Alsace : Un « mur des noms » va réunir Alsaciens et Mosellans morts pendant la Seconde Guerre mondiale
HISTOIRE•Un « mur des noms » sur lequel seront gravés les noms d’au moins 52.000 Alsaciens et Mosellans, civils et militaires morts pendant la Seconde Guerre mondiale, va voir le jour au Mémorial de Schirmeck d’ici la rentrée prochaine…Gilles Varela
Il y a des murs qui séparent et d’autres qui rassemblent. C’est là tout le paradoxe d’une Histoire qui aujourd’hui encore blesse bien souvent les Alsaciens, les Mosellans. Il n’y a qu’à écouter les témoignages des derniers « Malgré nous », ceux enrôlés de force dans l’armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, pour voir combien la perception en France de cette époque sombre est toujours complexe, délicate, voire « même d’actualité », regrettent des anciens. « Il y avait un besoin d’avoir un lieu pour ceux qui ont été réunis par leur destin et emportés dans la tourmente », a déclaré le président de la Région Grand Est Philippe Richert, lors d’une conférence de présentation du « Mur des noms » qui sera prochainement érigé à Schirmeck.
Un mur, mais pourquoi faire ?
Le mur sur lequel seront gravés le nom, le prénom et la date de naissance de près de 52.000 victimes alsaciennes et mosellanes du nazisme, va bien entendu servir aux jeunes générations, aux groupes scolaires, pour ne pas oublier mais aussi expliquer. Au passage, il va également enrichir la proposition touristique offerte par la région pour le « tourisme dit de guerre et de mémoire ». Mais il va surtout permettre aux 30.000 victimes « Malgré-Nous » pour l’instant recensées, souvent tombées sur le front de l’Est et pour beaucoup sans sépulture, d’avoir un lieu où les familles puissent se recueillir.
Combien de noms ?
Au moins 52.000 noms (45.000 identifiés dans un premier temps) vont être inscrits dans l’ordre alphabétique, afin de ne blesser personne et d’éviter toute « sectorisation » polémique. Car l’objectif est bien de rendre hommage à toutes les victimes du nazisme, quelles que soient les circonstances de leur mort, pourvu qu’elles soient nées en France, avoir résidé ou être décédée en Alsace ou en Moselle. Excepté bien entendu les volontaires qui ont intégré l’armée nazie.
Côté mosellan, n’ont été recensées pour l’instant que les victimes militaires, à savoir 6.700 Mosellans incorporés de force et 2.200 sous l’uniforme français. La décision d’un mémorial commun, rendue possible par la fusion de la Région Est, les équipes des archives départementales de Moselle n’ont pas encore pu recenser le nom des victimes civiles, estimées à environ 7.000 personnes. Côté Alsaciens, seront inscrits les noms de 23.700 incorporés de force, 2.800 morts sous l’uniforme français ou de la résistance et près de 4.000 civils.
A quoi ça va ressembler ?
Le monument sera aménagé en contrebas du « Mémorial de l’Alsace-Moselle », à Schirmeck, un musée historique actuellement en rénovation et près de l’ancien camp de concentration du Struthof. Sur un mur long de 80 mètres, seront gravés sur des plaques indépendantes les unes des autres, les noms et prénoms ainsi que la date de naissance des victimes. Pour éviter toute erreur, n’y figureront pas les dates de décès, mais les informations plus précises sur chaque personne seront disponibles numériquement dans une base de données accessible au Mémorial. Le coût des travaux, entièrement financé par la Région est de 1.2 millions d’euros.