JUSTICEOuverture du procès du cimetière juif profané à Sarre-Union

Profanation au cimetière juif de Sarre-Union: Antisémitisme et influences au cœur du procès des cinq jeunes accusés

JUSTICELe procès de cinq jeunes hommes, accusés d’avoir profané le cimetière juif de Sarre-Union en 2015, fait divers qui avait indigné la France, s’ouvre ce jeudi 14 septembre au tribunal pour enfants de Saverne. Petits rappels des faits…
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Le procès sur les profanations au cimetière juif de Sarre-Union s’ouvre ce jeudi 14 septembre.
  • Antisémitisme et influence seront au cœur des débats.

La profanation du cimetière juif à Sarre-Union (Bas-Rhin) en février 2015 avait ému et indigné la France. Tant par la gravité des faits que par l’ampleur des ravages, conduisant le président François Hollande à se rendre sur les lieux quelques jours après la découverte des faits. Ce jeudi 14 septembre, cinq jeunes hommes, mineurs au moment des faits, comparaissent pendant deux jours devant le tribunal pour enfants de Saverne. Ils sont poursuivis pour « profanation de sépulture en raison de l’appartenance des défunts à une religion » et pour « dégradation de bien affecté à l’utilité publique », en réunion. Leur procès se déroulera à huis clos.

L’entrée du cimetière juif profané Sarre Union. le 16 février 2015.
L’entrée du cimetière juif profané Sarre Union. le 16 février 2015. - G. Varela \ 20 Minutes

De gros dégâts

Pour mémoire, près de 250 tombes avaient été profanées. Pour des dégâts, estimés par le Consistoire israélite de Sarre-Union, à plusieurs centaines de milliers d’euros. Il n’avait fallu que quelques jours aux enquêteurs pour identifier les auteurs des faits : une bande de copains. Des jeunes inconnus jusqu’alors des services de gendarmerie. L’un d’eux, âgé de tout juste 16 ans au moment des faits, s’était rendu de lui-même à la gendarmerie avant de dénoncer ses complices. Tous avaient été alors placés dans différents endroits et sous contrôle judiciaire depuis 2015 avec l’interdiction de paraître à Sarre-Union.

Antisémitisme et influences

Le procès, qui s’ouvre sur deux jours, placera probablement l’antisémitisme et les influences (ou pas) des jeunes les uns envers les autres, voire des influences extérieures, au cœur des plaidoiries.

Pour Olivier Charles, avocat du mineur qui s’est rendu à la gendarmerie, « le dossier n’est pas emblématique de l’antisémitisme en France. C’est des gamins qui ont joué à un jeu stupide, qui ont fait beaucoup de dégâts et en ce qui concerne mon client, il a démontré dans le courant de l’instruction qu’il avait parfaitement intégré la gravité de ce qu’il avait fait. » Même si l’avocat est certain que les parties civiles vont « en faire leurs choux gras », il affirme qu’il n’y a eu, en ce qui concerne son client, aucune influence extérieure et il « doute du fait qu’une motivation antisémite ait été le point de départ des actes commis. » Un avis que ne partage pas vraiment le procureur Philippe Vannier qui avait annoncé, dans un point presse en 2015, que « malgré les dénégations des intéressés, la connotation et le mobile antisémites de leur comportement apparaissaient clairement » au vu des éléments recueillis par l’enquête.

Si Maître Olivier Charles a connaissance des actes antisémites évoqués par le procureur, il plaide que son client « a suivi bêtement ses camarades. Il s’est dénoncé lui-même. Il n’y a eu aucune revendication de l’acte, pas de croix gammées sur les tombes. Quand on est en groupe on n’est toujours plus bête », assure l’avocat.

Connaître les véritables raisons

Pour le vice-président de la Maison des potes, Samuel Thomas, partie civile, « des influences extérieures » seraient au cœur de cette « opération », notamment pour deux d’entre eux. Un procès qui, il espère, permettra de mettre en lumière leurs réelles motivations. D’expliquer également la raison d’un tel « volume de profanations », mais aussi quel élément déclencheur a conduit les cinq mineurs à causer de tels actes, l’association étant persuadée que le contexte politique environnant a nettement influencé leur passage à l’acte.

« Le cœur du procès est de savoir pourquoi ils ont fait ça, comment ça s’est passé, quel était leur état d’esprit lorsqu’ils l’ont fait, affirme l’avocat. Je pense que c’est un dossier dans lequel il faut surtout apaiser les choses, ne pas faire monter la mayonnaise car il ne le mérite pas. »

Les jeunes prévenus risquent jusqu’à sept ans de prison, peine qui pourrait être diminuée de moitié si l’excuse de minorité au moment des faits leur est accordée par le tribunal.