Certains téléspectateurs ont peut-être reconnu la reprise de Ry’m sur le coup de 23h sur TF1, samedi. Pour son passage devant le jury de l’émission « The Voice », le chanteur strasbourgeois Ludo n’a rien changé de ses habitudes de leader du groupe Lyre le temps, en reprenant son habituel Hit the road Jack !, fréquemment joué en concert.

Venu sur le plateau d’enregistrement du programme de TF1 avec son piano et son acolyte alsacien DJ Q, Ludovic Schmitt est reparti avec son billet pour le tour suivant, après avoir conquis les quatre membres du jury. Tout en restant lui-même. « Je n’avais jamais regardé The Voice avant, je voulais arriver avec le plus de candeur possible », sourit-il.

« Je n’ai pas vendu mon âme, je n’ai pas dévié de ma route »

Et de préciser : « C’est un morceau que je fais depuis longtemps, parce que tout le monde le connaît et qu’il peut relier tous les gens qui aiment le swing, l’électro ou le hip-hop et qui ne suivent pas forcément Lyre le temps à la base. » Pas question, donc, pour Ry’m de la jouer solo, mais bien de défendre l’image de sa formation née en 2009.

Avec toujours la même recette énergique, bien connue des fans d’électro-swing, jusqu’au Japon ou aux Etats-Unis. « Quitte à ne pas être aimé, autant que je ne sois pas aimé pour qui je suis vraiment, défend-il encore à propos de son choix (libre) de la chanson de Ray Charles pour The Voice. Je n’ai pas vendu mon âme, je n’ai pas dévié de ma route. »

Fortement encouragée, la candidature de Ludo avait pourtant un goût de pari. Parce qu’en s’exposant devant des millions de téléspectateurs face aux sièges retournés du jury, le chanteur à la carrière déjà bien engagée s’est remis au même niveau que n’importe quel candidat. Mais pour gagner en notoriété, l’enjeu en valait la peine.

« Certains croient au montage mais la séquence a été très peu coupée »

En quelques minutes, sa voix a fait chavirer le jury, intrigué par son piano utilisé à la verticale (héritage des débuts de Lyre le temps serrés dans un appart étudiant). Et au final, c’est l’équipe de M Pokora, le plus éloigné musicalement de lui, mais showman et surtout Strasbourgeois comme lui, que Ludo a choisi. Sans préméditation, insiste-t-il.

« Quand tu es confronté au choix, il faut trouver quoi dire pour rester poli envers tout le monde et ne pas froisser les trois autres membres du jury. Et même si tu anticipais, tout va tellement vite que tu ne pourrais même pas réciter ce que tu avais en tête. Depuis hier, certains croient au montage mais la séquence a été très peu coupée. »

Technicien machiniste sur un concert de M Pokora au zénith de Strasbourg en tant qu’intermittent en 2014, Ludovic Schmitt n’a ainsi pas manqué de raconter l’anecdote pour justifier son choix final au cours de son passage enregistré voilà quelques semaines. « Il avait vraiment été hypersympa, ce n’est pas un mytho », répète-t-il.

Une très longue journée d’enregistrement avec le trac

Après trois précastings (devant jury, boîte de prod ou prof de chant), le leader des Lyre le temps a donc passé une longue journée stressante au studio d’enregistrement, entouré de sa femme, son meilleur ami et son DJ, dans une grande pièce avec une quinzaine d’autres candidats. « De 8h30 à 0h30, le trac a le temps de monter », rigole-t-il.

La pression : « Ça fait dix ans que je me déchire pour ce métier, et là j’ai l’opportunité d’entrer dans le grand bain, de dire en France que j’existe, alors je sais forcément que cette audition est une étape importante dans la suite des choses. » Concentré comme d’habitude sur le public pendant son live, le chanteur l’a pourtant vécu très bien.

« J’ai été surpris par la qualité humaine et technique de The Voice »

Déjà accommodé aux caméras, Ludovic Schmitt s’est également vite retrouvé mis à l’aise pas les cameramen, dont deux sont devenus des potes, au fil des quatre semaines d’enregistrement des étapes suivantes - dont il ne peut rien dire du tout. La découverte de la grosse machine télévisuelle de TF1 a en tout cas été plus que positive.

« J’avais peur d’un gros truc mainstream, mais j’ai été surpris par le côté humain et l’attention portée par tous les acteurs. Comme par la qualité technique de tous les intervenants. Tout est fait pour que tu sois dans tes petits chaussons. C’est une machine, il y a 400 personnes qui bossent dessus, rien n’est laissé au hasard. »

La deuxième audition de sa vie, seulement

Devant Florent Pagny, Mika, Zazie et M Pokora, Ry’m passait seulement la deuxième audition de sa vie, après celle l’ayant permis d’entrer au prestigieux Berklee college of music de Boston, découvert en tapant « meilleure école de musique du monde » sur Google après avoir arrêté la fac de droit en troisième année.

Car la musique, pour ce Strasbourgeois de 29 ans qui a grandi à Haguenau dans le nord de l’Alsace, est plus qu’une passion depuis ses quatre ans. « Ma mère est pianiste amateur. Elle a toujours voulu qu’avec mon frère et ma sœur, on écoute de la musique et on en fasse. » Même sur TF1, un samedi soir, pour lui, désormais.

De nombreux messages sur Facebook ou Twitter depuis samedi

Cherchant d’abord à augmenter la notoriété des Lyre le temps en France, Ry’m est largement en passe d’y parvenir, au vu du nombre de messages sur Facebook ou Twitter reçus depuis samedi soir. « L’impact est fou, reconnaît-il, un brin surpris. Mais je ne me vois pas gagner parce que je ne pense pas avoir le profil pour gagner The Voice ».

Peu importe le résultat final, Ludovic Schmitt a néanmoins d’autres projets derrière la tête. Après une semaine de boulot à Mulhouse, c’est maintenant une mini-tournée qui l’attend en Allemagne avec son groupe début mars, en attendant leurs autres dates françaises. Mais jusqu’en 2018, Lyre le temps a encore plein d’idées et de nouveautés.

Au Molodoï à Strasbourg, le 11 mars. Dans le cadre du festival Molodoi Prison Blues au profit de l’association Génépi (qui sensibilise au milieu carcéral), le groupe Lyre le temps jouera dans la salle strasbourgeoise le samedi 11 mars. Entrée à prix libre.