Des Don Quichotte campent dans la cathédrale de Strasbourg

Des Don Quichotte campent dans la cathédrale de Strasbourg

STRABSOURGL'association Don Quichotte tente une nouvelle action...
A Strasbourg, Philippe Wendling

A Strasbourg, Philippe Wendling

Ils l’avaient annoncé, ils l’ont fait. A l’appel de l’association Les Enfants de Don Quichotte Strasbourg et de son président Alexandre Glardon, une quinzaine de sans-abri ont déployé dix tentes dans l’allée sud de la cathédrale de Strasbourg, samedi matin peu après dix heures.


« Nous venons demander le droit d’asile », a expliqué Alexandre Glardon à deux agents de sécurité employés à la sécurité de l’édifice et visiblement débordés par l’arrivée des SDF. Une doléance qu’il a réitérée moins de cinq minutes plus tard aux premiers représentants des forces de l’ordre arrivés sur place.


Revendications

Dénonçant un manque de structures d’hébergement pour les SDF dans la capitale alsacienne, Alexandre Glardon s’est dit déterminé. « Je me suis engagé pour que personne ne dorme dans la rue le soir de Noël, a-t-il déclaré. Il reste deux jours et je tiendrais mon engagement. Pour nous sortir d’ici, il va falloir me tuer, nous trouver des studios ou au moins nous donner l’autorisation de retourner quai Sturm. » Situé entre la préfecture et la ville de Strasbourg, le quai avait abrité le premier campement strasbourgeois des Don Quichotte de janvier à avril derniers. « Nous sommes prêts à partir tout de suite, si on nous donne la cellule d’hébergement que nous réclamons depuis un an. Elle nous permettrait d’y accéder directement sans avoir besoin de passer par le 115 qui est toujours saturé, poursuit Alexandre Glardon. Malheureusement aujourd’hui dans cette ville, il y a un manque de places et une réelle volonté de laisser les gens dans la rue. »


Depuis plusieurs mois, il demande que son association puisse gérer elle-même une structure d’accueil. Selon son projet, elle permettrait de loger vingt-cinq SDF le temps nécessaire à leur réinsertion sociale et professionnelle.


Négociations

Refusant de replier leurs tentes et de quitter la cathédrale comme le demandent les autorités, les Enfants de Don Quichotte n’ont pas pour autant coupé le dialogue. Alexandre Glardon a notamment discuté vers 11 h 40 avec Monique Alba, sous-préfète en charge des questions du logement. Pendant leur échange, cette dernière a insisté sur le fait qu’elle n’avait aucune légitimité pour l’autoriser à monter un campement quai Sturm, comme il le demandait. Elle a également précisé que des solutions en matière d’hébergement d’urgence avaient été débloquées au cours des derniers jours et que les services concernés continuaient à travailler. Néanmoins, elle a reconnu qu’il n’y avait actuellement « aucune place disponible dans les hôtels. Nous allons demandé si nous pouvons avoir une école ou un gymnase pour vous loger ». Des discussions seraient actuellement menées entre Matignon, la préfecture et les autorités ecclésiastiques pour trouver une issue rapide à la situation.


Symboles

La cathédrale de Strasbourg n’a pas été choisie au hasard par les Don Quichotte. Ils entendaient appeler ainsi « les journalistes et les touristes à ne plus montrer ou regarder le Marché de Noël et ses beaux petits chalets sans faire le parallèle avec, à peine trois rues plus loin, la laideur des cartons entassés sous un corps humain et la détresse de cette main qui se tend. » Le parvis de l’édifice religieux abrite en cette période une trentaine de stands du Marché de Noël. L’animation a attiré l’an passé plus de 2 millions de visiteurs dans la ville.


Autre symbole mis en avant par Alexandre Glardon: la visite officielle du président de la République jeudi au Vatican. « Nous sommes en adéquation avec lui au moins sur un point », lâche ironiquement le chef du campement avant d’ajouter plus sérieusement : « ici, nous sommes protégés par l’Eglise ». Un point de vue que ne semble pas partager le chanoine Eckert, archiprêtre de la cathédrale. Le sommant de quitter l’édifice, il a déclaré aux sans-abri : « Je comprends votre problème, mais vous vous trompez de lieu ».


Campant sur leurs positions, les Enfants de Don Quichotte sont toujours sur place samedi après-midi.