Strasbourg: Des bandes cyclables sur un axe traversant de la ville, une bonne idée?
CIRCULATION•Des bandes cyclables devraient être en place avenue des Vosges au printemps prochain, et le nombre de voies de circulation réduites de cinq à trois…Gilles Varela
L'essentiel
- Des bandes cyclables vont êtres mises en place avenue des Vosges au printemps prochain.
- SI cela répond en partie à la demande de collectifs et de riverains, dans la rue, les avis restent très partagés.
Certains voulaient des pistes cyclables en lieu et place des files de stationnement, pour rouler en sécurité. D’autres pouvoir continuer de se garer en bas de chez-eux. Une difficile conciliation surtout lorsque l’on parle de l’un des axes les plus traversants de la ville, à savoir l’avenue des Vosges et d’Alsace à Strasbourg. Un axe emprunté par plus de 21.000 véhicules par jour, dont plus de mille camions, (essentiellement des autobus et des livraisons locales).
Au printemps, alors que le revêtement fatigué de la chaussée allait être refait, des collectifs comme Vélorution, ou bien encore Ré-inventons l’avenue des Vosges et des riverains ont manifesté pour demander des pistes cyclables. Lançant par la même occasion une pétition qui a récolté à ce jour un peu plus de 1.300 signatures. Depuis, la ville a tranché. Il n’y aura pas de pistes cyclables, jugées trop chères, - environ 500.000 euros pour une piste bi directionnelle. Mais le printemps devrait voir fleurir deux bandes cyclables, larges chacune de deux mètres, de chaque côté de la chaussée. La circulation va donc tomber de cinq à trois voies… Si cette proposition, dont le budget s’élève tout de même à 230.000 euros pouvait satisfaire le plus grand nombre, dans la rue, les usagers tous comme les riverains rencontrés restent très partagés sur la question.
La crainte des embouteillages
Comme Damien, 49 ans, qui travaille dans un magasin de cycles de l’avenue des Vosges. Lui-même vient tous les jours à vélo et assure que « si l’idée peut sembler bonne, tout va se compliquer. Cela va devenir ingérable, c’est déjà saturé. Les gens ne vont pas changer leurs habitudes, il faut savoir partager les espaces. Ici les gens ont besoin de prendre leur voiture, le vélo ne convient pas à tout le monde et partout. » Lui-même reconnaît préférer les petites rues du quartier à vélo, bien plus paisibles. « Il vaudrait mieux éduquer les cyclistes qui roulent trop vite sur les trottoirs », ajoute Damien qui se rappelle une fillette renversée par un cycliste sur le pas de son magasin.
Mais il est vrai que pour l’instant, force est de constater que le seul endroit sécurisé sur l’avenue des Vosges pour les vélos reste le trottoir… Alexandre, qui circule également à vélo avec sa fille, préfère éviter l’avenue. « Il faudrait que les bandes cyclables soient vraiment séparées de la chaussée, sinon je ne les prendrai pas, c’est trop dangereux avec un enfant, même si les voitures vont devoir rouler moins vite. » La vitesse ? Un argument souvent avancé par les riverains comme Laurent, 41 ans, qui se félicite de l’arrivée prochaine des bandes cyclables. « C’est top, on les prendra mais il faudrait surtout que cela soit doublé d’une limitation à 30 kmh, les gens roulent trop vite ici », explique le quadragénaire en garant son véhicule. Si des radars pédagogiques peuvent être installés et la vidéo verbalisation expérimentée, cela est loin de rassurer Pierre, résident dans une rue adjacente. « Il va y avoir des bouchons, les voitures vont venir dans ma rue, qui est tranquille, créer des tensions et ça va être encore plus pollué, craint le résident. C’est déjà ce qui se passe dans d’autres quartiers après les restrictions de circulation tous azimuts ! »
aUn report de circulation auquel ne croit pas Nacer, gérant d’une épicerie avenue des Vosges. « Il ne faut pas penser "strasbourgeois". Beaucoup de personnes ne connaissent pas la ville, ils vont aller au plus droit, selon ce que dit leur GPS. Ça va bouchonner et de toute façon embêter beaucoup de monde, les livreurs. » De gros embouteillages à l’horizon donc ? « Les voitures ne disparaîtront pas, en tout cas pas tout de suite. Il y aura des véhicules fantômes, qui disparaissent on ne sait pas trop où, précise Robert Herrmann. C’est-à-dire des automobilistes qui changent leurs habitudes et d’autres qui prennent différents itinéraires. Mais plus on tend l’élastique et plus c’est difficile de trouver des solutions alternatives. Un état des lieux sera fait après quelques mois. »