Accident de TGV en Alsace: Un test à risque avait été réalisé trois jours avant le drame
FAITS DIVERS•Le déraillement d’une rame d’essai avait fait onze morts le 14 novembre 2015…François Launay
Le drame a fait 11 morts. Le 14 novembre 2015 une rame d’essai du TGV Est avait déraillé à Eckwersheim (Bas-Rhin). Neuf mois après l’accident, Le Parisien révèle ce lundi que trois jours avant ce drame, un essai avait eu lieu sur la même portion. Et pendant ce test, le conducteur avait déjà eu du mal à respecter les vitesses demandées dans la feuille de route.
Une vidéo tournée pendant l’essai
C’est une vidéo Go Pro de vingt minutes tournée pendant cet essai qui a permis de se rendre compte que l’équipe d’essais était très inquiète. Alors que le TGV roule à 330 km/h au point kilométrique (PK) 398, il doit arriver à 230 km/h moins de deux kilomètres plus tard. « C’est 100 km/h à perdre sur 1,7 km », résume l’un d’eux. « C’est là le plus embêtant. », prévient l’un des cheminots présents dans la rame. Un autre cheminot tente alors de le rassurer. « Je pense que c’est faisable, et puis, si c’est vraiment juste, tu feras un coup de pichenette (un coup de frein). Et puis, c’est bon, ça passe, hein ! »
Le TGV arrive trop vite
Sauf que le passage se passe moins bien que prévu et le TGV franchit le PK 400 à 297,9 km/h soit 67,9 km/h de plus que prévu. Rebelote au PK 403 où la rame est censée arriver à 160 km/h. Mais là encore, malgré un freinage intensif, le TGV roule encore trop vite (173,2 km/h). Si l’équipe d’essai reconnaît la difficulté, elle reste confiante dans la cabine.
Un freinage trop tardif
Mais trois jours plus tard, l’accident aura lieu au PK 404 où le TGV déraillera à une vitesse de 243 km/h au lieu des 176 km/h recommandés. Interrogée par Le Parisien, une source du dossier se confie : « On peut légitimement se demander si ces tests sont encadrés avec toute la rigueur nécessaire. Avec cette vidéo, on s’aperçoit désormais que même l’élite des conducteurs de TGV a la plus grande difficulté à respecter les survitesses exigées par ces essais. Et le jour du déraillement, alors qu’ils sont conscients de la difficulté rencontrée au PK 400, ils ne décident de freiner qu’un kilomètre plus tard ».
De son côté, la SNCF a précisé au quotidien qu’elle n’avait aucun commentaire à faire.