Strasbourg sera-t-elle à la pointe contre les barquettes en plastique dans les cantines ?
SANTE•Dans le cadre du renouvellement du marché public de la restauration scolaire, Strasbourg va progressivement imposer la fin des barquettes en plastique dans les quatre ans, mais qu’en est-il ailleurs ?Bruno Poussard
Un parent d’élève chimiste a tiré la sonnette d’alarme le premier. Mais en 2015, son appel sur les barquettes en plastique pour réchauffer et servir les repas des écoles et jardins d’enfants publics est resté lettre morte. Relancé par une lettre aux 700 signatures fin 2016, le débat a entraîné Strasbourg à prendre des mesures.
Pour des raisons de santé (avec les molécules dégagées par le plastique chauffé, les fameux perturbateurs endocriniens) et d’environnement (en limitant les déchets), leur appel à remplacer ces barquettes par des plats réutilisables en inox a été entendu à l’occasion le renouvellement du marché public de la restauration scolaire de la ville.
Un objectif fixé à 50 % en 2019, et 100 % en 2021 seulement
« Nous avons fait le choix de passer à des contenants réutilisables inertes, mais pas du jour au lendemain », précise Françoise Buffet, adjointe à l’éducation. Dans le cahier des charges est ainsi précisé « un objectif de [les] déployer le plus rapidement possible », et « a minima à 50 % de nos effectifs journaliers […] à l’horizon août 2019 ».
Le remplacement total du plastique n’est ainsi fixé qu’à 2021. Un déploiement souhaité progressif face aux nombreux changements qu’il implique, du matériel à adapter (voire des travaux à réaliser) pour stocker ou transporter des plats plus lourds jusqu’au personnel à former et équiper. Sans parler des modifications pour le(s) prestataire(s) retenu(s).
La première grande agglomération française à s’y mettre
Ce ne sera pas le cas dès la rentrée 2017, mais la ville de Strasbourg pourrait se retrouver à la pointe de la question. Si des initiatives ont vu le jour (comme cette école lyonnaise en lutte contre le gaspillage alimentaire), aucune grande agglomération française n’en a fait autant. Bordeaux va bien arrêter le plastique, mais pour de la cellulose.
Une matière recyclable mais qui pose encore question. « Ces matériaux font quand même appel à un procédé chimique, ils ne règlent pas le problème des perturbateurs et des déchets », embraye Ludivine Quintallet, maman d’élève à l’origine du « Projet cantines ». Parents et municipalité se sont plutôt tournés vers un autre exemple.
Après une pétition, la ville des Sables d’Olonne, en Vendée, a décidé d’abandonner les barquettes en plastique pour des plats inertes (sans réaction chimique possible, soit en inox) à l’été 2015. « A notre connaissance, c’est la seule à être passée au réutilisable », détaille encore Françoise Buffet, entrée en contact avec ses homologues de l’Ouest.
Des contacts avec les Sables d’Olonne, exemple dans le domaine
L’adjointe strasbourgeoise prolonge sur le retour d’expérience : « Ils ont identifié avant nous les problèmes autour de l’organisation des locaux et du personnel. Mais ils n’ont pas eu tellement d’investissements en plus parce qu’ils ont de petites structures. » Avec 600 repas scolaires contre 10.000, la comparaison avec les Sables d’Olonne est limitée.
La question des conséquences sur le coût du repas et ses répercussions n’est à Strasbourg pas encore concrète. Afin de le limiter, la ville compte sur la concurrence entre les entreprises intéressées (dont l’Alsacienne de restauration, aujourd’hui en place). C’est ainsi pour cela qu’elle a divisé ces repas quotidiens (soit 66 % des élèves scolarisés inscrits) en quatre lots.
Les parents strasbourgeois interrogés dans toute la France
Le choix du ou des prestataire(s) doit être effectué à la fin du mois de mai. Un premier bilan sera tiré deux ans plus tard, où les 50 % de plats réutilisables devront être en place. Et pour accompagner cette transition, un groupe de travail concret (composé de parents, du ou des prestataire(s) et d’agents de la ville) doit être rapidement mis en action.
Souhaitant amorcer ce travail (sur chacun des sites scolaires) le plus vite possible, les parents, néanmoins satisfaits de ces annonces, restent vigilants. « Ces objectifs fixés ne sont en rien une garantie », rappelle Ludivine Quintallet. Preuve que Strasbourg a de quoi servir d’exemple, des parents de toute la France les contactent ces derniers mois…