg: Un an après son ouverture, le bar identitaire du Bastion social quitte ses locaux
EXTREME DROITE•Parce que le propriétaire des lieux ne veut pas reconduire son bail selon une information de Rue89 Strasbourg, le bar identitaire du Bastion social, L’Arcadia, doit quitter son local…Bruno Poussard
L'essentiel
- Lundi sur Facebook, le bar identitaire du Bastion social, L’Arcadia, a annoncé devoir quitter son local strasbourgeois. Il promet de rouvrir dans un lieu plus grand.
- Pour les militants antifascistes strasbourgeois, cette fermeture est une petite victoire. « C’est la détermination de ceux et celles qui ont lutté, chacun à leur niveau, pour informer, mettre la pression, isoler les fascistes qui a été payante. »
«L’Arcadia se délocalise. » A quelques jours de son premier anniversaire, le bar associatif strasbourgeois du Bastion social a annoncé quitter ses locaux en ces termes, sur Facebook, lundi. Entre deux appels à manifester avec les «gilets jaunes» à Paris ce samedi, la branche alsacienne du mouvement identitaire ajoute : « Rendez-vous prochainement avec quelque chose de plus grand ! »
Contacté par nos confrères de Rue89 Strasbourg, le propriétaire de l’immeuble situé au 29, rue Vauban, dans le quartier de L’Esplanade, explique n’avoir pas souhaité renouveler le bail. En évoquant « un choix [qui] peut être lié aux dégradations ». Au cours des derniers mois, la devanture du local a été repeinte en vert, ciblée par des pierres puis cassée en pleine après-midi.
a« J’ai porté plainte à plusieurs reprises, explique encore le propriétaire des lieux au site d’information. Toutes les plaintes ont été classées sans suite. On a laissé faire les organisations d’ultragauche… » Pour sa part, la branche strasbourgeoise du Bastion social n’a pas donné suite aux sollicitations de 20 Minutes sur l’annonce de sa délocalisation.
Une petite victoire pour les militants antifascistes
Créée deux jours avant l’inauguration du bar identitaire réservé à ses adhérents, la page Facebook Fermons l’arcadia, local fasciste à Strasbourg a vite réagi. En réponse à 20 Minutes, l’un de ses administrateurs, Nestor, parle d’abord du propriétaire de l’immeuble : « Celui-ci a toujours fait semblant de ne pas savoir à qui il avait à faire, c’est-à-dire à des néo-fascistes. »
« Que le local soit fermé à cause du renoncement du propriétaire montre bien qu’attendre une action des pouvoirs publics – au-delà des grands discours – est illusoire. C’est la détermination de ceux et celles qui ont lutté, chacun à leur niveau, pour informer, mettre la pression, isoler les fascistes qui a été payante. » »
Pour ces militants, le départ du bar de l’Esplanade est une petite victoire. « Il leur est possible de trouver un nouveau local, nuance Nestor. Ceci dit, comme la lumière a bien été faite sur qui ils étaient réellement, cela va être difficile. Ils vont sûrement mentir et tromper comme ils l’ont fait avec le [bar du] BarÔmètre où ils avaient tenu une conférence en se présentant comme des agents immobiliers. »
Le Bastion social implanté en Alsace depuis un an
Au slogan « les nôtres avant les autres », le Bastion social est né dans le Vieux Lyon en mai 2017 autour d’ex-militants d’extrême droite du Groupe union défense (Gud). Le mouvement n’a jamais caché sa volonté d’aider les SDF, Français seulement. En mettant ainsi bout à bout « action sociale » et « défense de [notre] identité », dans les mots d’un de ses fondateurs en Alsace.
Dès les premières informations dévoilées avant son arrivée à Strasbourg, les réactions n’ont pas tardé, suivies de plusieurs manifestations. Après des prises de position politiques, le conseil municipal de Strasbourg a adopté une motion en janvier dernier afin de demander sa fermeture. Mais les polémiques n’ont pas empêché le Bastion social de tenir ses conférences.
Depuis, deux personnes (dont un membre du bureau local du groupe) ont été condamnées pour des violences sur un homme à la sortie de l’inauguration, et deux autres « sympathisants » ont été interpellés, plus tard, pour des coups échangés dans le tram à la sortie du local. Lors d’un point presse en janvier, le responsable national du mouvement avait parlé de « légitime défense ».
Le mouvement national présidé par un Strasbourgeois
Ce dernier, Steven Bissuel, a été condamné à 20.000 euros d’amende en août pour incitation à la haine raciale (après un dessin antisémite publié sur les réseaux sociaux). Selon une autre information de Rue89 Strasbourg, le président de la branche strasbourgeoise responsable de L’Arcadia a par ailleurs pris sa suite à la tête du Bastion social dans toute la France en septembre.
Récemment, le mouvement a connu plusieurs coups durs. Au début du mois à Lyon, la mairie a décidé de fermer le local qui ne répondait pas aux normes de sécurité. A Clermont, ses militants s’affirmant « sous pressions policières, administratives et juridiques », ont, eux, décidé de jeter l’éponge. A Strasbourg, il n’a donc plus de local. Pour le moment, au moins.