POLITIQUEAlsace: Quels sont les enjeux des élections départementales?

Alsace: Quels sont les enjeux des élections départementales?

POLITIQUELes élections départementales se déroulent les 22 et 29 mars...
Alexia Ighirri

Alexia Ighirri

Les 22 et 29 mars, les Alsaciens sont appelés à élire les membres du conseil départemental (ex-conseil général) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin lors des élections départementales. Il y a 121 binômes candidats dans le Bas-Rhin et 76 dans le Haut-Rhin. Quels sont les enjeux de ce scrutin dans la région?

L'abstention
«C'est un enjeu classique mais il faudra quand même voir ce qu'il va se passer, débute Philippe Breton, professeur des universités et directeur éditorial de l’Observatoire de la vie politique en Alsace. L'élection n'est pas très claire pour le public. On risque d'atteindre un seuil où la légitimité de l'élu va se poser». Guy-Dominique Kennel, président du conseil général du Bas-Rhin craint aussi l'abstention «parce que le conseil général à un déficit de notoriété. Il faut pouvoir mobiliser à travers les médias, faire comprendre son utilité. C'est important parce que les électeurs vont décider qui sera au cœur de leur vie. Le fait de s'abstenir profite toujours aux extrêmes, qui connaissent eux l'enjeu politique. C'est laisser la voie libre à des gens qui font de la politique, pas du service public.»

La montée du Front national
Guy-Dominique Kennel vise ainsi le Front national, conscient que la montée du parti fera partie du scrutin, parce que «le FN c'est le front du refus et de la contestation. Je mets au défi ceux qui pourraient voter pour le FN d'expliquer son programme... Mais il est vu comme le seul recours». Pour Philippe Breton, en revanche, c'est un relatif non-enjeu. «Ce n'est pas une élection de fond pour le FN. La montée du FN on l'évalue davantage sur des législatives partielles. Sa stratégie en Alsace est très rigoureuse: c'est de ne favoriser en rien les tentations autonomistes. C'est un parti national, qui a été quasiment absent du débat sur la réforme territoriale parce qu'il est en retrait sur les questions locales».

Contestation de la réforme territoriale
Eux ont été en première ligne contre la réforme territoriale et c'est pour cela qu'ils se présentent. Des membres d'Unser Land entendent venger l'Alsace en faisant «de ces élections le référendum que le gouvernement a refusé aux Alsaciens». Le parti autonomiste présentera, et c'est une première, des candidats dans 22 cantons. «Surpris de voir que dans des milieux périurbains notamment est né un frissonnement autonomiste», le professeur des universités veut voir s'il y aura une traduction dans les urnes de ce raidissement identitaire. «Est-ce que c'était une petite mousse ou des prémices? Est-ce qu'il y a encore un déterminant alsacien dans les élections?, s'interroge-t-il. Dans le temps on pouvait prévoir un vote alsacien. Est-ce qu'il a été laminé par la modernité?». Pour le président du Bas-Rhin, faire de cette élection une contestation contre la fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, «c'est stupide parce que c'est décalé. C'est une élection départementale or les départements ne fusionnent pas. Il s'agit de les consolider. Quand on utilise cet argument, on se trompe de combat. Comment se venger alors qu'ils seront amenés à gérer le département et le quotidien des gens.»

Quid des socialistes
L'Alsace est historiquement une terre de droite et la tendance nationale ne facilite pas les choses aux socialistes. Dans un dossier spécial sur l'élection départementale, Le Monde note que l'enjeu dans le Haut-Rhin pour le PS est «de ne pas se faire rayer de la carte». Concernant le Bas-Rhin, le quotidien estime «qu'il sera intéressant de voir à quel point le PS arrivera à se maintenir dans les cantons urbains». Selon Philippe Breton, il sera intéressant de suivre cela sociologiquement: «Aux municipales, on a vu que les quartiers populaires qui votaient à gauche s'étaient défaussés. Ce sont des décrochages sociologiques. Il faudra voir si cette tendance se prolonge, si le dernier électorat populaire du PS continue à le lâcher.»