Strasbourg: Trois secrets ou histoires insolites à connaître sur le vignoble
VITICULTURE•Focus sur le patrimoine – trop souvent oublié — des vignes strasbourgeoises, avec l’un des auteurs du livre « Strasbourg et ses vignobles, un millénaire d’histoires à découvrir »…Alexia Ighirri
Oublions un temps la Route des vins d’Alsace, et recentrons-nous sur l’histoire viticole de la capitale alsacienne. Et notamment sur ces anecdotes, ces petites histoires qui font la grande, sélectionnées par Didier Bonnet, l’un des auteurs du livre Strasbourg et ses vignobles, un millénaire d’histoires à découvrir (Editions du Signe) qui entend relier la ville à ses vignobles. Ceux qui ont pourvu pendant des siècles les tables des « grands » d’Europe.
Quand le Pape réclame. Au XVe siècle, le vignoble strasbourgeois connaît trois années de mauvaises récoltes, pour des raisons climatiques. Les stocks fondent comme neige au soleil. Et il est alors impossible de livrer de nombreux clients… dont le Pape ! Sauf que ce dernier tient à avoir son vin : il menace alors d’excommunication les édiles strasbourgeois. « A l’époque, on ne rigolait pas avec ça ! », commente Didier Bonnet. Les édiles ont prélevé sur leurs propres réserves pour le satisfaire.
Quand les Strasbourgeois ont flairé le bon coup. Pour la dynastie des Hohenstaufen, régnante sur le Saint-Empire germanique, Haguenau en est une capitale. Avec la présence d’administration et de délégation sur place. « Quand l’Empereur venait, il était accompagné de rois, de princes, bref de tous les profiteurs de l’époque, sourit l’auteur. A table, on servait du vin de la région. L’Empereur s’est dit “Tiens, c’est pas dégueu ça !” et ramenait alors du vin quand il quittait Haguenau. » Voulant asseoir leur suprématie sur les cités voisines, les Strasbourgeois s’organisent alors pour ne pas laisser passer ce business, et commencent les livraisons. Le réseau s’étend peu à peu jusqu’à Londres, Stockholm et les pays baltes. Ainsi a débuté l’histoire du commerce du vin à Strasbourg au XIIe siècle.
Quand le vin met les voiles. Le vin était acheminé, de Strasbourg à Cologne, sur des bateaux rhénans qui pouvaient contenir plusieurs dizaines de barriques. A Cologne, la cargaison était chargée sur de plus gros bateaux à voiles, direction l’Europe du nord. « Sur 400 kilomètres, les villes prélevaient des péages. Mais Strasbourg n’avait pas envie de payer ! Et la ville a finalement gagné sa négociation avec l’Empereur », raconte encore Didier Bonnet. De vrais bons marchands ces Strasbourgeois.