Strasbourg: La prise en charge des enfants obèses ou en surpoids s'étend à toute la ville en 2016
SANTE•Le programme Precoss, expérimenté jusqu'alors dans trois quartiers de Strasbourg, va être déployé dans toute la ville cette année...Alexia Ighirri
Anaïs conseillerait le dispositif à d’autres adolescents pour obtenir de l’aide. Et ça tombe plutôt bien puisque plusieurs autres enfants strasbourgeois pourront être concernés par le programme Precoss, étendu à toute la ville en 2016.
Cette jeune habitante du quartier de Hautepierre, âgée de 12 ans, est prise en charge depuis 15 mois par Precoss, cette expérimentation strasbourgeoise qui propose d’accompagner les enfants en surpoids ou obèses pendant trois ans sur l’aspect nutritionnel mais aussi sportif et psychologique.
Moins de grignotage, plus de sport
Au départ, Anaïs était un peu stressée à l’idée d’être suivie dans le cadre du dispositif Precoss : «Elle avait peur des moqueries, raconte sa mère. Mais elle s’est bien intégrée».
Surtout que la jeune fille a pu, grâce à ce programme, apprendre à limiter les grignotages mais aussi apprécier les cours de cuisine et se mettre au sport, qui est devenu une passion. « Avant, je n’avais que faim. Je mangeais beaucoup de gâteaux », confie Anaïs qui envisage désormais de s’inscrire aux cours de karaté ou de rugby. Et quand elle propose à sa mère de faire « un gratin de légumes ce soir », sa maman se dit « très fière ».
Pas de régime
Le but du programme ? « Ce n’est pas de faire un régime, répond Dr Thibault Mutel, référent du dispositif Precoss depuis deux ans, mais d’essayer de régler les écarts en tenant compte des habitudes et des cultures. Il ne s’agit pas de perdre absolument du poids mais de prendre conscience: ce qui se joue enfant, ce sont les habitudes prises pour la vie d’adulte. »
L’infirmière Stéphanie Ringenbach renchérit : « Certains ont peur parce qu’ils pensent que c’est un régime or ce n’est pas injonctif ou strict, on s’adapte toujours ». Ainsi, les objectifs fixés entre les professionnels et les familles doivent être atteignables puisque les enfants doivent avant tout reprendre confiance en eux.
Un problème de sédentarité aussi
C’est l’infirmière qui est chargée des inclusions des enfants (premier rendez-vous), de coordonner leur suivi auprès des différents intervenants puis de faire le point avec les familles tous les six mois environ. « On est très souvent sur un problème d’alimentation et de sédentarité chez l’enfant mais aussi dans la famille. Ils passent beaucoup de temps devant les écrans. Il faut trouver un équilibre entre la sédentarité et l’activité physique. » Beaucoup de parents viennent aussi chercher un soutien : « Ils connaissent le message mais le mettre en place au quotidien nécessite un soutien extérieur », explique Stéphanie Ringenbach.
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En marge des rendez-vous avec les professionnels, des journées pédagogiques et sportives sont également organisées durant l’année.
A ce jour, 164 enfants ont été pris en charge par le programme, qui aura été un peu victime de son succès. L’objectif fixé pour la première année d’expérimentation de la centaine d’enfants accompagnés par Precoss a été vite dépassé. Au point de devoir suspendre les inclusions. « On savait qu’il y avait un besoin, souligne le Dr Mutel. On a réussi à capter pas mal de gens. Quand on offre les outils les gens s’en saisissent »
D’autant plus que le programme strasbourgeois dépasse en quelque sorte le cadre de la santé : « On est un vrai lien dans le quartier avec les associations, les centres socioculturels… On relaye les informations pour que ces personnes, qui sont quand même assez isolées, connaissent mieux leur quartier », estime Stéphanie Ringenbach.