Strasbourg: Les travaux du GCO peuvent commencer, les opposants sont priés de quitter la ZAD
TRANSPORTS•Le préfet de la région Grand Est, Jean-Luc Marx, a signé les deux arrêtés attendus pour le début des travaux du GCO. Mais les opposants au projet n’ont pas dit leur dernier mot…Gilles Varela
L'essentiel
- Si le préfet a signé les arrêtés en soulignant l’intérêt du projet et les compensations environnementales concédées, pour l’instant aucun calendrier des travaux n’a été dévoilé.
- Le préfet aimerait ne pas avoir recours à la force pour l’évacuation de la ZAD de Kolbsheim. « Nous sommes en Alsace, avec une culture du dialogue et je n’imagine pas que les choses ici ne se passent pas dans un contexte républicain, démocratique. »
- « Quand on va détruire la nature derrière un cordon de CRS, ce n’est pas la meilleure image de la démocratie, telle que l’on se la représente », répond-on du côté d’Alsace nature, opposée au GCO.
La décision n’a pas traîné. Le Coderst –Conseil départemental de l’environnement et des risques technologiques– a donné mercredi un avis favorable aux deux arrêtés qui autorisent le lancement du chantier de l’autoroute de Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), le préfet Jean-Luc Marx a enchaîné en signant dès jeudi soir les deux arrêtés. Des arrêtés attendus par la société Arcos (filiale de Vinci) et Sanef. Cette signature autorise en effet la reprise des travaux préparatoires avant le lancement effectif du chantier de l’autoroute, long de 24 kilomètres. Si le préfet a particulièrement souligné l’intérêt du projet et les compensations environnementales concédées, pour l’instant aucun calendrier des travaux n’a été dévoilé. Rien d’étonnant, car la situation reste tendue et les opposants au projet restent vents debout contre cette décision.
Dans un premier temps, il s’agira d’effectuer les travaux préparatoires, notamment de déboisement et de recherches archéologiques. Ceux-là n’ont pas encore été réalisés, notamment à Kolbsheim où une « ZAD » cristallise l’opposition avec une dizaine d’occupants sur place.
Contacté par 20 Minutes, Daniel Reininger, président d’Alsace nature, comptent bien trouver des moyens juridiques pour contrer, ou tout du moins retarder cette décision. On « lancera la procédure devant le tribunal administratif en référé, en espérant qu’il y aura une réponse rapide pour limiter le début des travaux ou peut-être les faire cesser… Avant qu’il n’y ait des dégâts irréversibles », espère-t-il. « Nous contestons la légalité et la validité de ces arrêtés et on verra bien ce que décidera le juge administratif. »
« Les mesures de maintient de l'ordre qui s'imposent »
Côté pratique, si le préfet n’exclut pas, et même explique comprendre qu’il puisse y avoir des recours contentieux mais aussi des manifestations, il assure qu’il prendra « les mesures de maintien de l’ordre public qui s’imposent » et « veillera à ce que les décisions de justice soient appliquées ». Il rappelle au passage que les juridictions ont déjà tranché sur les occupations illégales de terrains en juin dernier. « Il y a forcément une contradiction entre des occupations de terrain que certains appellent une ZAD et la réalisation d’un chantier ».
Et le préfet reste ferme : « si les occupants ne quittent pas les lieux d’eux-mêmes au moment où l’on souhaite engager les travaux, il y aura concomitance entre l’évacuation de la ZAD et le début des travaux. » Sans vouloir donner aucune date, Jean-Luc Marx préfère prévenir : « Cela sera une manœuvre pensée et construite avec Vinci Arcos et la présence des forces de l’ordre sera probablement nécessaire et utile pour faire en sorte pour que les choses se déroulent, je le souhaite et le demande instamment, en dehors de toute violence. » Poursuivant : « Nous sommes en Alsace, avec une culture du dialogue et je n’imagine pas que les choses ici ne se passent pas dans un contexte républicain, démocratique. »
« Quand on va détruire la nature derrière un cordon de CRS, ce n’est pas la meilleure image de la démocratie, telle que l’on se la représente, répond Daniel Reininger. Mais on va inévitablement vers une confrontation. Même si les gens qui sont sur le terrain ne sont pas des révolutionnaires, la plupart du temps ce sont des locaux, il y a un fort sentiment d’injustice. J’espère qu’il n’y aura pas de violences, mais vous n’enlèverez pas ce sentiment aux gens. »