VIDEO. Strasbourg: Le quartier de la Canardière à la Meinau fait place nette
URBANISME•Avec le réaménagement d’une place centrale du quartier de la Meinau, les habitants naviguent entre espoirs et résignation…Gilles Varela
L'essentiel
- La place centrale Ile de France, dans le quartier de la Meinau, est en chantier jusqu’à l’été 2017.
- Des habitants sont satisfaits des aménagements apportés depuis 2009, même si certains doutent que cela change en profondeur leur quartier.
Située au cœur de la cité de la Canardière, la place de l’Ile-de-France l’est aussi dans celui de ses riverains. Originellement lieu de rencontre avec son marché, bordée de commerces de proximités, d’immeubles et d’infrastructures culturelles, la place avec son square de 8.000 m2, avait besoin d’être réaménagée, « repensée », tout comme son aire de jeu devenue un « squatt » où l’on ne voyait pas trop ce qu’il s’y passait, affirment des riverains.
Mais depuis 2009, date du plan d’aménagement urbain, le quartier de la Canardière change peu à peu. La destruction de certaines tours devenues insalubres, le réaménagement des petites places, de rues, la réhabilitation de centaines d’appartements et la construction de logements tout neuf, donnent une bouffée d’air à un quartier qui n’a pas toujours eu la meilleure des réputations.
C’est à présent, avec les travaux de transformation de l’avenue de Normandie qui sont menés parallèlement, « un moment de bascule » de la vie du quartier, comme l’a indiqué l’adjoint Mathieu Cahn. Si une ligne de bus à haut niveau de service est prévue sans qu’aucune date ne soit arrêtée, les aménagements permettent déjà aux lignes de bus régulières de bénéficier de voies rapides, en « site propre ».
Fruit de la concertation
L’aménagement de la place, qui n’était pas prévu au départ, précise Mathieu Cahn, est le fruit de concertations « élargies » avec les résidents du quartier. Actions pédagogiques avec les enfants des écoles environnantes via un concours d’architecture et de paysages, questionnaires, c’est surtout les réflexions sur son usage qui sont à l’origine de ce projet, une place utilisée principalement par les enfants. D’ailleurs, deux aires de jeux avec des activités distinctes accueilleront les trois à neuf ans.
Pour Vanessa, maman d’une petite fille de quatre ans, c’est un « véritable plus pour le moral. Ça sera plus propre et on pourra les laisser jouers. Car avant, il y avait des seringues et des choses qui traînaient. Mais cette propreté restera entre les mains des habitants, à voir… »
Même son de cloche pour un « pétanquiste » voisin : « Avec les arbustes, les arbres, on ne voyait pas vraiment ce qui se passait là-dedans. Des fois il y avait des cris, du deal, c’était un squatt et les gens avaient peur de laisser leurs enfants sur la vielle aire de jeu. Ça va aller maintenant. »
Pour un autre riverain, « les travaux partout, c’est bien mais ça ne fait pas oublier la misère du quartier. C’est un quartier pauvre. Ils changent les rues, les places, c’est visible, mais ils ne changeront jamais l’intérieur. Ce sont les gens qui font le quartier. » « Maintenant, il y a des confusions entre la voie de bus et l’accès au parking. Ils prennent la piste cyclable en voiture », ajoute un troisième. « Ils ne vont pas faire des détours pour aller chez eux en voiture où alors il faudra mettre la police », promet Nadir, un quadra.
« Ça va être bien pour les commerces et le marché [mais] ces larges voies faites pour les bus vont être un régal pour les rodéos à scooter. C’est déjà le cas et personne ne fera rien, pourtant, la voie frôle le parc avec les enfants, ce n’est pas bon », doute encore un habitant.
En attendant le rendu du parc, fin juin, le chantier permet l’insertion professionnelle de jeunes venus de « quartiers prioritaires » ou des alentours, et qui bénéficient d’un accompagnement socio-professionnel renforcé. Avant que le deuxième plan de rénovation urbaine ne débute en 2018. Comme un éternel recommencement…