Strasbourg: L'un des plus vieux plans de la cathédrale réapparaît, la ville veut récupérer ce «trésor national»
PATRIMOINE•Le premier dessin sur parchemin connu de la tour de la cathédrale de Strasbourg, jusqu'ici présumé disparu, a été mis sur le marché de l'art...Alexia Ighirri
Une réapparition inespérée. Présumé disparu jusqu’ici, un trésor du XVe siècle a été mis sur le marché de l’art au printemps 2018. Et a immédiatement attiré l’œil de Strasbourg et de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. La raison : cet objet original de grande valeur patrimoniale est « l’un des plus anciens plans de la cathédrale sur parchemin et le premier plan qui représente la tour sous la flèche », résume Alain Fontanel, premier adjoint au maire en charge de la culture et du patrimoine.
Ce dessin d’architecture a été réalisé vers 1419 par Jean Hültz, architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame qui en détient actuellement une copie calque. L’original a lui été perdu de vue au moment de la Révolution française. Grâce au travail des archivistes, il a été indiqué que ce plan a été la propriété de la famille Saint-Père jusqu’en 1994. Avant de tomber dans l’oubli jusqu’à sa mise sur le marché à Paris il y a quelques mois donc. « Une grande institution nord-américaine est intéressée pour l’acheter, glisse Alain Fontanel. Nous avons donc engagé une course de vitesse pour bloquer son exportation en cas de vente. »
Trente mois pour acquérir l’œuvre estimée à près de deux millions d’euros
Strasbourg aurait pu recourir une demande de rétrocession du dessin, mais les preuves n’étaient pas suffisantes pour contester la propriété et la démarche aurait pu prendre trop de temps. Alors, sollicité par la ville et la Fondation, l’Etat français a obtenu le classement de l’objet comme « trésor national » le 29 août. Ce qui empêche son exportation pendant 30 mois.
Strasbourg a désormais jusqu’en février 2021 pour trouver le moyen de racheter l’œuvre. Parce que si cette découverte semble inestimable aux yeux de la Fondation, elle a une valeur : quelque deux millions d’euros. C’est la somme que ces deux acteurs cherchent maintenant à collecter, grâce à l’apport de mécènes privés ou publics, pour le rachat du plan.