Bas-Rhin: Pourquoi le projet de ferme géante de 1.200 taurillons fait polémique
AGRICULTURE•Le projet d'agrandissement d'une exploitation à Wintershouse près de Haguenau ne fait pas l'unanimité...Alexia Ighirri
Après la controversée ferme des 1.000 vaches dans la Somme, la ferme des 1.200 taurillons dans le Bas-Rhin ? Depuis plusieurs semaines, la polémique prend de plus en plus d’ampleur autour du projet d’agrandissement de l’EARL Schoenfelder à Wintershouse, commune d’un peu moins d’un millier d’habitants près de Haguenau.
Alors que cette famille d’éleveurs prévoit d’agrandir son exploitation pour élever jusqu’à 1.200 taurillons, certains riverains, associations ou encore politiques font entendre leur opposition au projet entre manifestations et pétition en ligne sur Change.org. Avant le déroulement d’une réunion publique organisée ce jeudi, 20 Minutes fait le point sur la situation.
Quel est le projet ?
Le projet est porté par trois éleveurs (le père, le fils et le neveu) qui, en s’associant, ont décidé d’étendre l’exploitation familiale à l’entrée du village de Wintershouse. L’EARL Schoenfelder verrait ainsi son cheptel tripler, passant de 400 à 1.200 taurillons. « Il faut à peu près 400 bêtes par associé », expliquait l’un des trois éleveurs Clément Schoenfelder à France 3 Alsace, qui considère qu’il n’y a que de cette façon que l’entreprise pourra être viable et rester dans la famille.
Des nouveaux bâtiments seraient par conséquent construits et les deux bâtiments existants agrandis. Thomas Schoenfelder jugeait « primordial de respecter le voisinage » et assurait avoir respecté les textes en vigueur. Notamment en prévoyant la construction des nouveaux bâtiments à plus d’une centaine de mètres de la première habitation.
Où est-ce qu’on en est ?
A la demande du préfet, le Coderst (Conseil départemental de l’environnement, des risques sanitaires et technologiques) a été saisi. Il a rendu un avis favorable avec une voix contre, celle d’Alsace Nature. Une commission de suivi vient d’être mise en place par le préfet. Si ce dernier n’a pas encore signé d’arrêté d’autorisation d’exploitation, sa décision pourrait être rendue très prochainement.
Qu’est-ce qui déplaît dans le projet ?
Globalement, les opposants dénoncent l’industrialisation de l’agriculture, à travers cette « ferme usine », et ses conséquences et nuisances (odeur, bruit, insectes, etc.) sur l’environnement proche. « Qui dit plus de bêtes, dit plus de lisier, plus de nourriture, plus de camions pour les transporter sur les petites routes de Wintershouse », résume Bruno Dalpra. Le secrétaire régional de l’association Les amis de la Confédération Paysanne Alsace s’inquiète aussi pour les risques de pollution sur la nappe phréatique « qui est à fleur de sol ».
Déplorant une enquête publique trop discrète et une étude « pas assez fouillée » du commissaire enquêteur, Bruno Dalpra estime par ailleurs que « les fermes usines ne créent pas plus d’emplois, au contraire. Ces grandes fermes tuent les petites. »
Et maintenant ?
Les riverains et associations opposés au projet ont monté un collectif « Pour un Développement Durable à Wintershouse et Environs » qui organise une réunion d’information publique ce jeudi à 19h30 dans la salle des fêtes de Wintershouse. « Nous voulons avoir une discussion de fond. Si toutes les personnes jouent le jeu, cela peut donner une réunion intéressante, souligne Bruno Dalpra, qui espère y voir un représentant de la préfecture ainsi que le propriétaire de l’exploitation. On tient à nos idéaux, mais pourquoi ne pas écouter un autre son de cloche ».
Néanmoins, la manifestation des opposants ne s’arrêtera pas là : « On l’a vu avec la ferme des 1.000 vaches… Même si les bâtiments ont été construits, l’opposition a fait que la ferme n’a pas pu atteindre le millier de bêtes mais elle a été limitée à la moitié », poursuit le militant.
En cas d’autorisation du préfet, les travaux d’extension de l’exploitation pourraient commencer avant la fin d’année.