Entre deux livraisons à vélo, c'est quoi une vie de coursier?
SOCIETE•A la faveur de plusieurs entreprises, leur nombre a augmenté à Strasbourg ces derniers mois, mais qui sont ces livreurs aux gros mollets? Leur job de coursier est-il un vrai bon plan?...Bruno Poussard
A la faveur des derniers beaux jours, les bancs en pierre de sont pris d’assaut. Les anecdotes fusent. Au centre, les vélos sont entreposés sur les sacs. A peine le temps de s’en griller une petite, un jeune arrivant entend son téléphone sonner. Il faut repartir. Des sushis à aller récupérer, et un client à livrer à Schiltigheim.
Voilà avec, pour beaucoup d’entre eux, un gros cube vert dans le dos. De plus en plus nombreux au fil des derniers mois , ils se sont pour certains étudiants, pour d’autres travailleurs à côté, et pour d’autres enfin à plein-temps. Mais est-ce un vrai ?
Une communauté forte de fous de vélo, fixie ou non
Avant tout, mieux vaut y mettre une condition préalable, celle d’. La majorité des coursiers a de gros mollets, plus ou moins affûtés. Vieux passionné du pignon fixe, Romain, ancien soudeur a saisi l’opportunité : « Je suis payé à faire ce que j’aime ».
« « Dans mon ancien boulot, j’étais nettement plus dans la productivité, là on est dehors et on a le temps de discuter ». »
Ces gars (et ces quelques filles) sont en partie , jusqu’à s’enquiller des cols des Vosges. De cette passion est née une solide communauté. Converti, Thibaut s’en réjouit : « On vient de milieux différents, il y a des fans de musique, de dessin… A force, on finit par faire la fête ensemble. »
Chacun libre de choisir ses créneaux horaires et son chemin
Ou plus. C’est le cas de Léo, étudiant par correspondance : « Chez moi, on est quatre ' dont trois coursiers, et on a créé un atelier de réparation. » Partage et entraide vont de pair. « C’est une vraie équipe et si un mec se fait voler son vélo, l’info passe et tout le monde jette un œil », rebondit Romain.
Tous n’ont pourtant pas un fixie dernière génération, ni 800 km au compteur chaque mois. Chacun choisit ses créneaux et adapte son emploi du temps. Un air de liberté apparaît… Jusqu’à quitter un beau poste de consultant pour co-diriger , implantée ici depuis douze ans. « Ce n’est pas un job abrutissant ni aliénant, et puis on est autonome sur notre vélo », justifie Pascal Kempf, quarantenaire.
Une nouvelle entreprise de livraison, Emma, arrive à Strasbourg
L’activité est en pleine croissance. (service plus large de conciergerie), solidement (où il a notamment deux CDD), a débarqué à Strasbourg en septembre. « C’est la ville étudiante et vélo dans le Grand Est, c’était presque évident », confie Mohamed Guerraf, le créateur. .
Sur le statut des coursiers, auto-entrepreneurs et « partenaires » de boîtes comme Deliveroo. « Savent-ils tous ce que ça implique ? », interroge Pascal Kempf, sont salariés. Des galères administratives par exemple, comme les inscriptions à une assurance ou au régime des indépendants à réaliser soi-même.
Des coursiers en revanche auto-entrepreneurs, sans réelle sécurité
L’entreprise de livraisons de plats fournit bien quelques conseils et recommandations, mais facile de s’y perdre. « est compliqué, personne ne nous aide, j’ai failli ne pas payer mes impôts l’an dernier », reconnaît Léo. Dans un job où le conflit avec les voitures est fréquent, le risque de blessure est tout aussi prégnant.
aL’incertitude règne. D’autant, qu’en parallèle, le a , supprimant la part fixe (7,5 euros de l’heure) en faisant grimper les courses de deux (ou trois) euros, à cinq euros. Tous vivent un peu au jour le jour. « On verra dans un an si les conditions me plaisent toujours », résume Romain.
« Si tu te pètes une jambe, t’es pas bien », résume Romain
à Strasbourg, un autre Romain, à peine plus vieux et aux projets à côté, ne se sent pas menacé : « Il faut garder à l’esprit que si tu te pètes une jambe, t’es pas bien. Ça me convient à mort, mais il faut avoir conscience de la situation. Mieux vaut juste ne pas rechercher la stabilité. »
Le marché est . Loin des plus petits , ou (lire ci-dessous), la start-up Deliveroo - qui a vu la faillite de son concurrent Take Eat Easy - limite aujourd’hui les sessions de formation, après un grand nombre de coursiers retenus cet été. Sans que l’on sache jusqu’où ira .