Strasbourg: Nouvelle menace sur le siège du Parlement européen?
EUROPE•Une nouvelle polémique est née à Strasbourg concernant la durée des sessions au Parlement européen…
Alexia Ighirri
La question du siège du Parlement européen et la bataille entre « pro » et « anti-Strasbourg » sont encore et toujours d’actualité. Le nouvel épisode concerne la durée des sessions qu’une majorité d’eurodéputés souhaite raccourcir à Strasbourg, au profit de Bruxelles. 20 Minutes vous aide à y voir plus clair.
Pourquoi la durée des sessions au Parlement européen fait polémique ?
L’eurodéputée alsacienne Anne Sander est montée au créneau en ce début de semaine après l’adoption d’un amendement supprimant les débats et votes le jeudi après-midi à Strasbourg. Or en décembre 2012, la Cour de justice de l’Union européenne avait déjà condamné le Parlement européen pour ses décisions réduisant la durée des sessions à Strasbourg. Elle avait alors rétabli le calendrier des douze sessions mensuelles ordinaires, allant du lundi au jeudi 17h. « Comment demander aux citoyens d’accepter de se plier aux législations européennes, quand leurs représentants ne respectent ni l’Histoire, ni les Traités, ni les arrêts de la Cour de Justice ? », s’interroge l’Alsacienne, avant que de déplorer : « Réduire les sessions plénières à Strasbourg, tout en augmentant les micro-sessions à Bruxelles (le nombre passant de 3 à 10 de 2014 à 2015) est incohérent, hypocrite et ne répond pas à la rigueur que l’on attend de notre institution ».
Quelles conséquences ce vote pourrait avoir ?
Dans la bataille du siège, c’est évidemment un nouveau coup contre Strasbourg. Sauf qu’à en croire Pierre Loeb, président de l'Association européenne des jeunes entrepreneurs (AEJE), qui avait réalisé le rapport Le siège dans tous ses états, deux ans après, cette situation ne date pas d’aujourd’hui. « Depuis la première session, après les élections européennes de 2014, l’agenda se termine à 12h. L’habitude a été prise dans l’anonymat le plus complet », assure Pierre Loeb, regrettant que personne « n’ait rien dit depuis un an, jusqu’à Anne Sander ».
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Mais voilà que ce vote entérine cet agenda. « Fondamentalement ça ne change pas grand-chose. Le calendrier est un symbole intéressant sur la faiblesse et la passivité des pro-Strasbourg », dixit le président de l’AEJE qui place cette manœuvre des « anti-Strasbourg » dans la continuité de ce qui se fait, « de cette situation catastrophique voire dramatique » pour la capitale alsacienne. Il rappelle alors les deux votes sur le siège qui ont eu lieu depuis les dernières élections. Résultats : 511 anti-Strasbourg en septembre 2014 et 597 en avril (pour 84 pro-Strasbourg). « Il y avait 181 anti-Strasbourg en 2011, on ne pensait jamais dépasser les 200… », souligne Pierre Loeb.
A se demander ce qu’il s’est passé entre-temps, les questions d’accessibilité et de confort n’expliquant peut-être pas tout. « Le Front national est devenu la plus grande force française au Parlement. Chaque Etat donne des consignes de vote pour les eurodéputés, sauf que le FN ne les suit pas. La Pologne est devenue plus puissante que la France. Il y a une dégradation de l’influence ». Le fait que Joseph Daul ou Catherine Trautmann ne soient plus au Parlement joue aussi pour Pierre Loeb : « C’étaient des poids lourds dans la bataille pour le siège de Strasbourg. Nadine Morano n’a pas la même influence… »
« Le maintien du Parlement européen à Strasbourg est un problème national malgré l’opposition de la majorité des membres du #Parlementeuropeen — Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) May 19, 2015 »
Comment les pro-Strasbourg peuvent riposter ?
Des élus, notamment de la ville de Strasbourg, en appellent à Harlem Désir, secrétaire d’État aux Affaires européennes. Reste la question du lobby : « Il faut prendre un lobby professionnel, sans politiques et élus, qui puisse mettre en place des actions avec des moyens. Et qui interviennent sur un vote de l’agenda anti-Strasbourg dès le lendemain, pas un an après ! », estime Pierre Loeb qui indique que pour peser face au lobby bruxellois, un budget « à six chiffres, voire d’un million d’euros » devrait être attribué à celui de Strasbourg.