Développées à Strasbourg, des trottinettes partagées arrivent en mars en région parisienne
TRANSPORT•A parir du mois de mars, des bornes avec des trottinettes en autopartage seront testées dans plusieurs communes du sud de Paris. C'est un start-up strasbourgeoise qui en est à l'origine...Bruno Poussard
Depuis un moment déjà, toutes les grandes villes de France ont installé des vélos en libre-service. Et si l’avenir, maintenant, c’était les trottinettes ? Au mois de mars, des communes des Hauts-de-Seine, au sud de la capitale, s’apprêtent justement à tester le système avec une centaine de trottinettes, développées à Strasbourg, en autopartage.
A Clamart, Châtillon ou Montrouge, des habitants pourront plus vite se rendre par ce biais à leur arrêt de tram ou de métro. « Le choix du moyen de déplacement de chacun dépend à 80 % du premier kilomètre entre son logement et les transports en commun, clame Polina Mikhaylova, co-fondatrice de Knot. Ce problème n’est toujours pas réglé. »
Un moyen pratique d’encourager, aussi, les transports en commun
Avec une trott' légère, facilement accessible et utilisable sur les trottoirs, la start-up basée en Alsace veut participer à le régler. « La voiture est souvent jugée plus confortable si les gens ont plus de 400 mètres à pied à faire avant les transports en commun, embraye Arthur Keller, co-créateur. Alors que la trottinette est idéale jusqu’à deux kilomètres ».
Devant un marché du vélo partagé jugé « assez pourri, et au coût très élevé », les Strasbourgeois d’adoption Polina Mikhaylova et Arthur Keller ainsi que l’Allemand Sébastien Rüstig ont lancé leur société de trottinettes partagées, « facilement rentables », fin 2015, avec un quatrième comparse avec qui la collaboration a récemment fini.
Une start-up créée fin 2015 à l’intérêt grandissant
D’abord nommée Samocat et aujourd’hui Knot, la start-up a vite suscité un gros intérêt. Après une première signature avec la Deutsche Bahn, équivalent allemand de la SNCF, l’entreprise alsacienne a attiré un accélérateur où investit notamment le groupe BMW qui l’a invité trois mois à New York, où s’est déjà déroulée une phase en bêta test.
Mais là où Knot va concrètement participer à la mobilité urbaine, c’est d’abord en France, et donc en région parisienne, dans le cadre du Grand Paris. « Les chantiers sont pénibles pour les habitants, alors des projets sont recherchés pour les aider dans leurs déplacements », rebondit Polina Mikhaylova, diplômée en finance.
Des locaux à Strasbourg, un site de production à Sarrebruck
Les trottinettes partagées et leurs bornes aux murs ont donc été retenues afin d’être expérimentées pendant trois mois. Si le test est réussi, elles pourront être plus largement installées ensuite. « On est surexcités, c’est une étape cruciale, même si c’est un peu flippant », reconnaît l’ingénieur en mécanique Arthur Keller qui vit cette croissance comme une belle surprise.
Dans leurs petits locaux situés dans un appartement strasbourgeois où s’activent un ingénieur en électronique et des développeurs aux côtés de deux des fondateurs, comme sur le site de production de Sarrebruck où vit le troisième créateur Sebastien Rüstig, designer produit de formation, les nuits seront courtes d’ici le mois de mars.
En attendant des trottinettes pour la Deutsche Bahn en Allemagne
Dans le futur, ces trottinettes entièrement développées par les soins de cette équipe âgée de 20 à 30 ans débarqueront à Lille (où Knot a remporté un appel d’offres pour le campus). En parallèle, des discussions sont également en cours avec d’autres villes, universités ou constructeurs automobiles. Et pas seulement dans l’Hexagone.
En Allemagne, la Deutsche Bahn (qui gère aussi les moyens de déplacements à la sortie des gares) souhaite tester ce système avec des entreprises partenaires, mais en électrique. Et la start-up voit plus loin, avec une flotte libre, soit un nombre réduit de stations et des trottinettes localisables, aux cadenas intégrés, et attachables partout.
Plusieurs leviers de développement
A l’automne 2017, elle espère être en mesure de proposer ce système pour « faciliter encore l’usage », défend le natif de Sarreguemines Arthur Keller. Elle travaille dès aujourd’hui sur le développement d’un cloud, un système intelligent capable d’échanger l’ensemble des informations, entre bornes, trottinettes et applications des usagers.
Autre axe de développement financier, l’ensemble des données récupérées par les capteurs de géolocalisation situés sur les trott' intéressent aussi un certain nombre d’acteurs, notamment industriels… Avec toutes ces cordes à son arc, Knot a donc de quoi devenir un très grand acteur des nouveaux modes de mobilité urbaine.
L’année 2017 pourrait la faire entrer dans une nouvelle dimension. Déjà récemment présente au salon de l’automobile à Detroit et au Consumer Electronics Show, celui de l’innovation technologique à Las Vegas, la start-up a prévu une levée de fonds en mars. Elle dispose déjà d’investisseurs étrangers. Et de contacts à San Francisco ou Londres.