Strasbourg: Comment la Cathédrale a été remise en lumière avec soin, avant ce samedi
PATRIMOINE•Dévoilé ce samedi à 19 heures, le nouvel éclairage a nécessité trois ans de travaux, entre études, validation, installation et désormais réglages. Les acteurs impliqués racontent…Bruno Poussard
Talkie-walkie dans une main, puissant laser dans l’autre, a les pieds sur terre mais la tête en l’air, devant . Ce mercredi soir, le maître d’œuvre s’apprête à passer une nouvelle courte nuit. A 72 heures , il guide les réglages d’orientation des nouvelles lumières du majestueux édifice.
A l’autre bout du fil, deux équipes naviguent entre la flèche et la nef. Depuis plusieurs nuits, l’ensemble des 600 points d’éclairage passent entre leurs mains. La précision est décisive. Une fois l’équilibrage entre chacune d’elles terminé, lancé en 2013 va enfin connaître .
Au total, 600 nouvelles LED écologiques déployées
Mais les plus curieux noctambules ont probablement déjà vu des bribes de l’éclairage de ces dernières semaines. « Certains ont pu voir le portail illuminé à des moments fugaces, mais pas forcément avec les bonnes couleurs », nuance néanmoins Jean-Yves Soëtinck, au terme d’un concours lancé par la municipalité.
Depuis près d’un an, ce Lyonnais (déjà ou le parc de l’Orangerie) s’attache, avec les équipes de la ville et celles de , à concrétiser son projet modélisé en 3D. Il résume : « Il s’agissait de retranscrire sa beauté naturelle la nuit, mais surtout pas de raconter une histoire par-dessus. » Sobriété oblige.
« Retranscrire sa beauté naturelle » et mettre en avant certains éléments
C’est pourquoi Jean-Yves Soëtinck s’est d’abord attaché à comprendre les principes de , afin d’en faire ressortir les qualités de la pierre, son teint et les différentes couches de construction. « Parmi les éléments statutaires, il a donc fallu choisir », enchaîne Jean-Yves Soëtinck. Le sien s’est logiquement porté sur les évêques, les apôtres, les anges ou encore les musiciens.
Quant à elle, la pose des 14 kilomètres de câbles au total ne s’est pas réalisée sans contraintes, inhérentes à . « Tout ce qui est posé ne doit laisser aucune trace, résume le patron de , Pierre Biret. Pour ne pas faire de percement complémentaire, on a intégré le matériel dans les joints des pierres. »
Des alpinistes parmi les techniciens spécialisés sollicités
Gérée par Eric Stingel, spécialisé dans la mise en valeur du patrimoine depuis 15 ans, l’équipe de cinq installateurs électriciens a également peint certains équipements à la couleur de la pierre. C’est que rien ne doit être visible. Le travail du détail, toujours… « En fait, il n’y a rien de symétrique, donc chaque fixation est même quasiment unique », détaille Jacques Heitz, du .
A différentes étapes, des ou en maniement (ultra-précis) de nacelles sont aussi intervenus. « Comme on travaille à corps avec la façade, on ne peut prendre aucun risque sur les appareils posés, embraye Jean-Yves Soëtinck. Il ne faut surtout pas gêner l’écoulement de l’eau par exemple, tout peut vite devenir problématique. »
Des couleurs adaptées à la pierre de la cathédrale qui évolueront au fil de la nuit
Longuement réfléchi et largement validé à différents niveaux, l’éclairage se veut, selon son concepteur, particulièrement « qualitatif ». Avec quelques effets, mais toujours de la retenue. en livre un : « La couleur du blanc changera notamment au fil de la nuit, du froid vers le chaud. »
Impliqué , le créateur de l’Acte Lumière n’avait en revanche jamais travaillé sur une telle architecture patrimoniale « Du très haut comme cela, il n’y en a pas des centaines… », coupe-t-il. Avec hâte, sûrement, d’assister au dévoilement de l’entièreté de son travail. Pas en 3D, cette fois. Mais bien en vrai. Nous aussi, à vrai dire.