Strasbourg: Des pompiers français et allemands courent jusqu'à Paris pour le centenaire de l'armistice de la Grande Guerre
MEMOIRE•Partis des institutions européennes de Strasbourg, une vingtaine de pompiers français et allemands se relaient en courant avec une flamme sacrée pour atteindre à la tombe du soldat inconnu à Paris jeudi…Bruno Poussard
L'essentiel
- Partis de Strasbourg ce lundi, une vingtaine de pompiers français et allemands se relaient en courant pour atteindre Paris, ce jeudi.
- Les duos franco-allemands courent avec une flamme sacrée pour atteindre à la tombe du soldat inconnu, un défi très symbolique.
Des institutions européennes de Strasbourg jusqu’à la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de triomphe de Paris, il y a exactement 599 kilomètres. Une vingtaine de pompiers français et allemands vont avoir l’occasion de s’en rendre compte. En courant en relais, ils ont décidé de relier les deux cette semaine, dans le cadre du centenaire de l'armistice de la Première guerre mondiale.
Comme Emmanuel Macron passé à la cathédrale avec son homologue allemand la veille pour lancer son road trip le long de la ligne de front, ils sont partis ce lundi de la capitale alsacienne. Dans la même direction que le président mais sur une route plus directe. Et plus rapide, puisque les coureurs sont attendus dès jeudi matin en haut des Champs-Elysées, flamme sacrée en main.
En courant jour et nuit avec une flamme et un message
Après un prologue partagé avec des lycéens et de jeunes sapeurs-pompiers alsaciens, le premier binôme franco-allemand s’est élancé à 16 heures du parc de l’Orangerie, face au Conseil de l’Europe. A petites foulées en discutant dans la langue de Goethe. Toujours en duo, les dix pompiers français et leurs neuf homologues allemands ont prévu de se relayer, jour et nuit, tous les huit kilomètres.
Un défi à la symbolique forte. « C’est l’Europe, s’exclame l’adjudant-chef Jean-Yves Bruckmann. Je viens d’avoir 60 ans et j’ai la chance de ne pas avoir connu la guerre. » Il aimerait que ça dure : « Les Allemands sont nos voisins et nos amis. Nos deux pays ont fondé l’Europe. » Prêts à parcourir 24 kilomètres par jour environ, ces pompiers courent avec un message.
L’Allemand Peter Breitner ajoute : « Je viens du Palatinat du Sud, une région en contact avec le nord de l’Alsace. J’aime la culture de l’amitié franco-allemande. Ce sera très intéressant d’échanger entre nous. » Pas impressionnés par le challenge, ces pompiers de 27 à 60 ans (dont deux femmes), professionnels ou volontaires, vont pouvoir se connaître, au fil des heures de course.
Une course-relais en hommage d’un ancien combattant
Autour d’eux, tout est largement prévu, sur un parcours repéré (et autorisé) en amont. Dans huit véhicules suiveurs, 19 accompagnateurs ont prévu l’eau, les repas et les barres de céréales pour les coureurs. « Beaucoup de gens ont levé la main, pour courir et pour encadrer », félicite le commandant Damien Harroue, derrière la grosse logistique depuis bientôt un an.
Pour « sensibiliser à l’histoire de la flamme sacrée et celle du soldat inconnu », l’autre objectif selon Jean-Yves Bruckmann, chef de section d’Eckbolsheim, des étapes et cérémonies sont également prévues en marge de la course-relais. A Metz, Reims, Château-Thierry ou Verdun. D’où vient la flamme, récupérée dans une lanterne une semaine plus tôt.
L’adjudant-chef alsacien est d’ailleurs à l’origine de l’idée. Déjà auteur d’un tel relais pour le téléthon, il a voulu remettre ça pour un ancien combattant, avant le 11 novembre 2018. « Il y a une dizaine d’années, j’avais discuté de ce projet avec un vétéran et il m’avait encouragé. Entre-temps, il est parti… Mais je lui ai promis. C’est un peu mon soldat inconnu, je fais ça pour lui. »