Strasbourg: Par manque de temps ou d'argent, un tiers des étudiants sèche la pause-déjeuner
VIE ETUDIANTE•Alors qu’une nouvelle épicerie Agoraé ouvre à Strasbourg, une enquête montre que les rythmes universitaires prennent souvent le dessus sur les habitudes alimentaires des étudiants…Alexia Ighirri
L'essentiel
- Une nouvelle épicerie étudiante et solidaire Agoraé ouvre à Strasbourg, à Gallia au 1, place de l'Université.
- Une étude menée auprès des étudiants alsaciens montre qu'un tiers d'entre eux ne mange pas systématiquement à la pause déjeuner.
A l’heure de l’ouverture ce mercredi par l'association étudiante Afges d'une deuxième épicerie Agoraé strasbourgeoise, à Gallia (place de l’Université) cette fois, regardons d’un peu plus près ce qu’il se trouve dans l’assiette des étudiants. Quand assiette il y a…
Oui, parce que selon les résultats publiés il y a quelques semaines d’une enquête menée auprès des étudiants alsaciens*, un tiers d’entre eux ne déjeune pas systématiquement le midi. « Des données qui viennent confirmer de manière scientifique le constat fait sur le terrain », débute Quentin Menigoz, chargé de projet à l’université de Strasbourg.
Le manque de temps
« Il y a des causes multiples, on est en train de creuser ça », réagit Simon Duboué. Le vice-président de l’Afges et élu étudiant au Crous indique avoir demandé des éléments supplémentaires auprès de l’université sur cette enquête « pour en connaître les causes, savoir de quels étudiants il s’agit, de quels profils… »
La principale raison évoquée par les étudiants est le manque de temps. Méliké, étudiante en sociologie de 25 ans, a quelques fois raté la pause-déj : « Ça m’est arrivé quand j’avais des partiels ou un cours à rattraper. Quand je révisais à la bibliothèque, je prenais cinq minutes, mais ce n’est pas moi qui choisis les dates et horaires des examens ».
« « Dans ma promo, il y a des étudiants qui ont cours avec moi de 8h à 12h, puis qui enchaînent avec d’autres cours jusqu’à 15h. Et même s’ils habitent à proximité de la fac, ils ne peuvent pas rentrer manger. » »
La jeune femme ne se plaint pas trop : elle aussi habite à proximité du campus et arrive encore à rentrer chez elle déjeuner certains midis. Voire tester les restaurants universitaires : « Le RU propose divers plats, c’est pas mal, pas trop cher et équilibré. Il faut juste avoir le temps d’y aller ». Même si c’est encore autre question encore, elle le concède : bien manger, ce n’est toujours pas facile sur le campus.
Et ailleurs que sur le campus central ? Antoine, 20 ans, est en école de marketing et de communication au centre-ville de Strasbourg. Lui a toujours une heure à la pause-déj et, à l’écouter, tant mieux : « C’est le moment où on a le plus faim. C’est le repas dont on a le plus besoin, c’est bizarre de s’en priver. Après ça dépend de comment on compense ». Mais sans RU à proximité, c’est sandwich, restauration rapide et « des fois je ramène des trucs de la maison ».
Un travail sur les rythmes universitaires en 2018
L’université et ses partenaires disent vouloir élaborer en 2018 un schéma directeur de la vie étudiante qui mettra l’accent sur les rythmes universitaires. Avec, dans l’idée, un travail sur l’échelonnage des heures de sorties de cours et les amplitudes d’ouverture des restaurants universitaires. « Ce n'est pas forcément de la mauvaise volonté de l'université, prévient Simon Duboué. C'est une question épineuse, compliquée. »
Si lui a toujours pris le temps de déjeuner ou au moins de se chercher un sandwich, « même si c’est un peu short » parce qu’il « ne se voit pas tenir sans manger », Xavier sait que certains de ses amis étudiants « n’hésitent pas à ne pas déjeuner pour bosser, même s’ils ont une pause. Ce sont leurs méthodes. Pour moi, il faut une coupure, une pause pour manger et penser à autre chose ».
Comme Antoine, cet alternant en comptabilité de 22 ans n’a pas de RU à proximité, « sinon j’irai ». Son estomac, lui le laisse au repos le matin : « Je saute toujours le petit-déjeuner. Parce que je préfère dormir et par habitude aussi : je n’arrive pas à manger au réveil ».
Pas de petit-déjeuner pour un étudiant sur deux
Selon les résultats de l’enquête, 57 % des étudiants déclarent ne pas prendre souvent (voire jamais) de petit-déjeuner. Quid du dîner ? Les étudiants vivant chez leurs parents sont beaucoup moins nombreux à sauter les dîners que ceux qui vivent seul (28 % contre 40 % chez les décohabitants). « Même si beaucoup disent que c’est par manque d’appétit, il y a sans doute, pour une large part, une cause financière », juge Quentin Menigoz.
Et c’est évidemment ce qui inquiète Simon Duboué : « Si tu sautes un repas de temps en temps… Mais si tu sautes plusieurs repas pour des questions financières, ça commence à devenir vraiment inquiétant ! » En proposant des produits à prix réduits (jusqu’à 80 % moins chers), l’Agoraé pourra sans doute en aider quelques-uns.
*Plus de 4.500 réponses collectées auprès de l’université de Strasbourg et les établissements associés (université de Haute-Alsace, Hear, BNU de Strasbourg, etc., épaulés par le Crous.