Football: «Même ma mère voulait que je reste à Strasbourg», mais Khalid Boutaïb «assume» son choix de partir en Turquie
SPORT•Bien qu’attaché au Racing, le buteur et international marocain n’a pas prolongé à Strasbourg pour rejoindre la Turquie. Il explique son choix…Propos recueillis par Alexia Ighirri
L'essentiel
- Le Racing club de Strasbourg a repris le chemin de l’entraînement sans son buteur de la saison passée, l’un des principaux artisans de la montée en Ligue 1, Khalid Boutaïb
- En fin de contrat, l’international marocain s’est engagé avec le promu turc Malatyaspor. Il explique sa décision pour « 20 Minutes »
Beaucoup auraient aimé le revoir à la reprise aux abords de la Meinau, tenue du Racing sur le dos. Mais on le sait depuis début juin, l’international marocain Khalid Boutaïb, 30 ans et en fin de contrat à Strasbourg, a décidé de rejoindre pour deux saisons le club turc Malatyaspor, promu en première division.
En attendant sa reprise de l’entraînement, prévue mardi, l’un des principaux artisans de la montée du club alsacien en Ligue 1 revient sur sa décision, « difficile » mais « réfléchie » de ne pas prolonger à Strasbourg. L’occasion aussi de clamer encore son attachement au RCSA. Parce que s’il aura les pieds un peu plus en Orient, son cœur sera encore un peu dans le nord-est de la France.
Au moment de l’annonce de votre signature à Malatyaspor, vous avez sûrement reçu un paquet de messages et notifications sur vos réseaux sociaux…
Ça a été un truc de malade ! Il y a eu les supporters turcs contents qui me souhaitaient la bienvenue. Mais aussi ceux du Racing qui m’ont envoyé des encouragements, des remerciements, et d’autres qui ne comprenaient pas ce choix.
Certains ont en effet un peu de mal à le comprendre…
Moi j’ai toujours été clair. J’allais choisir sur la globalité de l’offre : la découverte d’un championnat, la première division, le fait que ce soit un pays musulman, l’ambiance… Et puis, j’ai toujours dit que l’aspect financier jouerait un grand rôle.
Votre décision a été difficile à prendre ?
Oui ! J’avais le papier dans les mains pendant une heure. On venait me voir pour savoir si j’avais signé, j’étais encore en train de réfléchir.
Qu’est-ce qui vous a fait hésiter ?
C’est Strasbourg, la Ligue 1… Et puis, c’est la première fois que je pars à l’étranger. Même ma mère voulait que je reste à Strasbourg ! Mais on me proposait plus du double de différence de salaire. J’ai joué pour le plaisir du foot avant. Oui, j’aurais pu continuer à bien gagner ma vie ici. Mais j’ai préféré la gagner encore mieux. J’assume. Les gens qui me connaissent savent que je ne suis pas un mercenaire. J’ai eu d’autres offres et j’aurais pu toucher encore plus d’argent. De Chine par exemple. J’ai refusé, parce qu’il n’y avait pas tout le reste.
Est-ce que vous craignez d’avoir des regrets un jour ?
Non, parce que je ne suis pas un mec qui regrette. C’est un choix réfléchi. J’ai comparé toutes les offres avec Strasbourg. Le contrat en Chine, ça pouvait se compter en millions, je pouvais toucher plus d’argent en moins de temps, mais je me suis dit « je vais avoir un enfant, je vais aller à Pékin, avec la pollution et tout ». J’ai pensé à tout.
D’autres footballeurs ont aussi opté pour la Turquie : Valbuena, Gomis…
Belhanda aussi (l’international marocain a signé à Galatasaray) ! Et puis dans mon club, j’ai été le premier à signer, mais pas mal ont fait ce choix. Les trois qui arrivent (Farnolle, Dia, Chebake) ce sont des amis, ça va faciliter l’adaptation. Je partais dans l’inconnu quand j’ai signé, là ça montre un peu plus que ça peut valoir le coup. L’an dernier, je devais aller en Turquie avant de venir à Strasbourg. Finalement, l’histoire m’a souri. J’espère que ça va continuer. Si je réussis en Turquie et que Strasbourg en Ligue 1 aussi, je serais le plus heureux. Parce que j’ai pour le Racing, comme pour tous les clubs où je suis passé, un réel attachement.
Mais vous avez quand même mis le Racing en difficulté à devoir vous trouver un remplaçant !
Non (Il rit, un peu gêné). Ils n’ont pas eu de chance avec Baptiste (Guillaume, attaquant prêté un an à Strasbourg) qui voulait rester mais qui a dû aller à Angers. Il ne faut pas s’inquiéter, ils vont trouver ce qu’il faut. Il faut prendre le temps, choisir tranquillement. Parce qu’il faut tout regarder : la technique mais aussi la mentalité. Tu ne remplaces pas les joueurs un par un, c’est un groupe que tu formes, que tu soudes.
Vous connaissez une des deux premières recrues, Pablo Martinez, pour avoir joué avec lui au GFC Ajaccio. Vous aviez discuté de Strasbourg avec lui ?
Je savais qu’il allait venir. Comme pour moi l’an dernier, c’est un joueur que le coach connaît très bien. J’ai toujours trouvé incroyable sa capacité à s’adapter. Et surpris qu’il ne joue pas plus à Angers. Je sais que c’est pour cela que certains supporters ne sont pas contents de le voir ici, mais ils vont vite changer d’avis. C’est un gagnant. Un mec qui ne lâchera jamais rien. Et qui peut dépanner à plusieurs postes. C’est le plus important parce que c’est ce qui a fait notre force l’an dernier : on était une équipe avec beaucoup de polyvalence. C’est un bon mec de vestiaire. Et si tu pars à la guerre, tu sais que tu peux y aller avec lui.
C’est votre premier gros contrat, votre première saison à l’étranger… Comment abordez-vous ce tournant ?
Sereinement, comme d’hab’ (Sourire). On verra bien sur place comment ça se passe.
Que dirait le Khalid Boutaïb qui évoluait encore à Uzès ou Luzenac il y a quatre, cinq ans au Khalid Boutaïb d’aujourd’hui ?
Tu t’en es bien sorti ! (Sourire)
En inversement, qu’est-ce que pourrait dire le Khalid Boutaïb d’aujourd’hui s’il rencontrait celui de l’époque ?
T’inquiètes pas, il y a de belles choses qui t’attendent. L’année qui vient de passer en particulier, au niveau des émotions… à tous les niveaux…