Football: Comment les clubs amateurs comme Sarreguemines gèrent le coup de projecteur de la Coupe de France?
SPORT•Pour la deuxième année consécutive, le club amateur du FC Sarreguemines joue ce mardi (contre Niort à 18h) les 16es de finale de la Coupe de France, après s'être adapté pour gérer la forte médiatisation autour de l'événement...Bruno Poussard
Ces dix derniers jours, les sollicitations n’ont pas arrêté. Après un plateau en direct sur BeIN, un reportage de BFMTV, un autre d’Eurosport ou encore un autre d’Europe 1, le FC Sarreguemines sera de nouveau au centre de l’actualité sportive ce mardi 31 janvier, en recevant Niort au stade de la Blies. La magie d’un 16e de finale de Coupe de France.
« Il y a beaucoup plus de monde au stade, de journalistes aussi, et puis de caméras de télévision, les émotions ne sont pas les mêmes », se réjouit Fahdi Redjam, défenseur du club mosellan depuis deux ans. Le président du club, Christophe Marie résume l’intérêt général d’une qualif' : « Ça nous permet montrer une belle image de marque de la ville. »
« Profiter et partager au maximum cette aventure »
Presque habitué aux exploits face aux clubs de Ligue 2, Sarreguemines savoure, à l’heure de jouer Niort (18h). Huitième de finaliste avec Sarre-Union en 2016, Thomas Zerbini se souvient lui : « A ce stade, tout le monde en parle. Avant, il y a des médias tous les jours à l’entraînement. Il faut partager cette aventure et en profiter un maximum ! »
Mais derrière les belles histoires de petits poucets se cachent chaque année de sacrées organisations internes improvisées. Dans le nord-est de la Moselle par exemple, Raoul Feuerstein, depuis deux ans au comité directeur, s’occupe de la communication et centralise bon nombre de demandes. Le téléphone sonne souvent en ce moment.
Que chaque joueur profite du coup de projecteur
« La Coupe ne nécessite pas plus de ressources mais d’heures, estime-t-il. Après, c’est un plaisir de décrocher quand c’est pour L’Equipe, RMC, RTL ou France Bleu. Puis ce serait dommage de ne pas profiter de la possibilité de faire découvrir notre petit club sympa de Moselle ! » Hors de question donc, de refuser des sollicitations. Mais plus de les répartir.
« On veut tout donner aux joueurs, c’est eux qu’il faut remettre sur le devant de la scène », insiste le coach, Sébastien Meyer. Si le buteur Hassan M’Barki a l’histoire et les stats pour être rapidement mis en avant, l’encadrement du FC Sarreguemines souhaite que chacun de ses acteurs impliqués puisse profiter d’un article ou d’un sujet vidéo.
Un entraîneur ou un chargé de communication comme intermédiaire
En 2003, l’entraîneur alsacien de Schiltigheim (sorti en quarts contre Rennes) en avait fait de même. « Les sollicitations passaient toutes par moi, se remémore José Guerra. J’avais mis cela en place car la réussite était collective, simplement afin de partager, puis contenir pour éviter de dérouter. Mais notre capitaine avait même été à Téléfoot ! »
A Sarreguemines, Raoul Feuerstein, arrivé dans une phase de croissance du club, joue les intermédiaires : « Par téléphone, j’explique notre fonctionnement pour accueillir les médias de la meilleure manière possible et puis je vais à l’essentiel afin d’aiguiller les demandes et transmettre le bon numéro. Je ne suis pas attaché de presse non plus ! »
Pas question de refuser des demandes et de mettre les joueurs dans une bulle
Si la structuration est nécessaire, pas question à ce niveau d’enfermer les joueurs dans une bulle. Même si le quotidien est bouleversé, comme à Schirrhein, auteur d’une épopée en 2009 : « On avait des demandes tous les jours, décrit Franck Rischmann. On a donné un coup d’envoi à l’Etoile noire [le hockey strasbourgeois], on a vu un match de la SIG en loges… »
Les heures voire les jours précédant le match nécessitent seulement de cloisonner un peu les formations amateurs. « Il faut quand même qu’ils restent lucides et qu’ils gardent du recul, car l’important, c’est toujours la compétition », recadre l’entraîneur Sébastien Meyer. Jongler entre folle médiatisation bénéfique et ambitions est un défi.
Des liens noués avec les journalistes pendant l’aventure
Bien qu’éphémère, le coup de projecteurs fait en tout cas souvent partie des bons souvenirs gardés. Pas seulement par les acteurs, d’ailleurs. Capitaine de Schirrhein en 2009, Franck Rischmann raconte : « Récemment, un journaliste de L’Equipe qui nous avait suivis à l’époque est venu nous voir en passant dans le coin ! »
A Schiltigheim, le club avait tissé de vraies relations avec les reporters locaux au cœur de l’aventure, jusqu’à les inviter à un déjeuner à son terme. « C’était important qu’ils ressentent ce qui animait notre équipe », justifie José Guerra qui avait même été sollicité par des médias portugais, pays de ses origines. Preuve que les projecteurs de la Coupe n’ont pas de frontière !