Pourquoi les buralistes alsaciens craignent plus qu'ailleurs l'augmentation du prix du tabac à rouler
ECONOMIE•A la veille du vote du projet de budget de la Sécurité sociale incluant la hausse des taxes sur le tabac à rouler, les buralistes alsaciens ont critiqué la concurrence déloyale de leurs collègues allemands…Bruno Poussard
Au niveau de l’arrêt de tram Landsberg, Moustafa Naha s’inquiète. Installé depuis 19 ans, ce buraliste strasbourgeois a déjà vu quatre collègues fermer sur la route en direction de Kehl, en Allemagne. Discutée à l’Assemblée ce mardi, la hausse attendue des taxes sur le tabac à rouler n’a rien pour le rassurer.
« Vendre seulement du tabac et de la presse, ce n’est plus possible aujourd’hui, insiste Moustafa Naha, au commerce agrandi et reconverti en café - tabac un an et demi plus tôt. Outre , avec cette augmentation d’un euro, le tabac à rouler sera fini. En plus, je vais perdre un tiers de mon rayon avec la fin des convertibles… »
Fermetures deux fois plus nombreuses dans le Bas-Rhin depuis 2003
A la veille de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2017, ont donc tenu à critiquer cette hausse qui devrait entraîner une augmentation des prix d’environ 15 %. Parce qu’avec , ils estiment subir plus qu’ailleurs.
« Depuis 2003, 8.000 collègues ont mis la clé sous la porte en France. Parmi eux, 156 , dont 49 depuis 2012, et 16 depuis le début de l’année. Combien cela va-t-il être dans les mois qui viennent ? », interroge Patrice Soihier, président de .
Bientôt une différence de huit euros avec l’Allemagne sur 100 grammes de tabac
Il a préparé ses arguments pour imager cette concurrence jugée déloyale : « Le pot de tabac à rouler de 100 grammes risque maintenant d’être vendu à 25 euros en France contre 16,95 euros en Allemagne, ; et le paquet de 30 grammes à 4,50 euros en Allemagne, 7,40 en France. Pourquoi augmente-t-on sans ? »
Selon lui, le manque à gagner fiscal serait de 58 millions d’euros pour les buralistes alsaciens chaque année. « Et avec la ligne de tram jusqu’à Kehl, les gens vont y aller encore plus facilement… », souffle Patrice Soihier. A chaque passage, à transporter quatre cartouches (soit 300 cigarettes) et un kilo de tabac à rouler.
« Nous ne sommes pas contre les questions de santé publique, mais on veut qu’on nous aide », renchérit Marie-Christine Adam, trésorière de . Les députés locaux continueront d’être sollicités. Début novembre, le Congrès national des buralistes pourrait aussi donner le ton d’éventuelles actions à venir.