Strasbourg: Un accès au fichier des immatriculations pour contrôler les véhicules de livraison par caméra
CIRCULATION•La capitale alsacienne a candidaté auprès du ministère des Transports pour accueillir l’expérimentation d’une « zone à trafic limité », et «20 Minutes» vous en dit plus…Alexia Ighirri
L'essentiel
- Strasbourg est candidate à une expérimentation d’une « zone à trafic limité ».
- Particulièrement répandue en Italie, la « ZTL » permet de gérer les interdictions d’entrée dans des zones à certains véhicules, en les verbalisant grâce à des caméras et un accès au fichier national des immatriculations.
Vous faites quoi dans le tramway vous ? « On lit 20 Minutes ! ». Bravo les copains, bonne réponse. Mais à part ça, vous jouez sur votre téléphone ? Vous écoutez de la musique ? Eh bien, les élus strasbourgeois, eux, font un peu de lobbying. Alors qu’ils prenaient le tram avec Elisabeth Borne, lors de la visite de la ministre des Transports à Strasbourg lundi dernier, le maire Roland Ries, son premier adjoint Alain Fontanel et son adjoint en charge des mobilités alternatives Jean-Baptiste Gernet ont profité de cet instant pour parler de « zone à trafic limité ». Et indiquaient à la ministre que Strasbourg est candidate à l’expérimentation d’une « ZTL » comme on dit dans le jargon.
Une « ZTL », kézako ? La « zone à trafic limité » porte bien son nom : l’idée est d’interdire la circulation dans un espace défini à une certaine catégorie de véhicules, déterminée par la collectivité, sous peine d’une verbalisation systématique. Pour apaiser les flux des piétons, cyclistes et automobiles autorisés dans ce secteur. Pour réduire aussi la pollution, généralement dans des centres-villes au patrimoine ancien. « C’est un outil intéressant pour choisir les flux qui entrent au centre-ville. Et qui n’a peut-être pas le défaut d’autres », argue Jean-Baptiste Gernet, qui avait déjà évoqué cette solution au moment des discussions sur la mise en place des vignettes Crit’air dans l’agglomération. « Les vignettes Crit’air peuvent avoir un versant discriminant : il y a des grosses voitures qui coûtent cher et qui polluent moins que des petites anciennes, mais les personnes à l’intérieur ne sont pas les mêmes. Quand on touche à la motorisation du particulier, cela peut poser question socialement. »
Comment ça marche ? Pas de barrière, de plot ou de badge. La zone est délimitée par des panneaux. Pas de mobilisation de policiers : le contrôle est automatisé par une caméra qui flashe les véhicules entrant dans la « ZTL ». Alain Fontanel prévient : « Pour que ça marche, il faut avoir accès au fichier national des immatriculations » pour savoir si tel véhicule est autorisé à entrer dans la zone.
Est-ce nouveau ? S’il est question d’expérimentation, il faut savoir qu’il existe déjà des « zones à trafic limité ». A l’étranger, et notamment en Italie où les « ZTL » sont répandues dans les centres historiques. Et où de nombreux touristes mal renseignés se sont déjà fait verbaliser. En France, il faut regarder du côté de Nantes où une telle zone a été instaurée en 2012 déjà. « Il y a des panneaux, mais pas ces moyens de contrôle, souligne Jean-Baptiste Gernet. Dans ce cas on peut aussi dire qu’on a déjà mis en place une "ZTL" sur les livraisons en centre-ville. Mais le point clé, c’est le contrôle. »
Quelle serait son application à Strasbourg ? Dans un premier temps, la municipalité vise justement les véhicules de livraison en centre-ville. Histoire de compléter, grâce au contrôle automatisé par caméra, ses mesures prises sur la logistique urbaine au centre-ville, qui entreront en vigueur à compter de septembre 2018. Pour une interdiction totale, à l’horizon 2022, des livraisons au diesel.
C’est pour quand ? Il faudrait, bien sûr, d’abord que la candidature strasbourgeoise soit retenue. Selon des « bruits de couloirs » entendus par l’adjoint en charge de la logistique urbaine, « le ministère réfléchit à donner la possibilité aux collectivités d’avoir accès au fichier national d’immatriculation. Paris, Lyon et Marseille pourraient être choisies pour l’expérimentation. On a dit à la ministre que si l’Etat veut avancer, Strasbourg qui innove sur le plan des mobilités est partante. » La ministre a jugé l’idée intéressante, reste à convaincre son cabinet pour de bon. A la ville de Strasbourg, on considère que les assises de la mobilité sont une bonne une fenêtre de tir. Sans forcément s’attendre à ce que la mise en place d’une « ZTL » puisse coïncider avec l’entrée en vigueur des premières mesures de logistique urbaine en septembre 2018.