Strasbourg: Un gymnase réquisitionné pour démanteler un campement de demandeurs d'asile
SOCIETE•Pour trois jours dès ce mardi, la ville de Strasbourg a réquisitionné un gymnase afin de traiter rapidement les situations d’une centaine de demandeurs d’asile installés sur un camp dans la ville depuis le début de l’été…Bruno Poussard
Le campement s’est formé avant l’été à Strasbourg. Depuis, une centaine de personnes vivent sous des tentes, sur un terrain municipal de la rue des Remparts, situé derrière la gare à quelques centaines de mètres du centre-ville. Mais ces demandeurs d’asile parfois en famille doivent désormais quitter les lieux avant la mi-novembre.
Nombre d’entre elles viennent de commencer, ce mardi. Après la décision du tribunal des référés - saisi par la ville - d’ordonner leur départ sous deux mois le 21 septembre, la ville et la préfecture ont ouvert pour trois jours un gymnase d’accueil au sud de Neudorf afin de traiter vite leurs situations et démanteler le campement. 20 Minutes récapitule.
Un campement né en mai. Ainsi que plusieurs de nos confrères l’ont déjà rapporté, ce camp de la rue des Remparts a accueilli des centaines de personnes depuis fin mai, pour certaines peu longtemps. Sur la centaine d’occupants actuels surtout venus des Balkans et précisément d’Albanie, une trentaine d’enfants y vivaient encore ces jours-ci.
Un lieu intolérable pour la mairie. « Un campement en tant que tel ne doit pas exister, insiste Marie-Dominique Dreyssé, adjointe chargée des solidarités qui reconnaît une forte pression et un effet d’engorgement sur la demande d’asile et l’hébergement. Le maire l’a dit, personne n’a vocation à vivre durablement dans l’espace public. »
Le jugement du tribunal rendu en septembre. C’est pour ces raisons que la mairie de Strasbourg, propriétaire du terrain du camp, a donc sollicité la justice au cours de l’été. Après l’avoir repoussée, le tribunal a finalement rendu sa décision le 21 septembre : ces personnes attendant la régularisation de leur situation doivent partir dans les deux mois.
Un gymnase d’accueil pour accélérer les choses. Avant l’arrivée de l’hiver, la ville et la préfecture du Bas-Rhin ont décidé d’ouvrir, avec le soutien de la Croix-Rouge, un gymnase d’accueil pour traiter rapidement, et « dans le dialogue » selon Marie-Dominique Dreyssé, toutes les situations des personnes volontaires, entre ce mardi et vendredi.
Dans le centre sportif sud non loin du stade de la Meinau où les volontaires ont été transportés en minibus, des représentants de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (l’Ofii, qui enregistre les demandes d’asile) accueillent les familles aux côtés de travailleurs sociaux de la ville, avant que ces migrants ne puissent s’installer. Jusqu’à vendredi.
L’avenir des demandeurs d’asile en question. Que vont-ils donc devenir lorsque le gymnase sera libéré et le site du campement nettoyé ? D’autant plus que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (l’Ofpra, qui juge les demandes d’asile) répond rarement positivement aux demandeurs originaires des Balkans, jugés « sûrs » ?
« Ils seront traités dans le strict respect du droit et avec la plus grande humanité possible », répond Yves Séguy, secrétaire général de la préfecture. Si les plus vulnérables pourront obtenir un des 3.500 hébergements mobilisés chaque jour par l’Etat dans le Bas-Rhin, les volontaires pourront disposer d’une aide au retour dans leur pays. « Sinon, ça se fera avec le concours des services de police », termine Yves Séguy.