Strasbourg: Pour voir près de 5.500 photographies historiques de la cathédrale, il va falloir mettre (un peu) la main à la poche
PATRIMOINE•Près de 5.500 plaques photographiques de la cathédrale datant de la fin du XIX et du début du XXe siècle, inaccessibles au public, vont être numérisées, mais avant cela, la Fondation de l’Œuvre Notre Dame de Strasbourg lance une opération de mécénat en ligne…Gilles Varela
L'essentiel
- La Fondation de l’Œuvre Notre Dame possède la première collection de photographie de la cathédrale de Strasbourg.
- Cela représente près de 5.500 plaques de verre qui datent de la fin du XIXe au début du XXe siècle.
- Mais les photographies se dégradent et il est urgent de les numériser : un appel aux dons en ligne est lancé par la fondation.
C’est un patrimoine exceptionnel et méconnu qui inexorablement se dégrade avec le temps. Une collection photographique unique de la cathédrale datant de la fin du XIX au début du XXe siècle que possède la Fondation de l’Œuvre Notre Dame à Strasbourg. Photos (ou plutôt négatifs) d’ouvriers au travail, de moulages, de plans et gravures, des cicatrices du temps et de la guerre, ce fond photographique est pour l’instant inaccessible au public, difficilement consultable par les chercheurs.
Mais pas de miracle, malgré toutes les précautions prises par la Fondation et les 5.500 plaques photographiques en verre de la cathédrale (mais aussi de vues générales de Strasbourg, du Kammerzell et de villes alsaciennes), les plaques jaunissent, s’altèrent, se cassent même. Les négatifs sous verre, au gélatino-bromure d’argent et certains à base de nitrate de cellulose ont des composants instables et très inflammables. Un patrimoine en danger donc que la Fondation l’Œuvre de Notre Dame compte numériser au plus vite.
Cela permettra au public mais aussi aux chercheurs de le consulter facilement ce qui est pour l’instant impossible, « car chaque manipulation met en danger la plaque » explique la responsable de la collection de la fondation, Sandrine Ruef. D’où la nécessité de la numériser et de mettre ce fond en ligne. Pour l’heure, ce fond photographique est conservé dans un local des ateliers de la cathédrale où la température est maintenue à 18 °et non 10° comme cela devrait l’être, présence d’archives papiers oblige.
Un lien avec le patrimoine
Pour cela, la fondation lance un mécénat en ligne car le coût de cette opération est estimé à 20.000 euros. Si elle finance pour moitié le projet en prenant en charge le récolement, le reconditionnement, le nettoyage des plaques et la mise en ligne, les dons serviront eux à financer la numérisation.
« Au-delà du fait de récolter des fonds, qui ouvrent des droits à déduction fiscale, rappelle Alain Fontanel premier adjoint au maire en charge des affaires culturelle et du patrimoine, il s’agit aussi d’un enjeu citoyen, pour créer et renforcer les liens entre les Strasbourgeois et leur patrimoine. » D’ailleurs, des contreparties (visite privilégiée de la cathédrale, discussion avec un expert, mais aussi pour l’occasion un tirage papier d’une photographie ancienne) seront accordées aux bienfaiteurs, en fonction du montant du don.
Et les choses ne devraient pas traîner, car il y a urgence. Le choix du prestataire pour numériser les négatifs, cela nécessite des scanners spécifiques adaptés à la nature du support mais aussi différentes tailles des négatifs, est prévu d’ici à la fin de l’année. Quant à la numérisation, elle devrait débuter au premier trimestre de l’année prochaine pour une mise en ligne sur le site de la fondation au printemps 2019.