DEPARTEMENTALESDépartementales: L'ombre de Valls et de la réforme territoriale sur les résultats de Strasbourg et de l'Alsace

Départementales: L'ombre de Valls et de la réforme territoriale sur les résultats de Strasbourg et de l'Alsace

DEPARTEMENTALESAu lendemain du premier tour des élections départementales, le professeur des universités Philippe Breton avance deux explications principales aux résultats alsaciens. Et appelle à la prudence pour le second tour...
Alexia Ighirri

Alexia Ighirri

La quasi-disparition du Parti socialiste (PS) en Alsace, sauf Strasbourg, ou encore la très forte poussée du Front national (FN) du nord au sud de la région... Voilà les principaux enseignements du premier tour des élections départementales, qui font encore de l'Alsace une «exception en France et de Strasbourg une exception en Alsace», assure Philippe Breton, professeur des universités et directeur éditorial de l’Observatoire de la vie politique en Alsace.

L'opposition à la réforme territoriale.
«On a un peu sous-estimé, moi le premier, la poussée du FN. Notamment en nombre d'électeurs dans les cantons où on a bien voté. Ce n'est donc pas dû à l'abstention», débute le professeur des universités. Cela est davantage lié, selon lui, «aux effets de la réforme territoriale, qui a remué la question identitaire en Alsace. Unser Land fait d'ailleurs un bon score, c'en est le symptôme. Le FN, même s'il n'est pas régionaliste, en a profité plus ici qu'ailleurs. La question identitaire est puissante, forte, sous différents aspects en Alsace», analyse Philippe Breton, qui veut rappeler que le FN a une base électorale ancienne en Alsace du Nord.

De manière plus générale, «les trois éléments qui font la spécificité de l'Alsace sur ce scrutin, à savoir la débâcle du PS, la plus forte poussée du FN et la question identitaire, s'expliqueraient par les effets sous-terrains de la réforme territoriale».

Une sociologie strasbourgeoise particulière.
Pour Philippe Breton, les résultats strasbourgeois «renvoient probablement à la sociologie de la ville, celle d'une classe moyenne très opposée au FN. L'électorat socialiste a été plus sensible à la stratégie de Manuel Valls. La dramatisation du Premier Ministre a trouvé un écho dans cette ville un peu bourgeoise, mais surtout ouverte, internationale et au cosmopolitisme assumé. Il y a eu une surmobilisation des classes moyennes, d'une bourgeoisie éclairée plutôt favorable au PS. L'électorat populaire a voté pour le FN ou s'est abstenu.»

Mais l'effet ne s'est limité qu'aux frontières strasbourgeoises, puisque le PS a d'ores et déjà perdu Schiltigheim et Illkirch. «Le message de Valls n'est pas passé dans les villes périphériques, plus populaires que le centre-ville de Strasbourg ou que l'Orangerie», explique-t-il.



Abstention et incertitudes.
Si le FN est présent dans une trentaine de cantons au second tour, est-il en mesure de les remporter? «Ça va être difficile mais il y a plusieurs cantons à la limite de l'incertitude [à cause du taux d'abstention au premier tour], donc on ne peut pas prévoir. Il peut y avoir des surprises», juge Philippe Breton.

Concernant le premier tour, il souligne que «le taux d'abstention est élevé, traditionnellement plus important en ville. D'ailleurs en termes d'électeurs réels, le PS n'a pas réellement progressé à Strasbourg.» Pour dimanche prochain, Philippe Breton reste «très prudent».