URBANISMELe quai des Bateliers est mis à pied, qu’en pensent les usagers?

Strasbourg: Le quai des Bateliers est mis à pied, et alors, qu’en pensent les usagers?

URBANISMEDepuis mardi matin, le quai de Bateliers est en sens unique et le trafic est en partie dévié dans les rues avoisinantes. « 20 Minutes » est allé voir comment ça se passe pour les usagers…
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Les travaux de réaménagement des quais sud de la ville de Strasbourg, notamment quai des Bateliers, ont débuté, la circulation en sens unique est mise en place
  • Premiers embouteillages, premières réactions, les avis sont partagés

«Sur le papier, c’est bien, c’est une bonne idée, mais en vrai, c’est le bordel et tout le monde passe devant mes fenêtres alors que c’était tranquille ici », râle depuis le premier étage un riverain de la rue des Orphelins. Et il est vrai, qu’avec la mise en sens unique du quai des Bateliers et la déviation d’une partie de la ligne de bus 10 qui passe dans la Krutenau, certaines rues adjacentes au quai sont, aux heures de pointe tout particulièrement prises d’assaut.

Utilisés par les automobilistes pour transiter au sud de la ville, les quais sud permettent aussi la desserte de nombreuses écoles. Le projet définitif, accepté après de nombreuses « concertations citoyennes », prévoit en particulier la création d’une zone de rencontre quai des Bateliers, sa mise en sens unique avec une limitation à 20 km/h et des aménagements pour « casser » la vitesse, des berges flottantes pour les promeneurs. Pour l’heure, le chantier concerne en sous-sol l’électricité, les vieilles conduites d’eau potable et le gaz.

Si l’intention de la ville est de vouloir changer les habitudes des automobilistes pour limiter la pollution, de favoriser les transports en mode doux et de mettre en valeur le patrimoine de la ville, les premiers reproches naissent avec les premiers ralentissements, même si les avis divergent énormément entre usagers mais aussi selon les riverains.

Elois, commerçant rue des Veaux, est étonné du calme qui règne ce mardi matin. « C’est vrai, je n’ai vu personne mais c’est très difficilement accessible depuis tout l’ouest de la ville. Ils veulent compliquer pour compliquer. » Si de nombreux commerçants ont approuvé ces réaménagements, certains ne sont toujours pas convaincus. Pour le gérant d’une épicerie fine quai des Bateliers, le vrai problème, ce n’est pas le projet en lui-même, mais « il faut que les clients puissent avoir un endroit pour stationner quelques instants, afin de prendre leur commande. Comme ce n’est pas le cas, ils repartent avec un ou deux sachets, au lieu de quatre, voilà… C’est peut-être bien pour les restaurants et les bars, mais moi, les gens repartent les mains dans les poches », regrette le commerçant.

« Ré-apprendre à vivre ensemble »

Alexandre, sur son vélo, dit attendre la piste cyclable avec impatience. « C’est très bien tout ça, mais c’est vrai qu’on sent que c’est un capharnaüm pour les automobilistes, surtout au niveau du pont du Corbeau. Mais les habitudes vont évoluer, les gens vont s’organiser autrement. » « Oui mais dans la contrainte », explique Barbara, très en colère. « Je ne sais plus comment faire pour déposer mes enfants à l’école et j’ai besoin de la voiture pour aller travailler également. Il faut patienter longtemps pour atteindre le carrefour du pont du Corbeau, et quand il est vert, il n’y a que trois voitures qui peuvent passer car tout le monde est coincé avec le tourne à gauche autorisé quai Saint-Nicolas. C’est invivable. »

Pour Robert, résidant quai des Bateliers, c’est surtout le stationnement qui le gêne : «j’approuve ce projet dans son ensemble, même si maintenant je ne sais plus comment je vais atteindre mon parking [privé], car j’arrive du mauvais côté de la ville. Avec le sens unique, pour les 50 derniers mètres, je vais devoir faire un grand détour dans des rues surchargées. » Pour Yves, qui travaille dans le milieu de la nuit, c’est l’arrêt du bus de nuit, le Hibus qui pose problème : « L’arrêt est trop loin maintenant alors qu’il était en plein centre-ville et ça rassurait les filles. Maintenant, je ne sais pas. »

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« Même si la circulation fait grincer des dents », reconnaissent des riverains, cet « apaisement » des quais est « presque salutaire ». Pour Viviane, ce projet est inespéré : « Même si ça coince un peu, c’est un vrai bol d’air, même si pour l’instant ça ne se voit pas. Mais il faut être patient et de toute façon, cela ne pouvait plus durer comme ça, on va tous ré-apprendre à vivre ensemble. »

Et les usagers devront prendre leur mal en patience ou repenser leur itinéraire car l’ensemble du chantier et la fin des aménagements sont prévus pour fin avril 2018.